Toute la filière des produits de la mer sur le carreau au nom des dauphins
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Toute la filière des produits de la mer sur le carreau au nom des dauphins

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Bloqués à quai pendant un mois sur décision du Conseil d'Etat, de nombreux armements à la pêche de la façade atlantique sont rejoints dans leur sidération et leur colère par une large variété d'entreprises, en amont comme en aval de la filière des produits de la mer.

Olivier Le Nézet, président du Comité national des pêches, et Guénolé Merveilleux, président de l'Association bretonne des acheteurs des produits de la pêche (Abapp) — Photo : Bertrand Tardiveau

C’est un choc comme la profession n’en a pas connu depuis plusieurs décennies. Entre 450 et 500 navires de pêche (fileyeurs et chalutiers pélagiques) ont été interdits de pêcher du 22 janvier au 20 février sur l’ensemble du golfe de Gascogne.

Cette fermeture est consécutive à une décision du Conseil d’État visant à suspendre les dérogations de l’arrêté du 24 octobre 2023 établissant des mesures spatio-temporelles afin de réduire les captures accidentelles de dauphins, dans ce secteur jusqu’en 2026. "C’est un précédent historique gravissime puisque c’est la première fois que nos activités sont entravées en raison d’une décision judiciaire, qui a été rendue en référé sous les injonctions de 4 associations environnementalistes", fulmine Olivier Le Nézet, président du comité national des pêches maritimes, en rappelant que 1 emploi en mer correspond à 3 emplois à terre. Étroitement contrôlé par le système européen des quotas, le secteur reste marginalisé dans l’opinion malgré les efforts accomplis depuis 2017 pour limiter son impact sur les dauphins.

Enjeu de survie

Tous les maillons de la filière halieutique sont concernés, des avitailleurs et fournisseurs divers, jusqu’aux poissonniers en passant par les transporteurs. Une rencontre a été menée le 19 janvier à Lorient pour faire le point sur une situation qui laisse dans la stupéfaction un grand nombre d’acteurs. Rappelant qu’un plan de sortie de flotte avait déjà en 2023 réduit drastiquement les approvisionnements dans les criées françaises, Guénolé Merveilleux, président du mareyeur Océalliance et de l’association bretonne des acheteurs des produits de la pêche (Abapp), a insisté sur l’importance de peser encore davantage collectivement pour mieux gagner en visibilité. "C’est un enjeu de survie pour nos communautés littorales mais aussi de souveraineté alimentaire alors qu’environ 80 % des produits de la mer consommés en France viennent de l’étranger", fait valoir le dirigeant. Le montant des pertes est encore difficile à évaluer. Une indemnisation a été prévue par le Conseil d’État, mais elle devrait être plafonnée selon les règles édictées par Bruxelles. À titre d’exemple, cinq des six bateaux de l’armement lorientais Apak sont ainsi immobilisés entraînant 220 tonnes de volumes en moins et une perte de chiffre d’affaires de l’ordre de 600 000 euros. Mais le vrai dommage se mesure sur le long terme, avec l’abandon d’un marché qui sera ensuite très difficile à reconquérir.

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