Les premières tonnes viennent de sortir. C’est dans un container usine, installé en site sécurisé, que se déploie la première unité de traitement de l’amiante inventée par Valame. En éprouvant une méthode brevetée et issue de la recherche française, la start-up offre une réponse inédite pour éliminer cette fibre ultra toxique que l’on retrouve communément dans les plâtres, enduits poncés, dalles de sol et autres colles. “Les déchets amiantés sont jusqu’à présent enfouis dans 95 % des cas", pose Pierre-Emmanuel Lepers, associé-dirigeant de Valame. "Notre solution détruit l’amiante grâce à un procédé chimique”. Dans une logique d’économie circulaire, les résidus, débarrassés de toutes substances dangereuses, pourraient ensuite être valorisés pour des applications dans des matériaux routiers ou cimentiers.
Partenariats industriels
La méthode vient ainsi révolutionner un secteur réservé aux spécialistes. Et le gisement est important, bien que compté. “Il reste au minimum 40 ans de désamiantage, explique l’entrepreneur, il n’est donc pas trop tard pour investir". Interdit en 1997, l’amiante trouve ainsi une nouvelle voie de débouchés. Si aujourd’hui l’unité de traitement nordiste dispose d’une capacité d’une tonne par jour, Pierre-Emmanuel Lepers ambitionne d’essaimer sa solution à bien plus grande échelle. “Nous voulons déployer de grandes usines de traitement en Europe. Objectif : que le recyclage soit au même prix que l’enfouissement. Pour y parvenir, nous cherchons à être le plus efficaces en nous appuyant sur des industriels qui voudraient investir sur leur site pour créer de nouvelles lignes avec notre procédé”. Un gage de rapidité de mise en œuvre, notamment du fait des importantes normes réglementaires à respecter pour l’implantation d’un tel site.
L’export dès 2023
D’ici la fin d’année, Valame (4 salariés, CA non communiqué) devrait disposer d’une deuxième usine avant de viser l’export dès 2023. “Le marché anglais est intéressant comme celui de la Belgique, des Pays bas, de l’Allemagne ou encore de la Suisse", détaille le dirigeant qui vise des usines d’une capacité de 15 000 tonnes par an, générant quelque 8 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Une tactique qu’il ne manque pas de partager avec le comité stratégique qu’il a mis en place pour l’accompagner. Épaulé par l’IRD, Nord France Amorçage et l’Ademe, il bénéficie par ailleurs de l’écosystème de l’entreprise nordiste Néo-Eco, deuxième actionnaire de la start-up. C’est que Valame a d’abord été incubé au sein de cette entreprise spécialiste de la création de boucles d’économie circulaire, avec laquelle les synergies commerciales sont évidentes. Des bases solides pour devenir “l’acteur français de référence du traitement de l’amiante”.