Arrêter de jeter, s’il est possible de réparer… Une ligne de conduite qui semble aujourd’hui évidente, mais que Vincent Nicot et Jean-Charles Trochon ont appliquée bien avant les incitations gouvernementales à le faire. Dès 2008, ils ont donc fondé Cotrolia à Couëron afin de réparer les pièces électroniques à bord des véhicules. "Sur la première décennie, nous avons connu une croissance linéaire. Mais depuis trois à quatre ans, le nombre de commandes s’envole de manière exponentielle", remarque Jean-Charles Trochon. "Nous traitons aujourd’hui plus de 150 commandes par jour - soit 33 000 pièces sur l’année - auprès de 11 000 clients (garages, concessions, distributeurs de pièces etc.)". Passée de 35 à 60 salariés l’année dernière, l’entreprise prévoit à nouveau de doubler ses effectifs dans les 12 à 18 mois, et de tripler son chiffre d’affaires (non communiqué) sur la période. Mais outre le recrutement à la chaîne de techniciens et ingénieurs en électronique, Cotrolia va gérer cette montée en puissance en s’agrandissant cette année sur un nouveau site dans la région nantaise. Ce dernier lui permettra de gérer les commandes de manière industrielle. "Aujourd’hui, nous réceptionnons, réparons, puis renvoyons la pièce aux garages en environ 24 à 48 heures. Avec ce futur site, nous ambitionnons d’avoir suffisamment de stock pour fournir une pièce reconditionnée sans délai. Le client n’attendra plus forcément la réparation de celle qui est défectueuse", assure Samuel Tschannen, directeur commercial de Cotrolia depuis cette année.
Une longue garantie pour convaincre
L’entreprise veut être aujourd’hui présente sur l’ensemble des pièces électroniques des véhicules de toutes les marques. Cela inclut les compteurs, les calculateurs moteurs, les boîtiers de freinage ABS, ou encore les autoradios. "Il existe entre 100 à 200 calculateurs électroniques dans une voiture récente", expose Jean-Charles Trochon. Une fois réceptionnées, les pièces sont testées sur un banc d’essai qui a été mis au point en interne par Cotrolia. "La pièce est alors branchée sur un ordinateur qui va tester l’ensemble des fonctions qu’elle est censée remplir dans une voiture. L’élément électronique défectueux est ainsi détecté, et peut être changé ou ressoudé selon les besoins".
Même si installer une pièce neuve reste encore la norme pour beaucoup, Cotrolia ne manque pas d’arguments pour convaincre garages et concessions de réparer leurs pièces. Car au-delà de l’aspect environnemental, il y a le prix. "Nous sommes en moyenne 70 % moins cher que le neuf", constate le dirigeant. De plus, la société garantit toutes les pièces renvoyées durant deux ans, soit une durée plus longue que certains produits neufs. "Pour parvenir à cette qualité de reconditionnement, nous effectuons une maintenance préventive des pièces reçues. Nous détectons alors les éléments qui risquent de poser problème à l’avenir et les changeons aussi", poursuit Jean-Charles Trochon. Via ce système, la société revendique moins de 5 % de retour.
Après avoir reçu l’année dernière le label Greentech Innovation par le ministère de la Transition écologique, Cotrolia anticipe l’émergence de nouveaux marchés dans les années à venir. "Pour le moment, les voitures électriques, qui possèdent encore plus de matériels électroniques à bord, sont relativement neuves et donc peu en panne. Mais nous nous tenons prêts à l’arrivée de ce marché".
