Coronavirus : la filière équine normande tente de se remettre en selle
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Coronavirus : la filière équine normande tente de se remettre en selle

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Depuis le début du confinement, la majorité des acteurs de la filière équine sont à l’arrêt. La filière équine normande, avec ses 18 000 emplois et un chiffre d'affaires de 1,3 milliard d'euros, est la plus touchée au niveau national. Pour retrouver un semblant d'activité, les hippodromes sont les premiers à redémarrer mais avec des courses à huis-clos.

La filière équine normande est à l’arrêt depuis le confinement — Photo : © ©COREN-A.L_II

Fermetures des centres équestres, courses hippiques annulées, compétitions internationales et nationales annulées ou reportées, randonnées et cours d’équitation interdits… L’impact de la crise sanitaire du Covid-19 sur la filière équine touche tous les secteurs d’activité, de l’élevage aux entreprises industrielles et de services, en passant par les établissements équestres, les sociétés de courses, les entraîneurs. « Avec 4 670 élevages, 117 000 chevaux, la Normandie est la première région d’élevage par le nombre de naissances annuelles mais aussi la première région économique, avec un chiffre d’affaires d’1,3 milliard d’euros », détaille Laurence Meunier, présidente du Conseil des Chevaux de Normandie (CNN).

Des courses hippiques à huis clos

Photo : © Arene Evenement / Calvados Attractivité

Avec la fermeture des 116 hippodromes du Grand Ouest, la filière courses s’est retrouvée complètement à l’arrêt. Les entraîneurs de trot ont vu leur chiffre d’affaires baisser de 41 % tandis que les entraîneurs de galop n’ont enregistré aucune recette.

Si la reprise des courses hippiques a été autorisée par le gouvernement à partir du 11 mai, elle se fera, dans un premier temps à huis clos, sans public. Une première pour François Grandcollot, président de la Société des courses du Pays d’Auge et président de l’hippodrome de Clairefontaine à Tourgéville-Deauville : « En vingt ans de présidence de Clairefontaine, je n’ai jamais connu cette situation », reconnait-il. L’hippodrome deauvillais va démarrer sa saison à la date habituelle du 15 juin, à huis clos, et devra respecter un cahier des charges bien précis. « Nous ne recevrons pas de public, mais il faudra accueillir tout le personnel de l’hippodrome et le personnel des courses, jockeys, entraîneurs, juges… Sachant qu’une journée normale de courses, ce sont environ entre 100 et 350 personnes qui travaillent sur le site, prestataires compris. »

Pour la partie restauration (l’hippodrome compte 5 points de restauration et 3 restaurants assis, NDLR), il faudra attendre les consignes du déconfinement. Dans l’hypothèse où le gouvernement autoriserait la réouverture des restaurants en juin, l’hippodrome assure être prêt à ouvrir ses établissements, tout en respectant les règles sanitaires : un kit de bienvenue comportant un masque, du gel, des gants et un guide pratique serait remis à chaque entrant sur l’hippodrome. Des marquages au sol, une filtration du nombre d’entrées sont également envisagés. Mais dans l’hypothèse d’un maintien strict du confinement, les conséquences pourraient être lourdes. « Si l’on courait la totalité de la saison à huis clos, la perte sur les recettes propres (entrées, parkings, restauration, enjeux, sponsoring) s’élèverait à 550 000 euros sur un budget de moins de 2 millions », s’inquiète le président.

Baisse importante du chiffre d’affaires

En dehors du monde des courses hippiques et selon une enquête menée du 6 au 22 avril par le Conseil des Chevaux de Normandie auprès des professionnels de la filière (242 répondants), toutes les entreprises ayant une activité directement ou indirectement liée au cheval affichent une perte importante de chiffre d’affaires. À commencer par les établissements équestres, contraints pour 31 % de recourir au chômage partiel pour leurs employés : « Les établissements équestres ayant une part importante de chevaux d’enseignement ont une forte baisse de chiffres d’affaires : - 59 % pour le chiffre d’affaires généré par l’enseignement et – 86 % pour le tourisme équestre. Certains centres parviennent à réduire leurs charges en mettant leurs chevaux et poneys à l’herbe. Pour ceux qui ne le peuvent pas, la gestion quotidienne est plus compliquée », relève Laurence Meunier.

De fait, les propriétaires de chevaux étant interdits de déplacements, les dirigeants de structures et leurs salariés encore en activité ont dû gérer eux-mêmes les soins et l’activité physique indispensables au bien-être des chevaux.
Les pertes sèches dues à l’annulation des activités engendrent des manques de trésorerie jugés très inquiétants par la filière : « Beaucoup d’entreprises sont des TPE, avec des fonds propres inférieurs à la moitié de leur capital social et des bilans toujours « borderline ». Elles ne rentrent donc pas dans les cases des aides proposées par l’État », regrette Laurence Meunier.

À la recherche de pâtures

Pour limiter les charges, les centres équestres sont à la recherche de pâtures pour que les chevaux puissent évoluer à l'extérieur — Photo : (© COREN

Le Comité régional d’équitation de Normandie (COREN) a observé que de nombreux établissements ont dû faire face à une augmentation des coûts afin de maintenir l’activité physique des équidés pendant l’absence des cavaliers et des propriétaires de chevaux en pension. « Les charges fixes continuent de tomber : alimentation des chevaux, soins quotidiens, mains d’œuvre, investissements », commente Sophie Bonnemaison, directrice du COREN, qui souhaite que soit mis en place un fonds de solidarité local, pour permettre aux dirigeants de subvenir aux besoins en nourriture et en main-d’œuvre, pour les soins aux équidés, ainsi qu’une mise à disposition des terres en jachère gérées par les collectivités. Le COREN est également à la recherche d’agriculteurs ayant des hectares de pâture pour que les clubs puissent mettre leurs chevaux en extérieur et ainsi faire baisser la charge de travail.

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