Coronavirus : la vente et livraison de surgelés explosent en Bretagne
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Coronavirus : la vente et livraison de surgelés explosent en Bretagne

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Pour faire leurs courses, de nombreux consommateurs ont changé leurs habitudes. Les ventes et livraisons à domicile de produits surgelés ont explosé depuis le début du confinement, créant une hausse importante d'activité des entreprises spécialisées bretonnes comme Argel et Gellik. Et par conséquent une hausse de la demande chez certains fournisseurs.

— Photo : © Argel

La crise du coronavirus bouscule les habitudes des consommateurs. Si certains secteurs sont touchés de plein fouet, d’autres connaissent une croissance qu’ils n’avaient pas anticipée. C’est le cas du secteur de la vente et de la livraison à domicile de produits surgelés. Derrière les poids lourds comme Toupargel, les acteurs bretons voient aussi leurs ventes augmenter. Argel (800 salariés, 75 M€ de CA), filiale de la coopérative bretonne Even, basée à Plouédern, a par exemple vu son activité augmenter de 40 à 50 % depuis le début de la crise. « On connaît une véritable explosion des ventes ! », indique David Besnadière, directeur général d’Argel. Durant le dernier mois, l’entreprise a servi 30 à 40 % de nouveaux clients. « Le panier moyen a aussi augmenté d’au moins 8 € », note le DG. Un phénomène qui a par conséquent des répercussions chez les fournisseurs. Les industriels de l’agroalimentaire qui fabriquent des produits surgelés connaissent eux aussi une dynamique de croissance. Chez Tendriade (750 salariés, 250 M€ de CA), qui transforme et commercialise le veau en frais et en surgelé, dont le siège social est à Châteaubourg en Ille-et-Vilaine (750 salariés, 250 M€ de CA), l’activité surgelés augmente sur le segment de la vente à domicile. « Si les volumes sont en baisse pour nos clients de la restauration hors foyer et des industries agroalimentaire, nos ventes ont fortement progressé dans le secteur de la livraison à domicile, qui comprend le home service et les freezer centers dont Argel, témoigne Yannick Moreau, directeur commercial responsable de l’activité surgelés de Tendriade. Nous avons enregistré une hausse de 46 % de nos volumes sur ce segment pendant les quatre premières semaines du confinement. »

Nouveaux clients et panier moyen qui augmente

Même constat, à une autre échelle, chez Gellik (15 salariés, CA NC), PME basée à Rosporden, et qui rayonne sur tout le Sud-Bretagne. Depuis le début du confinement, la société a vu les demandes de particuliers grimper en flèche. De quoi quasiment compenser la baisse de son activité auprès de la restauration (15 % du CA en 2019), qui s’est, elle, arrêtée net mi-mars. « Nous avons eu beaucoup de nouveaux clients, notamment des Parisiens arrivant dans leur maison secondaire, sourit Thierry Barbier, le gérant. Les commandes des clients réguliers ont également été plus importantes début avril. »

Une hausse massive des ventes qui a cependant demandé aux entreprises de s’adapter rapidement. Le premier défi a été, comme dans les autres secteurs où l’activité se poursuivait, de mettre en place des gestes barrières et des mesures de protection pour la santé des salariés et des clients : gels, gants, distanciation, etc. « Nous avons 350 livreurs sur le terrain. Les salariés de nos plateformes téléphoniques sont en télétravail, une vraie prouesse », indique notamment le dirigeant d’Argel, dont l’entreprise est implantée dans toute la France.

Assurer l’approvisionnement du catalogue

Les circuits de distribution ont aussi été mis en tension, par la crise sanitaire et l’augmentation de la demande. « On s’adapte au jour le jour sur certains produits. Il est important d’avoir une offre assez complète », explique Thierry Barbier, qui regrette que certains fournisseurs abusent de la situation. « Certains nous demandent d’être payés à la commande. Ils profitent que l’on soit une petite société ! » Chez Argel, dont les volumes n’ont aucune comparaison, le catalogue est complet « à 99,9 % », dixit son dirigeant. Le distributeur de Plouédern voit même davantage de demandes des clients sur son activité épicerie : lait, jus d’orange…

Pour David Besnadière, le succès du service de livraison est dû à la situation mais aussi à la typologie de leurs clients : des personnes âgées en majorité et 75 % de gens vivants en milieu rural ou périurbain, pour qui se déplacer en magasins est encore compliqué aujourd’hui.
À la suite de la crise, le secteur devra réussir à conserver les nouveaux clients conquis en période de confinement. Un défi de taille. Et le gérant de Gellik se veut prudent pour l’avenir : « La donne va peut-être changer après le confinement. On ne sait rien car cette situation est inédite », avance prudemment Thierry Barbier.

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