Coronavirus : Dans les Hauts-de-France, les PME de l'aéronautique obligées de se reconvertir
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Coronavirus : Dans les Hauts-de-France, les PME de l'aéronautique obligées de se reconvertir

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C’est l’un des secteurs les plus touchés par la crise. L’effondrement du trafic aérien met en péril les compagnies aériennes, et par effet domino, toute la filière aéronautique, touchant de plein fouet les PME sous-traitantes dans les Hauts-de-France.

Dans les Hauts-de-France, la filière aéronautique souffre particulièrement de la crise sanitaire liée au Covid-19 — Photo : CC0

Avec la crise du coronavirus, le trafic aérien s’est effondré d’environ 80 % dans le monde. L’avionneur européen Airbus évoque « la plus grave crise jamais rencontrée par l’industrie aéronautique », et va réduire drastiquement les livraisons d’avions, ainsi que les cadences de production. Il est en de même pour Boeing. Au bout de la chaîne, ce sont les sous-traitants qui souffrent. Dans les Hauts-de-France, la filière compte environ 8 500 emplois directs et 34 sous-traitants d’envergure européenne. « La plupart de nos adhérents ont perdu 50 % de leur chiffre d'affaires, et certains évoquent une baisse de 70 % », indique Aline Doyen, présidente d’Altytud, le cluster de l’aéronautique dans la région, qui regroupent 70 entreprises, essentiellement des PME.

737 Max, A380 et coronavirus

Aucune n’est épargnée par le chômage partiel, « nous sommes chez nous à 50 %, sur une centaine de salariés », ajoute Aline Doyen, également dirigeante de Somepic Technologie et Finition, basée à Bouzincourt et Albert, dans la Somme. Son entreprise, qui travaille à 80 % pour l’aéronautique, enchaîne les coups durs. « Nous avons perdu en décembre un contrat avec Boeing à cause des problèmes du 737 Max, puis en février il y a eu l’arrêt de l’A380, et maintenant cette crise. J’ai l’impression d’avoir un coup sur la tête à chaque fois ! », confie l’entrepreneuse. Pour 2020, son chiffre d'affaires prévisionnel devait être stable par rapport à l’année dernière, soit 10 M€, mais avec le coronavirus, elle a déjà perdu la moitié de ce chiffre. « On a décidé d’arrêter de pleurer et de gérer, ajoute la dirigeante. Nous faisons le dos rond, nous activons le chômage partiel et nous limitons les dépenses. Nous revoyons également notre stratégie vers d’autres secteurs comme le médical ».

Une reconversion nécessaire

D’autres entreprises ont, elles aussi, décidé de se réorienter, comme Suma Aéro Mécanique, une PME familiale de 48 salariés (7 M€ de CA en 2019) à Albert. « Nous travaillons à 96 % pour l’aéronautique en fabriquant les pièces d’aérostructures, détaille le dirigeant Bruno Pezeril. La moitié des salariés sont en chômage partiel et nous prévoyons une baisse du chiffre d'affaires de 45 % cette année ». Pour maintenir une activité, l’entreprise a développé une pièce en aluminium qui permet d’ouvrir les portes avec l’avant-bras, afin de limiter les risques de propagation du coronavirus. Ses clients sont les cabinets médicaux mais aussi, de plus en plus, des restaurateurs. « L’achat de 20 adaptateurs de poignée permet de faire travailler une personne pendant une journée », indique Bruno Pezeril, « je fais tout pour maintenir l’emploi. Nous travaillons à prix coûtant certes, mais nous travaillons ». Il envisage une diversification sectorielle dans la mécanique générale, pour que l’aéronautique ne représente plus que la moitié de son activité.

Le gouvernement a promis un plan de soutien au secteur aéronautique « d’ici le 1er juillet ». Bruno Pezeril espère une exonération de charges, ou une aide massive à la reconversion. « Je préférerais ne rien demander à personne mais, aujourd’hui, ce n’est pas possible. Nous sommes prêts à recevoir de l’argent avec une contrepartie, et à se remettre en question pour continuer à avancer », conclut-il.

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