Sarthe
« Souriau a créé 400 emplois industriels en Sarthe »
Interview Sarthe # Électronique # Ressources humaines

François-Xavier Marchais directeur de Souriau Sarthe & Tanger « Souriau a créé 400 emplois industriels en Sarthe »

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Employant 900 personnes en Sarthe sur ses sites de Champagné et La Ferté-Bernard, le fabricant de connecteurs profite de la bonne santé du secteur aéronautique. Le dynamisme de Souriau souffre toutefois de la pénurie locale de main-d’œuvre et de certains matériels industriels.

François-Xavier Marchais est à la tête de trois sites Souriau en Sarthe et au Maroc. L’entreprise, produit des connecteurs que l’on retrouve dans les avions civils et militaires, et bientôt au cœur
de la fusée Ariane — Photo : Cédric Menuet - Le Journal des entreprises

Souriau vient de remporter un marché sur la future fusée Ariane 6. C’est une première pour les deux sites sarthois ?

François-Xavier Marchais : Oui, notre business unit Sarthe Tanger n’était pas présente sur la fusée. Par contre, Ariane Launcher est un très gros client de Souriau, via notre site de Marolles-en-Brie, en Ile-de-France, qui est beaucoup plus spécialisé que nous dans le spatial. Nous nous sommes positionnés avec une technologie de fibre optique que l’on développe depuis plus de 15 ans. C’est une innovation, puisque la fibre optique va être utilisée pour déclencher la pyrotechnie lors des phases de décollage de la fusée pour la séparation des étages. C’est une fierté et une vraie motivation pour le personnel qui travaille sur un ce projet.

Toujours au registre des bonnes nouvelles, Airbus a enregistré en 2017 une commande historique de 430 A340. Qu’est-ce que cela implique pour les sites de Souriau ?

F.-X. M. : C’est toujours une très bonne nouvelle quand nos premiers clients ont un bon carnet de commandes. Maintenant, l’organisation pour fabriquer un avion est quelque chose de très complexe. Airbus et l’ensemble de ses fournisseurs ne sont pas en mesure d’augmenter rapidement leurs cadences. Donc nous n’aurons pas le double d’activité demain, ni l’an prochain, ni l’année d’après. Par contre, cela veut dire qu’avec une commande de cette importance, on continue de pérenniser l’activité et on gagne encore plus en visibilité pour les 10 à 15 ans à venir.

Avec cette commande, vous ne craignez pas d’être encore plus challengé sur les coûts par Airbus ?

F.-X. M. : Ils ne sont pas timides, ils le feront ! On se doit donc de rester compétitif. À Champagné et à La Ferté-Bernard, on a pris l’option d’investir plusieurs millions d’euros chaque année depuis 10 ans dans des moyens de production très modernes. Champagné tourne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an. Le site de La Ferté-Bernard va être agrandi de 1 800 m², et nous avons aussi un site d’assemblage de 630 personnes à Tanger. Moralité, on réussit à être compétitif en produisant ce qui est fortement capitalistique en France et là où il y a un fort taux de main-d’œuvre au Maroc. C’est comme ça qu’on a pu créer 400 emplois en Sarthe depuis dix ans.

Justement, il y a 18 mois vous annonciez 100 recrutements à Champagné. Où en est-on ?

F.-X. M. : Nous en avons réalisé entre 60 et 70. Juste après cette annonce, nous avons eu une baisse d’activité. C’était fin 2015. Les embauches ont donc été ralenties pendant quelques mois pour repartir ensuite. C’est la vie normale d’une entreprise. Il faut aussi avoir en tête que sur les 400 personnes embauchées depuis 10 ans, la moitié sont des remplacements de départs à la retraite. Ce n’est pas si commun dans l’industrie. Pour le reste, ce sont des créations nettes.

Côté activité, comment s’est passée 2017 ?

F.-X. M. : C’est une année record. Nous sommes tirés principalement par l’aéronautique. Civile bien entendu. Airbus, Safran, Zodiac et Dassault, nos premiers clients, ont une activité très soutenue. C’est également vrai dans le domaine militaire : le monde se réarme. Humainement, on en pense ce que l’on veut, mais ça crée une activité économique extrêmement importante. Pour nous, il y a un effet sensible et on sent que ce n’est pas fini. L’activité industrielle a elle aussi redémarré, avec un effet sur nos activités hors aéronautique. Comme la robotique, qui marche très bien à l’export, le sport automobile, la machine-outil ou encore l’éclairage. Notre croissance est de 5 à 10%, mais elle est freinée par des difficultés de capacité au sens large.

C’est-à-dire ?

F.-X. M. : L’approvisionnement en matières premières est de plus en plus difficile. Il y a également une tension dans le monde de la machine industrielle. Non pas que nous n’ayons pas les moyens d’investir, mais parce que les fabricants de machines nous donnent des délais de 6 mois, 9 mois, 1 an pour nous équiper. Fatalement, on produit moins. Aujourd’hui, on en est à refuser des commandes parce qu’on n’a pas de machines. Malgré une vingtaine de postes ouverts pratiquement en permanence, on a aussi énormément de mal à recruter et ce, du bac pro à l’ingénieur et au cadre.

Pourquoi ces difficultés de recrutements ? À quoi les attribuez-vous ?

F.-X. M. : À un manque de formation professionnelle dans notre pays. Il y a de moins en moins d’apprentis. Certaines formations techniques ont été également délaissées avec, pour conséquence, une pénurie de personnel aujourd’hui dans les métiers de la plasturgiste, de l’usinage ou de l’outillage. Le regain d’activité économique concerne aussi les autres entreprises de notre bassin d’emplois, en particulier sur Le Mans. Et elles ont les mêmes problèmes que nous.

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