Face à l’inflation, les entreprises s’apprêtent à augmenter les salaires de 4,6 % en 2023
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Face à l’inflation, les entreprises s’apprêtent à augmenter les salaires de 4,6 % en 2023

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Les entreprises continueront à jouer le jeu des revalorisations salariales en 2023. Mieux, elles prévoient d’amplifier les hausses déjà accordées l’an dernier, selon une étude du cabinet de conseil Secafi. Las, ces efforts devraient rester largement insuffisants pour contrecarrer les effets de l’inflation.

Les entreprises prévoient des hausses de salaires de +2 à +7,5 % en 2023, selon une étude de Secafi, fondée sur l’analyse de 200 accords issus des négociations annuelles obligatoires (NAO) — Photo : Jacob Lund

Les entreprises vont bel et bien remettre la main à la poche pour augmenter les salaires en 2023. Elles seront même plus nombreuses et plus généreuses qu’un an auparavant, selon des données recueillies par Secafi. Pour parvenir à cette conclusion, le cabinet de conseil s’est penché sur 200 accords issus de négociations annuelles obligatoires (NAO), et conclus entre septembre 2022 et le 6 janvier 2023. Un échantillon surtout composé de sociétés de grande taille, avec 54 % d’ETI, contre 42 % de PME de plus de 20 salariés.

Les entreprises obligées d’augmenter les salaires

Résultat : ces entreprises s’apprêtent à augmenter leur personnel de 4,6 % en moyenne, soit 1,7 point de plus que l’an dernier. Rien de plus normal, pour Secafi : les raisons de relever les rémunérations ne manquent pas. Et de citer la pression de l’inflation jugée "durable" ou les difficultés de recrutement, qui imposent d'"attirer", "fidéliser" et "récompenser" les travailleurs.

Mais ces revalorisations ne se font pas seulement sous la contrainte de la conjoncture. "La hausse des marges dans certains secteurs" et "les aides publiques massives versées aux entreprises" leur donnent aussi plus de ressources pour réviser les salaires. Et ce, alors même que "des opportunités" se sont ouvertes "pour rééquilibrer le partage de la valeur ajoutée". Parmi elles, la nouvelle formule de la "prime Macron" (justement rebaptisée "prime de partage de la valeur"). Elle a été directement intégrée dans les accords de NAO par plus du tiers des sociétés étudiées (37,5 % exactement), pour un montant moyen distribué de 1 280 euros.

Une préférence donnée aux revalorisations générales

Mais, insiste Secafi, la remontée des salaires découle surtout d'"un retour des augmentations générales en 2023, après une tendance à l’individualisation sur les dernières années". Cette pratique collective s’est ainsi répandue chez une majorité d’employeurs et à tous les échelons du personnel : 62,5 % l’ont adoptée pour leurs cadres (quasiment +13 points en un an), 86 % pour leurs techniciens et professions intermédiaires (+9 points) et 89 % pour leurs ouvriers et employés (+2). Les revalorisations individuelles restent moins fréquentes, mais progressent tout autant, notamment dans les deux dernières catégories (avec des proportions respectives de 55 et 49 %, en progression de 9 et 10 points). La même logique prévaut en termes de taux de croissance, les augmentations générales (entre +3,45 et +4,24 % de moyenne, selon les catégories) étant plus généreuses que les individuelles (étalées de +2 à +3,1 %).

Mais des hausses de salaires déjà neutralisées par l’inflation

Pour Secafi, ces tendances clairement haussières marquent "une volonté des entreprises de couvrir l’inflation élevée de 2022". Une politique salariale autant volontariste que contrainte, du fait des revalorisations successives, passées ou anticipées, du Smic et des minima de branche.

Pas sûr toutefois que tous ces efforts soient suffisants. Au global, la fourchette des augmentations salariales (générales et individuelles confondues) varie de +2 à +7,5 %. Mais, à l’intérieur de cet intervalle, seule 1 entreprise sur 6 prévoit une revalorisation globale supérieure à +6 %, soit, peu ou prou, le niveau actuel d’inflation, telle que relevée par l’Insee depuis l’automne. L’étude le reconnaît elle-même : le taux de croissance des budgets mobilisés par les entreprises pour les salaires suit la courbe de l’augmentation des prix depuis l’été 2021… mais sans jamais passer au-dessus. Autrement dit, la question salariale, déjà vive en 2022, n’a pas fini d’agiter le climat social en entreprise en 2023.

# Conjoncture # Social # Management # Ressources humaines