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La start-up Zeni offre une seconde vie aux effluents industriels grâce aux microalgues
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La start-up Zeni offre une seconde vie aux effluents industriels grâce aux microalgues

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La start-up nazairienne Zeni propose de débarrasser les eaux industrielles des nitrates et des phosphates grâce à des microalgues. Elle espère pouvoir déployer son concept innovant d’une manière opérationnelle d’ici à trois ans, tout en préparant une levée de fonds de 2 millions d’euros pour 2025.

L’équipe de la start-up nazairienne Zeni. Guillaume Tanguy, Jean-Michel Pommet et Marie-Caroline Cunze — Photo : Zeni

Difficile de ne pas avoir entendu parler de ce phénomène : le développement outrancier des algues marines sous l’effet de polluants rejetés dans la nature. On parle de marées vertes ou d’eutrophisation des écosystèmes aquatiques sous l’effet du rejet dans le milieu naturel d’eaux chargées notamment en nitrates et en phosphates. Le traitement des eaux industrielles représente un défi colossal que la start-up nazairienne Zeni veut relever.

Les algues nettoient nitrates et phosphates

Fondée en 2023 à Saint-Nazaire par un trio, Jean-Michel Pommet, Marie-Caroline Cunze et Guillaume Tanguy, la jeune société propose un concept de photobioréacteurs. Ce dispositif industriel permet à des algues microscopiques d’utiliser les nitrates et phosphates des eaux usées pour fabriquer de la matière organique, grâce à la photosynthèse. Résultat : des eaux débarrassées des nitrates et phosphates et une matière première valorisable.

Bonus : ce co-produit peut être revendu sur les marchés de l’agronomie et de l’alimentation animale par le client de la start-up. "Jusqu’à présent, les solutions proposées pour traiter les eaux industrielles et agricoles sont non seulement partielles, mais en plus énergivores, coûteuses et génératrices de déchets", déclaraient récemment les dirigeants auprès d’Atlanpole, l’un des plus dynamiques incubateurs de start-up de Loire-Atlantique.

Ce concept de solution circulaire où le déchet permet de fabriquer une ressource est dans l'air du temps. "On applique un phénomène naturel en accélérant le procédé", résume Jean-Michel Pommet, PDG de Zeni.

Une levée de fonds de 2 millions d’euros en 2025

Là où il faut en général sept ans pour une biotech pour se stabiliser financièrement et se lancer pleinement dans son activité, Zeni estime que cela pourra se faire en trois ans. Mais avant de déployer son concept, la start-up doit lever des fonds. Un pré-amorçage de 300 à 400 000 euros est prévu en 2024. Le reste de la levée de fonds sera mis en place en 2025 avec un objectif de 2 millions d’euros.

Accompagnée par Atlanpole, elle bénéficie également du soutien de Bpifrance et de la commission européenne.

Zeni vise dès le départ le marché européen, mais ses ambitions portent au-delà, comme l’Afrique. "Nous allons d’abord faire les choses correctement en France, relativise son dirigeant. Nous visons notamment les entreprises d’aquaculture, laitières ou les brasseries". Cette solution pourrait permettre de filtrer près de 100 m³ d'eau par jour.

40 recrutements envisagés

Pour le moment, pour les sous-produits fabriqués par les algues, il n’est pas question de nourriture humaine, même si cela est tout à fait possible, estime le président de Zeni. La réglementation ne le permet pas pour le moment. "Il existe des tas de possibilités grâce aux microalgues, comme la fabrication de matériaux ou de biocarburants", assure Jean-Michel Pommet.

Le recrutement suivra aussi la croissance envisagée par Zeni. D’ici à 2030, elle prévoit d’arriver à une quarantaine d’employés, contre quatre aujourd’hui, dont les trois fondateurs.

Les locaux suivront le mouvement, la start-up ayant prévu de déménager bientôt pour plus d’espace, bien que rien ne soit officiel pour le moment.

Des perspectives encourageantes pour la start-up qui n’exclut pas de devenir "la prochaine licorne dans le domaine des microalgues."

Saint-Nazaire # Industrie # Innovation # Créations d'emplois # Levée de fonds