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Parfum de Grasse : ce que change le label de l'Unesco
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Parfum de Grasse : ce que change le label de l'Unesco

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Les « savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse » sont officiellement inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'Humanité. Que peut apporter ce label de l'Unesco au territoire ?

L'entreprise Expressions Parfumées, créatrice de fragrances à Grasse — Photo : Olivia Oreggia

Les démarches avaient été engagées dix ans plus tôt. Comme l’art du pizzaïolo napolitain ou le fest-noz breton, les « savoir-faire liés au parfum en Pays de Grasse » ont été officiellement inscrits sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité. L’Unesco a rendu sa décision le 28 novembre. Le maire de Grasse, Jérôme Viaud, a salué rien de moins qu’un « événement historique pour la France et pour l’histoire mondiale de la parfumerie ».

C’est qu’au-delà du folklore et de la carte postale touristique se joue une réalité économique de poids. Sur le seul territoire grassois, la filière parfum, arômes et senteurs regroupe environ 70 entreprises pour 5 500 salariés et un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros. Mais que peut-elle attendre de ce label Unesco, qui n’offre aucune récompense sonnante et trébuchante directe ?

« C’est une belle reconnaissance pour toute la filière : la culture, la transformation, la connaissance, la création, l’innovation, c’est tout cela à la fois ! Et tout est ici dans le pays de Grasse », souligne Philippe Massé, président de Prodarom, le syndicat national des fabricants de produits aromatiques. « Notre industrie se porte très bien. Cette reconnaissance est extrêmement importante aussi pour attirer des étudiants de niveau international. Nous avons créé à Grasse un campus universitaire avec des objectifs extrêmement importants pour transmettre ces savoir-faire. »

Préserver et valoriser des savoir-faire séculaires

Cécile Mul dirige le groupe du même nom (17 millions d’euros de chiffre d’affaires). La société familiale est implantée depuis 1865 sur le bassin grassois où elle cultive rose, jasmin ou tubéreuse qui entrent notamment dans la composition du célèbre n°5 de Chanel. Un partenariat d’exclusivité lie la PME à la maison parisienne depuis 1987. De quoi garantir la traçabilité et la qualité des matières premières, concurrencées de l’étranger par des fleurs cueillies à moindre coût.

« Les métiers de l’aromatique et de la parfumerie ne sont pas que des métiers agricoles ou industriels. Il y a tout un ensemble de savoir-faire qui encadrent cette activité, comme la verrerie ou la chaudronnerie qui nous accompagnent. Cette inscription est donc une bonne nouvelle pour toute l’activité, toutes ces professions. Pour nous qui sommes dans une logique de transmission, cela permettra de renforcer nos actions et de leur donner une renommée au-delà du local. » Quant à savoir si cela permettra de préserver des terres agricoles face à la pression foncière, difficile à dire pour la jeune PDG. « Seule, cette inscription n’aura pas cette vocation, mais je crois qu’il y a une volonté politique affirmée en ce sens. Tout va dans le même sens. »

La Ville de Grasse n’a pas attendu le verdict onusien pour acter la modification de son Plan local d’urbanisme. Ce PLU affectera 70 hectares potentiellement voués l’urbanisation, à la culture de plantes à parfums. Le label Unesco devrait permettre d’appuyer encore la possibilité de bloquer des terrains au profit de jeunes producteurs, afin qu’ils puissent fournir les sociétés de parfumerie.

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