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Un plan de secours pour la filière halieutique
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Un plan de secours pour la filière halieutique

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Dans un climat particulièrement tendu, une nouvelle feuille de route a été tracée par le Conseil régional de Bretagne pour redonner un peu d’oxygène et de visibilité à un secteur de la pêche moribond.

Près de 50 % des navires du port de Lorient ont été interdits de pêcher pendant 1 mois suite à une décision du Conseil d’État — Photo : Bertrand Tardiveau

Présenté le 16 février, le projet du président de la région Bretagne Loïg Chesnais Girard pour redynamiser la filière halieutique a été adopté sans faire l’unanimité. Visant "un modèle de pêche durable qui travaille constamment à limiter son impact et à améliorer les conditions de vie de ses marins", le document portant jusqu’en 2027 envisage notamment un soutien à "la construction de bateaux fonctionnant à l’hydrogène". Le texte a été adopté malgré une vive opposition écologiste, galvanisée par le militantisme d’ONG comme Bloom, mais aussi avec la récente reprise par la Compagnie des pêches de Saint-Malo de l’Annelies Ilena, chalutier usine de 145 mètres de long, pour un montant d’environ 15 millions d’euros. Une décision d’ordre privé dont s’est désolidarisé Loïg Chesnais Girard, mais qui a exacerbé l’indignation de partisans d’une pêche dite artisanale, allant jusqu’à révéler des fissures au sein même de la profession.

Des apports en baisse

La pêche bretonne traverse l’une des pires crises de son histoire. Et ce n’est peut-être que le début… Des fournisseurs de l’industrie navale jusqu’aux mareyeurs et aux transporteurs, tout le secteur est encore abasourdi par l’envoi à la casse en 2023 de 45 navires hauturiers suivant le plan d’accompagnement au Brexit. De nouvelles saignées pourraient intervenir, même si les flottilles ont fortement diminué leur pression sur les populations de poissons dont aujourd’hui 56 % sont exploitées durablement, selon une évaluation effectuée par l'Ifremer en 2023 sur 124 stocks.

Après avoir été récemment désavoués sur le front juridique, avec la fermeture du Golfe de Gascogne ordonnée entre le 20 janvier et le 22 février par le Conseil d’État pour limiter les captures accessoires de dauphins, les pêcheurs bretons restent vivement décriés sur le terrain de l’opinion, du fait notamment de la pratique du chalutage dans les aires marines protégées. Alors que le métier du chalut assure à travers un modèle multi-espèces près de 80 % des débarquements dans les criées et équipe encore les deux tiers de la flotte existante, son modèle économique et son bilan environnemental sont de plus en plus contestés.

Vers un guichet unique

Dans le même temps, les 13 criées régionales voient encore leurs apports diminuer, à environ 95 000 tonnes de poissons pour une valorisation avoisinant 330 millions d’euros en 2023. Comptant environ 1 200 navires et 4 500 marins professionnels - sachant que pour 1 marin, on dénombre en moyenne 3 emplois à terre - la pêche bretonne pèse encore près de la moitié du secteur en France. Pour continuer d’exister, elle n’a plus d’autre choix que de moderniser sa flotte et ses infrastructures à terre.

Depuis la mise en place d’un Groupement interportuaire en 2018 puis d’un GIE "Ports de pêche de Bretagne" rassemblant les 5 concessionnaires des criées régionales, il s’agit désormais d’accélérer sur la mise en place d’un guichet unique. "Dans l'idée de faire converger les méthodes et systèmes d'information, nous avons déjà installé un outil rudimentaire pour la prévision des apports des navires hauturiers et avons engagé le développement d’une application dédiée qui pourra, dès cette année, anticiper les débarquements côtiers sur chacune des places bretonnes", renseigne le responsable du projet, Yves Guirriec, par ailleurs directeur des criées de Saint-Quay-Portrieux et d’Erquy pour la CCI des Côtes-d’Armor.

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