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Coronavirus : l’industrie sarthoise repart à petits pas
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Coronavirus : l’industrie sarthoise repart à petits pas

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Après des arrêts de production de plus ou moins longue durée, certaines entreprises industrielles sarthoises relancent leurs machines. Une reprise d’activité partielle confrontée aux problématiques de sécurité sanitaire et de visibilité au cours des prochains mois.

Photo : Cédric Menuet Le Journal des entreprises

Si l’industrie agroalimentaire sarthoise tourne toujours à plein régime depuis l’annonce des mesures de confinement de la population, la plupart des usines du département ont été mises à l’arrêt mi-mars. Des sites qui relancent progressivement leur production, intégrant les nouvelles contraintes sanitaires liées à l’épidémie de Covid-19. Ainsi au Mans, Claas (3,8 Md€ de CA, 11 400 salariés dans le monde) a remis en route le 20 avril dernier sa chaîne de montage de tracteurs après l’avoir stoppée le 17 mars, avec l’intention de produire 35 machines par jour contre une cinquantaine en temps normal. Parmi les autres fleurons de l’industrie locale, Souriau a également redémarré ses usines de Champagné et de La Ferté-Bernard. Deux établissements sur lesquels le fabricant de connectiques pour l’aéronautique emploie 950 personnes. « Nous avons rouvert le 6 avril, avec seulement 15 % de l’effectif. Durant le temps d’arrêt, nous avons travaillé à la sécurisation des usines et à notre approvisionnement en équipements de protection individuelle », indique François-Xavier Marchais, directeur de Souriau Sarthe et Tanger.

Horaires aménagés et repas froids

Des salariés revenus travailler sur une base de volontariat, tout comme chez Delta Composants à La Ferté-Bernard. Cette PME familiale forte de 15,5 millions d’euros de chiffre d’affaires évolue dans les métiers de la métallurgie et emploie 120 salariés. Une trentaine d’entre eux a actuellement repris le chemin des ateliers, également le 6 avril dernier. Une seule équipe, alors que l’usine fonctionne habituellement en 3x8, qui a néanmoins dû faire quelques concessions. « Nous avons condamné les équipements collectifs. La cantine est fermée, l’accès aux micro-ondes et aux cafetières n’est plus autorisé. Mais tout se passe bien, les salariés respectent les règles et sont motivés », souligne Guillaume Taffin, dirigeant de Delta Composants. La gestion des espaces communs, hors zone de production, questionne en effet les dirigeants. « Limiter la densité humaine dans les vestiaires, les salles de pause et de restauration passe par l’aménagement d’horaires. Ce qui peut être compliqué sur de grands sites industriels. À Champagné, nous servions 400 repas par jour avant le confinement. Aujourd’hui, nous fonctionnons avec des plateaux froids », reprend le directeur de Souriau. À Château-du-Loir, le fabricant japonais de machines-outils Amada n’a, lui, jamais cessé son activité. En revanche, cette usine de 160 salariés s’est très rapidement adaptée aux mesures de confinement. « Nous avons échelonné les arrivées en quatre vagues pour limiter la présence des salariés dans les vestiaires, et nous sommes vigilants sur les points de promiscuité potentiels dans l’entreprise », appuie de son côté Matthieu Dutilleul, directeur du site sarthois d’Amada.

Solidarité entre entreprises

Condition essentielle pour une poursuite d’activité, le fabricant de machines-outils les a dotés de masques, gants et visières. « Sur certains métiers, le personnel en était déjà équipé. Nous avons également assuré une dotation individuelle de gel hydroalcoolique. Nous utilisons des masques textiles pour laisser aux personnels sanitaires les modèles à usage unique. S’approvisionner en masques a d’ailleurs été compliqué… » Un constat partagé par Guillaume Taffin de Delta Composants. « Il a fallu multiplier les sources d’approvisionnement par des groupements de commandes via l’UIMM, la CCI ou encore par des initiatives locales. L’entraide entre entreprises du territoire a beaucoup joué. »

Une solidarité dont Souriau a été l’un des acteurs. « Nous nous sommes concertés entre dirigeants locaux et membres de l’UIMM pour approvisionner en masques des entreprises qui n’ont pas la puissance d’achat ou de services dédiés comme nous », ajoute François-Xavier Marchais. Avec ses sources d’achats multiples et des entreprises telles que Maliterie (CA : 19 M€ ; 120 salariés) ou encore Plastigom qui assurent une production de masques en tissu, l’industrie locale a donc à disposition les premiers outils pour assurer le retour en poste de ses équipes.

Absence de visibilité

Relance ou maintien de la production, ces activités s’exercent désormais à voilure réduite. Il s’agit en effet de répondre aux commandes en cours. « Nous fonctionnons actuellement avec 35 % de l’effectif, poursuit le directeur de Souriau. L’objectif étant de retrouver le plus rapidement possible l’intégralité de nos capacités, car nous avons un carnet de commandes important et nous accumulons du retard. » Néanmoins, François-Xavier Marchais reconnaît un manque de visibilité dans les prochains mois, les incertitudes sur le marché de l’aéronautique restant nombreuses. Des commandes d’avant crise qui assurent également l’activité de Delta Composants, après 19 jours de fermeture. « Beaucoup de secteurs sont encore à l’arrêt et le niveau de prises de commandes reste donc bas. Nous n’avons pas de visibilité. Le luxe, qui chez nous est essentiel, dépend de donneurs d’ordre dont les volumes sont tributaires de la Chine ! », appuie Guillaume Taffin. Mêmes incertitudes à Château-du-Loir où Amada enregistre une baisse d’activité de 50 à 60 %. « Nous fabriquons des moyens de production. Or, compte tenu du trou d’air provoqué par cette crise sur l’économie et dans la trésorerie des entreprises, on peut s’interroger sur leur capacité à investir dans les prochains mois. »

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