Le PDG de Blackleaf SAS Yannick Lafue annonce un tour de table "majeur", qui doit permettre à sa start-up de développer son pilote industriel de production de graphène en périphérie strasbourgeoise.
Matériau critique et stratégique, le graphène laisse entrevoir des solutions de décarbonation dans l’aéronautique, la chimie, la production de batteries, le béton bas-carbone, les peintures et encres conductrices notamment. Blackleaf travaille actuellement sur des cas d’usage avec Thales, Safran et Dassault "pour de premiers contrats fin 2025", espère Yannick Lafue.
Un tour de table avec Armor Group, des business angels et des financiers
La start-up strasbourgeoise de 12 salariés vient de conclure un tour de table de 7 millions d’euros. La levée de fonds a été réalisée auprès d’investisseurs industriels et financiers. Entrent ainsi au capital la Team Cajuba, qui regroupe une cinquantaine de business angels régionaux emmenés par Michel Hussherr, ainsi que l’ETI nantaise Armor Group (2 500 salariés, 447 M€ de CA). Cet acteur européen sur le marché des encres et consommables innovants avait déjà pris une participation minoritaire au sein d’Holosolis en Moselle en fin d’année dernière. "Au-delà de sa participation financière, Armor Group nous fera bénéficier de son expertise industrielle en formation d’encres et en process industriel", se réjouit Yannick Lafue. "Le graphène est un matériau qui est clef pour nos activités de collecteurs de courant pour batteries ainsi que pour notre toute nouvelle filiale de films intelligents Armor Smart Films", estime de son côté Hubert de Boisredon, PDG d’Armor Group.
La levée de fonds de Blackleaf fait aussi appel à un pool bancaire regroupant Bpifrance, le CIC, BNP Paribas et le Crédit Agricole Alsace Vosges. La répartition du capital à l’issue de l’opération n’a pas été dévoilée par la start-up.
Un projet d’usine estimé à 15 millions d’euros
Spin-off issu du CNRS, après dix ans de recherche, et lauréat de l’appel à projets Première Usine dans le cadre de France 2030, Blackleaf a pour ambition de produire son graphène liquide (produit à base de graphite chinois, canadien, allemand et bientôt turc) en Alsace à l’échelle industrielle en début d’année prochaine. "Nos objectifs sont de faire naître notre projet industriel en Alsace avec une vraie capacité de production de graphène responsable", confie Yannick Lafue. Ce dernier compte aussi développer des produits mettant en œuvre du graphène. Le projet d’usine, estimé à 15 millions d’euros, devra entrer en pleine capacité début 2025.
120 tonnes de graphène en 2025
Blackleaf espère pouvoir produire dans la région trois tonnes de graphène (liquide) par mois d’ici la fin de l’année sur son site d’Illkirch (près de Strasbourg) et 120 tonnes annuelles dès 2025. L’entreprise a développé un procédé de revêtement de graphène sur tous types de matériaux via notamment la sérigraphie, la pulvérisation ou l’enduction par trempage. Les priorités de la start-up strasbourgeoise porteront également en 2024 sur le volet "solutions" avec le développement d’encres conductrices et de revêtements chauffants pour l’aéronautique, l’habitat, le transport et l’industrie.
D’une équipe d’une douzaine de collaborateurs à l’heure actuelle, Blackleaf espère étoffer ses effectifs jusqu’à une quarantaine de salariés en 2025.