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Le mosellan Bouché rachète l’alsacien Huber Transports pour se rapprocher de Strasbourg
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Le mosellan Bouché rachète l’alsacien Huber Transports pour se rapprocher de Strasbourg

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En intégrant les sociétés bas-rhinoises Huber Transports et Huber Affrètement, le groupe mosellan Bouché se rapproche de la capitale alsacienne, mutualise son portefeuille clients largement tourné vers l’international et se retrouve dans de meilleures dispositions pour engager le virage de la transition énergétique.

En intégrant les sociétés Huber Transports et Huber Affrètement, le groupe Bouché vise les 27 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 — Photo : Bouché

Après sept mois de discussion, le groupe mosellan Bouché Transports à Phalsbourg (CA : 18 M€ ; 130 salariés) a officiellement racheté le 27 avril 2022 les deux sociétés alsaciennes Huber Transports et Huber Affrètement (CA : 7 M€ ; 35 salariés). Le dirigeant bas-rhinois Alain Huber conserve la direction générale des deux entités et devient actionnaire minoritaire de la nouvelle structure aux 25 millions d'euros de chiffre d'affaires et aux 165 salariés. "Alain Huber avait besoin de se faire épauler pour développer son entreprise, explique le président du groupe Bouché Daniel Gehringer. Cette intégration lui permet, entre autres, de s'adosser à une structure qui possède un garage en propre. C'est aussi l'occasion de se lancer dans la logistique. Les Transports Huber étaient régulièrement sollicités pour ce genre d'activité mais ne pouvaient pas y répondre."

Nouvelles implantations

Toujours selon Daniel Gehringer, c'est avant tout la recherche de synergies qui a motivé ce rapprochement. "Notre intérêt, c'est la mutualisation, souligne-t-il. Et notamment celle de nos portefeuilles clients. Nos sommes tous les deux présents sur le Benelux et cela va se concrétiser avec un volume beaucoup plus important et une meilleure optimisation de nos déplacements". Surtout, en rachetant deux entités basées à Haguenau, le transporteur et logisticien lorrain met un premier pied en Alsace : "Nous nous rapprochons ainsi de la grande agglomération strasbourgeoise. Car, dans le futur, le dernier kilomètre sera stratégique." D'autant qu'un projet d'implantation logistique aux alentours de la capitale européenne pourrait se concrétiser dans les deux prochaines années. Une installation au Benelux serait également envisagée. De quoi étendre vers l'Est et le Nord un maillage territorial déjà bien avancé. Après Saverne et Sarrebourg (Moselle), le groupe Bouché a ouvert au mois d'avril un nouveau centre logistique de 6 000 m² à Gondreville, près de Toul (Meurthe-et-Moselle), dédié à un client unique : les Grands Moulins de Paris. Avec à la clé, de nouvelles perspectives de chiffre d'affaires puisque l'entité mosellane (sans compter les sept millions d'euros apportés par les sociétés Huber) vise les 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, contre 18 millions d'euros en 2021.

Inflation générale

Une dynamique actuellement freinée par une série d’obstacles inflationnistes, celle des carburants en premier lieu. "Nous engageons un travail important de communication auprès de nos clients pour répercuter au plus juste, mais ce n’est pas évident," confie Daniel Gehringer. Sans oublier les prix de l’énergie, des matières premières et des pièces de rechange qui n’arrêtent plus de s’envoler. "Les pneumatiques, qui avaient déjà pris 21 % l’an dernier, ont subi trois hausses successives depuis le 1er janvier pour prendre encore 15 %, souffle le président mosellan. Les pièces détachées pour l’entretien des véhicules, les huiles, l’AdBlue, c’est la même chose. Ça fait beaucoup. Et sur le long terme, ce ne sera pas tenable. Si tout cela nous amène à un ralentissement de l’activité, ce serait dramatique."

Raison pour laquelle le groupe lorrain pourrait renforcer ses activités liées à l’alimentaire : "Le secteur se déploie de plus en plus et ne connaîtra pas le même ralentissement que ce que nous pouvons craindre sur l’industrie classique, l’ameublement ou encore le bâtiment, table Daniel Gehringer. Notre part d’alimentaire pourrait donc passer de 60 % à 80 %."

Biocarburant

Enfin, pour faire face aux surcoûts actuels des carburants, le groupe Bouché se lance dans un grand plan de transition énergétique. Sa centaine de véhicules a déjà la possibilité de rouler au biocarburant. "Malheureusement, cela suit toujours la courbe du gazole, et nous sommes encore entre 16 et 17 centimes plus chers sur ce biocarburant, calcule Daniel Gehringer. Nos clients seront-ils prêts à encaisser, en plus de cette surcharge gazole, cette transformation en biocarburants ? C’est en ce sens que nous devons avoir une réflexion globale sur notre nouveau parc commun Huber/Bouché".

Dans les douze prochains moins, le groupe prévoit ainsi de se procurer une dizaine de véhicules roulant à l’électrique et au gaz, dédiés à des marchés particuliers. Encore faut-il être approvisionnés dans les temps. Partenaire exclusif du constructeur néerlandais Daf, Bouché attend toujours sa nouvelle génération de véhicules consommant quatre litres au cent de moins que ses versions précédentes. Les livraisons, attendues dès le mois de mars, ne seront finalement pas honorées avant le mois de juillet.

Mix énergétique

La société du Grand Est, qui consacre près de 2,5 millions d’euros d’investissement par an dans son parc actuel et qui en prévoit le double pour engager ce virage énergétique, se dirige donc vers un mix à quatre carburants. "Ce renouvellement de parc va s’avérer très complexe, reconnaît son président. Les biocarburants auront-ils leur place ? L’électrique pourra-t-il réellement se développer ? Les coûts du gaz seront-ils maîtrisés ? Une chose est sûre, pour minimiser nos coûts, nous ferons jouer tel ou tel carburant en fonction des lieux de livraisons et des distances à parcourir."

Le défi énergétique s’avère colossal et pourrait, selon Daniel Gehrigner, multiplier encore un peu le nombre de croissances externes dans le secteur des transports. "Nous sommes bien obligés de grossir pour avoir les moyens d’entamer cette phase de transition énergétique. Et dans ce mouvement, il est clair qu’une petite taille vous rend vulnérable." Mais le dirigeant tient à le rappeler : ce n’est pas le cas des sociétés Huber. "Les deux entités sont bien gérées et présentent une bonne santé financière". Un avantage certain quand il s’agit de se prévaloir d’un plan de transformation énergétique. "Ce qu’Huber n’aurait pas pu faire tout seul, Bouché pourra désormais le faire beaucoup plus facilement", conclut Daniel Gehringer.

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