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AC Dismantling prêt à industrialiser le recyclage de jets privés
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AC Dismantling prêt à industrialiser le recyclage de jets privés

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La start-up néoaquitaine AC Dismantling, à cheval entre la Gironde et la Charente, démantèle de vieux jets privés cloués au sol ou en fin de vie pour en revaloriser les pièces détachées. Comptant s’engouffrer dans une niche aux acteurs encore peu nombreux, elle a déjà en tête un plan de développement calibré pour industrialiser son procédé.

La start-up girondine AC Dismantling a été créée en 2022 par Anthony Charmarty. Elle démonte les vieux avions de moins de 30 tonnes et en revalorise les pièces détachées — Photo : Maxime Ruggiero ruggiero_photographie - MAXIME RUGGIERO

Démanteler, stocker et revendre les pièces détachées des jets privés et avions de moins de 30 tonnes en fin de vie, telles sont les ambitions de la start-up girondine AC Dismantling (AirCraft Dismantling).

Anthony Charmarty, son fondateur âgé de 26 ans, a grandi dans la mécanique au milieu d’une famille et de proches possédant des sociétés de transports routiers et d’entrepôts de stockage. Passé par l’Aerocampus et Dassault, son profil est intimement lié à l’ambition de sa société créée fin 2022.

"Cette logique de la pièce d’occasion et du remplacement, qu’on retrouve dans l’automobile, n’existait pas sur ce type d’avions car ils sont plus solides et durent plus longtemps qu’un avion de ligne", explique-t-il. "Il y a eu un boom des jets privés dans les années soixante-dix et nous sommes à l’aube d’une importante mise au rebut, la demande en pièces est de plus en plus forte", continue l’entrepreneur.

La réglementation européenne des carburants verts dans l’aviation, pour ne citer qu’elle, ajoute une problématique à un secteur qui se demande que faire de ses vieux avions, une problématique à laquelle AC Dismantling entend répondre.

Forfait d’enlèvement

Pour l’heure, la start-up, qui fonctionne à la débrouille avec deux free-lances, une salariée et l’aide de proches, dispose d’un fonctionnement hybride. Son modèle économique et la marge qu’elle s’octroie sont déclinés en une quarantaine de scénarios tenant compte de l’état de l’avion ou de la logistique nécessaire pour le démonter.

"Quand l’avion est en fin de vie, il est amené chez nous ou dans un aéroport partenaire. Quand il ne vole plus, nous venons le chercher pour le démonter. Plus l’état de l’appareil est dégradé, plus le forfait d’enlèvement augmente. On peut le racheter pour démonter les pièces et les revendre où être mandatés pour le démonter l’avion et stocker les pièces pour lui", poursuit Anthony Charmarty.

Circuits de revalorisation

La jeune entreprise ne se contente pas de démonter ces petits avions : elle tente aussi de trouver une seconde vie à leurs pièces détachées. Celles qui ne sont plus en état de voler peuvent repartir dans des centres de formation comme supports pédagogiques ou être transformées en décorations (tables, étagères, comptoir de bar). Les métaux repartent en fonderie et certaines pièces peuvent même servir dans d’autres véhicules, comme les fusibles ou les durites "qui roulent beaucoup en voitures de course, entre autres".

La start-up a démonté 4 avions en 2023 (et 3 depuis début 2024) et a presque tout mis sur étagères, à l’exception d’un bac de 600 litres, "essentiellement des mousses", encore non valorisées.

Parmi les clients auxquels elle a déjà revendu des pièces, on retrouve notamment le groupe angevin Brangeon (235 M€ de CA 2022, 1 400 collaborateurs), l’artisan d’art girondin Pierre Julien (Crazy Metal) ou encore le groupe Suez pour le kérosène et son pouvoir calorifique.

Une levée de fonds pour industrialiser

Les pièces qui peuvent encore être sauvées et remises en vol n’ont plus le droit de voler, même si elles représentent le débouché à la plus haute valeur ajoutée, l’entreprise ne disposant pas encore de l’agrément Part145 dédié à l’entretien d’aéronefs, l’un des chantiers auxquels elle s’attelle.

Disposant pour l’heure d’un seul entrepôt de 1 000 m2 en Sud Charente, elle cherche à doubler sa surface en rapatriant son activité sur la métropole bordelaise. Elle entend aussi trouver un autre bâtiment bénéficiant d’un accès à une piste d’atterrissage au niveau de l’Aéroport de Paris, "le cœur de l’aviation privée en Europe. L’idéal serait d’avoir deux pôles".

Déjà très sollicitée et identifiée (par Technowest, le Gifas ou Aerospace Valley), AC Dismantling compte sur cet accès piste pour développer son chiffre d’affaires (250 000 euros prévus en 2024).

Elle envisage d’organiser une levée de fonds entre fin 2024 et début 2025 "pour industrialiser plus vite", précise Anthony Charmarty. Son atterrissage dans le Nord pourrait lui coûter environ 1,5 million d’euros en matériel d’équipements (levage, broyage, séparation des câbles et métaux…).

Avec son industrialisation viendrait une forfaitisation simplifiée de ses services principaux, à savoir le démantèlement et la revente de pièces. Une dizaine de personnes seront alors nécessaires : des mécaniciens, experts en logistique et commerciaux "pour vendre les pièces et trouver des avions". AC Dismantling, enfin, a de la suite dans les idées : elle lancera prochainement une activité de recyclage de drones professionnels. De quoi largement décoller.

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