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Les 6 recettes de la CPME pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés sans pénaliser les entreprises
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Les 6 recettes de la CPME pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés sans pénaliser les entreprises

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Préserver le pouvoir d’achat des salariés, sans augmenter d’un centime leurs salaires. Pour résoudre cette délicate équation en période de forte inflation, le patronat multiplie les idées. La CPME en avance six pour compenser la hausse des prix du carburant, autant que pour récompenser les travailleurs les plus méritants.

Pour la CPME, pas question d’augmenter les salaires à tout-va, malgré le contexte inflationniste. L’organisation patronale plébiscite plutôt des mesures de simplification de l’intéressement, la participation ou de la "prime Macron" — Photo : HJBC

Tout sauf des hausses de salaires. Pour soutenir le pouvoir d’achat des Français, la CPME a dégainé ses propres propositions sur cet enjeu-clé du débat public. Le sujet est au cœur de la campagne des prochaines élections législatives et au menu d’un futur projet de loi, promis pour cet été par le gouvernement.

En amont de ces deux rendez-vous, l’organisation patronale monte donc au créneau et affiche clairement la couleur. Non aux "injonctions" à augmenter les salaires, comme a pu l’exprimer le ministre de l’Économie Bruno Le Maire : "Toutes [les entreprises] ne sont pas en capacité de le faire". Non, également, à leur indexation automatique sur l’inflation, proposition avancée, entre autres, par l’insoumis François Ruffin : ce "serait une erreur fondamentale" et "préjudiciable à tous". À la place, la CPME plaide plutôt pour donner "plus de souplesse" aux chefs d’entreprise, de telle sorte qu’ils soient incités à récompenser leurs salariés. Si, et seulement si, ils le peuvent.

Simplifier les dispositifs de partage des bénéfices

La moitié des propositions patronales vise ainsi à déverrouiller tous les éléments de rémunération alternatifs au salaire. Pour inciter les entreprises en bonne santé à y recourir plus massivement, la CPME plébiscite trois ajustements.

Sur l’intéressement, l’employeur devrait pouvoir déterminer le montant versé à chaque travailleur sur la base de "critères individuels", et plus seulement collectifs. Autrement dit, il s’agirait de différencier les primes en fonction de "l’implication réelle de chacun".

Sur la participation, le calcul de la "réserve spéciale" devrait être simplifié. Question de "lisibilité", l’idée étant que la somme réservée au personnel, au titre de ce dispositif d’épargne salariale, soit plus directement liée aux résultats de la société.

Sur la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (dite "prime Macron"), son versement devrait être fractionnable en plusieurs fois au cours d’une même année. Motif invoqué : "tenir compte de la trésorerie des entreprises".

Défiscaliser les heures supplémentaires

La proposition figurait déjà en bonne place dans le programme de la confédération pour la dernière élection présidentielle : rien d’étonnant, donc, à retrouver la défiscalisation des heures supplémentaires au centre de son "pack pouvoir d’achat". Plus précisément, "au-delà de la 35e heure, un salarié serait payé 25 % de plus, mais les charges patronales n’augmenteraient pas", car la CPME demande leur plafonnement.

Pour les entreprises, la mesure aurait l’avantage de répondre à leurs besoins de main-d’œuvre, sans passer par la case recrutement, fait valoir le patronat. Manière aussi d’accorder plus de salaires, mais pas sans contrepartie. C’est le retour du fameux "travailler plus, pour gagner plus".

Freiner la flambée des prix du carburant sur fonds publics

Ces propositions peinent toutefois à répondre à l’urgence immédiate que représente l’envolée du coût de la vie. Sur ce point, la CPME s’intéresse uniquement à la problématique des prix du carburant. Et renvoie la patate chaude à l’État.

Elle demande ainsi une nouvelle révision du barème kilométrique (déjà revalorisé en février) et la transformation de la déduction fiscale sur les frais professionnels réels "en crédit d’impôt, restituable mensuellement". Cette dernière évolution permettrait d’en faire bénéficier les personnes non-imposables.

Au passage, la CPME rejette une proposition du Medef, sans toutefois le nommer. Lui aussi réticent à céder aux appels du gouvernement sur les hausses de salaires, son président Geoffroy Roux de Bézieux avait appelé, le 1er juin, à la création d'"une prime défiscalisée […], adaptée au kilométrage des gens […] et financée par les entreprises qui le peuvent". Problème, pour la confédération des PME : "Beaucoup, notamment parmi les plus petites, n’auraient pas les moyens de mettre en place un hypothétique chèque carburant exonéré de charges sociales".

En attendant l’issue de ces querelles et l’arbitrage du gouvernement, les salariés, eux, paient déjà la note, qu’ils le veuillent ou non : les prix du sans plomb ont battu leurs records historiques dans la semaine du 30 mai au 3 juin, quand ceux du gazole n’ont jamais été aussi élevés que depuis début avril et l’instauration de la "remise carburant". Deux mois après son instauration, cette baisse de 18 centimes par litre se retrouve déjà effacée. Invisible pour les usagers, mais pas indolore pour l’État : ce geste devait initialement lui coûter plus de 2 milliards d’euros pour quatre mois. À n’en pas douter, ce sera plus : la mesure sera prolongée sur août, a récemment confirmé le gouvernement.

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