Au plus haut en 2019, l'emploi des cadres se prépare à ralentir
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Au plus haut en 2019, l'emploi des cadres se prépare à ralentir

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Selon l’enquête annuelle de l’Apec, les recrutements de cadres ont encore battu un record en 2019. Et ce n’est pas fini : leur nombre pourrait continuer à croître dans les trois prochaines années. Pour autant, le rythme des embauches commence à ralentir sérieusement, à un moment où le malaise des cadres, lui, paraît grandissant.

Photo : Hunters Race - Unsplash

A première vue, les cadres peuvent garder le sourire : les entreprises n’ont jamais eu autant besoin d’eux qu’en 2019. Selon l’enquête annuelle sur l’emploi cadre de l’Apec, ils peuvent aussi sereinement regarder l’avenir : les recrutements devraient continuer à progresser sur les trois prochaines années. Mais ces bonnes nouvelles occultent quelque peu une autre réalité, celle d'un tassement du volume des embauches et d'un malaise croissant dans les rangs de l'encadrement.

Une année 2019 record pour l’emploi des cadres

Côté bilan, l’Apec salue pourtant un « niveau record » d’embauches en 2019, avec 281 300 recrutements recensés (+5,6 % sur un an). Les créations nettes de postes se montent, elles, à 74 800 (+1,9 %).

Un dynamisme a priori étonnant, au vu du contexte général, plutôt atone. Si le taux de chômage a, certes, significativement baissé en 2019, la croissance des créations d’emplois salariés dans le privé a péniblement dépassé 1 % l’an dernier, selon l’Insee.

« Même si l'économie s’est quelque peu grippée, le marché de l’emploi cadre ne devrait pas en subir les conséquences. »

Les cadres semblent ainsi échapper au ralentissement de la croissance : « Même si la conjoncture économique s’est quelque peu grippée, le marché de l’emploi cadre ne devrait pas en subir les conséquences », se réjouit l’Apec. Mieux, il serait à l’abri des risques internationaux (coronavirus, guerre commerciale sino-américaine, Brexit…) : « Le caractère structurel de [sa] dynamique constitue un sas protecteur face à ces aléas conjoncturels », assure l’étude.

Vers un tassement des recrutements ?

Côté prévisions, l’Apec annonce donc un horizon plutôt dégagé et encore favorable aux cadres sur la période 2020-2022.

Pour 2020, l’étude prédit ainsi une hausse des recrutements similaire à celle de 2019, avec 296 600 embauches au total (+5,4 %). La situation pourrait néanmoins se gâter par la suite : à une quasi-stabilité en 2021 (+0,2 %) devrait succéder une légère reprise en 2022 (+2 %). Résultat, la barre des 300 000 recrutements annuels pourrait n’être franchie qu’à ce moment-là, soit douze mois plus tard que ce que l’association prévoyait encore l’été dernier.

Signe avant-coureur de ce tassement ? Les +5,6 % de progression enregistrés en 2019 se situent dans la fourchette basse donnée par l'Apec, il y a tout juste un an.

Les recrutements de cadres progressent d'année en année, selon l'Apec. Mais le rythme a tendance à nettement ralentir depuis 2018 — Photo : © Apec

Les cadres surfent sur les transitions numérique et écologique

Une chose paraît en tout cas acquise pour l'Apec : tous les secteurs ne seront pas logés à la même enseigne en 2020. Le commerce sera ainsi « le plus attentiste : la hausse de recrutements de cadres prévue est à la fois la plus faible (+2 %) et bien moins intense que celle enregistrée en 2019 (+6 %) ». Une « contraction » des embauches est même annoncée dans la distribution généraliste, en grande difficulté, comme en témoigne la situation de groupes comme Auchan ou Casino.

À l’inverse, les cadres des activités informatiques et télécoms, ingénierie et R & D, ou encore ceux dans le conseil, la comptabilité et le juridique, n’ont aucun souci à se faire : « Au cœur des besoins de compétences et d’expertise liés aux transformations numérique, énergétique et environnementale », ils devraient représenter 45 % des recrutements en 2020 !

De leur côté, la construction et l’industrie (+5 % chacun) devraient repartir de l’avant, même si le contexte international pourrait peser sur certaines filières du secteur secondaire.

L’Occitanie, région annoncée la plus dynamique en 2020

Au niveau régional, les années se suivent mais ne se ressemblent pas, selon l’Apec. Si en 2019, les Hauts-de-France ont enregistré la plus forte progression annuelle d’embauches (+12 %), devant le Centre-Val de Loire (+10 %), la palme devrait revenir, en 2020, à l’Occitanie (+6,6 %) et l’Ile-de-France (+6,5 %).

Sans surprise, les cadres franciliens formeront encore le plus gros bataillon des recrutements (142 000 embauches attendues). Loin derrière se trouveraient Auvergne Rhône-Alpes (32 190), Hauts-de-France (18 970) et Région Sud (18 120).

À l’écart, en revanche, du dynamisme annoncé de l’emploi cadre cette année : la Bourgogne-Franche-Comté et le Grand-Est. Ce dernier, pourtant sur le podium des plus fortes croissances 2019, pourrait voir ses entreprises industrielles pâtir « du contexte économique international perturbé, notamment en Allemagne ».

De l’emploi cadre en quantité… et en qualité ?

Si l’emploi des cadres se porte à merveille, tout comme, semble-t-il, leur niveau de salaires, cette enquête purement quantitative de l’Apec, menée auprès de 10 000 entreprises représentant 1,7 million de salariés dont 378 000 cadres, ne dit toutefois pas tout de la situation de l’encadrement en France.

L’année 2019 a ainsi été marquée par une série d’études plus inquiétantes sur leur état d’esprit, entre leur insatisfaction envers leurs conditions d’exercice, leur incapacité à déconnecter, la stabilité de leur temps de travail depuis 1975 et, pour les Franciliens, une irrémédiable envie d’aller voir ailleurs, en région, dans l’espoir notamment de faire baisser la pression professionnelle… Les cadres français n’ont pas non plus été épargnés par les réformes politiques (dégressivité des allocations-chômage hier, réforme des retraites demain).

Autrement dit, leurs perspectives d’emploi ont beau être radieuses en 2020, leur moral n'est pas nécessairement aussi rayonnant.

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