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Coronavirus : Yooji craint l'après crise, malgré la croissance de ses ventes en ligne
Bordeaux # Agroalimentaire

Coronavirus : Yooji craint l'après crise, malgré la croissance de ses ventes en ligne

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En troisième semaine de confinement, le fabricant de plats surgelés bio pour les bébés, le bordelais Yooji a rouvert ses deux lignes de production à Agen (Lot-et-Garonne) et ses ventes en ligne affichent une croissance de 100 % en mars. Jérémy Strohner, son président, redoute toutefois qu'en sortie de crise, les commerciaux de la marque connaissent des difficultés à retrouver leurs bonnes places en grande distribution.

Jérémy Strohner, président de Yooji, redoute une érosion des ventes consécutive à l'interdiction qui est faite aux commerciaux d'entrer dans les magasins pendant la crise sanitaire. — Photo : JDE

Jérémy Strohner a été nommé président de l’entreprise Yooji (45 salariés, 2 M€ de CA en 2019) en octobre 2019. La marque de plats surgelés bio pour bébés était alors en pleine croissance et, elle avait doublé son chiffre d’affaires entre 2018 et 2019, prévoyant alors de poursuivre sur sa lancée pour 2020. Une levée de fonds de 3,5 millions d’euros venait en outre d’être réalisée. « Nous étions en pleine accélération, raconte le dirigeant. Notre objectif était de multiplier par dix la taille de l’entreprise en 5 ans. » Cette ambition demeure aujourd’hui et les 20 millions de chiffres d’affaires tout comme le développement à l’international restent en ligne de mire. Le chiffre d’affaires de ce mois de mars est à l’avenant, Yooji ayant enregistré une croissance de + 20 % de ses ventes malgré la crise du coronavirus.

Drive et en vente en ligne

Le début du confinement a pourtant été synonyme de mise à l’arrêt d’une des deux lignes de production de la marque, au sein de l’Agropole d’Agen. La part de l’absentéisme des salariés a grimpé jusqu’à 25 % en production en première semaine. Le dirigeant lui-même a été contaminé par le Covid-19. « Notre direction a heureusement la culture "techno"  et l’habitude de télétravailler entre Bordeaux, Agen et Paris. Nous avons rapidement mis en place une cellule de crise et réalisons quotidiennement un point avec notre responsable qualité », précise Jérémy Strohner. « Nous capitalisons aussi sur les choix stratégiques commerciaux qui ont précédé mon arrivée dans l’entreprise : la présence de la marque en drive dans la grande distribution et la vente en ligne depuis 2018. Le cumul de ces deux activités nous permet de rester en croissance, tout comme le fait que pendant le confinement tous les repas des enfants sont pris à la maison et non plus en crèche », précise le dirigeant. Le site de la marque enregistre 100 % de croissance depuis le début de la crise.

Un autre effet secondaire du confinement sur l’entreprise a été l’annulation d’une campagne marketing prévue en mars. « Nous avons rapidement fait le choix de ne pas surcommuniquer. Nous vivons des moments où personne ne souhaite recevoir des messages publicitaires dans sa boîte. Ce serait maladroit. Notre communication se fait sur des messages génériques notamment relatifs aux modalités de livraisons à domicile de nos produits surgelés », reconnaît Jérémy Strohner.

Cinq semaines de stocks

Pour l’heure, avec la remise en route de la deuxième ligne de production, la problématique qui fait jour est celle de l’approvisionnement en emballages et en produits d’entretien. Il faut aussi réorganiser la relation aux prestataires logistiques. « Ce sont les tensions sur lesquelles nous avons le moins de visibilité ».

En revanche, les matières premières, légumes et protéines animales ne devraient pas manquer. « Nous nous fournissons essentiellement en France pour nos approvisionnements. Nous n’avons par ailleurs pas de fournisseurs italiens et avec l’Espagne nous n’avons pas subi de ralentissements », se félicite le dirigeant. Ainsi la marque peut compter sur un stock de produits finis équivalents à 4-5 semaines. « Même si la production devait s’arrêter, nous sommes en capacité de faire du chiffre d’affaires pendant un mois ».

Une reprise chargée pour les commerciaux

L’inquiétude du dirigeant concerne finalement l’après-crise et la vente en magasins. Depuis le début du confinement, les commerciaux de la marque ne sont plus autorisés à entrer en magasin. « Nous avons perdu cette valeur ajoutée que nos collaborateurs représentent dans la mise en place de nos produits. C’est une problématique partagée par toutes les petites marques. Nous savons que nous ne sommes pas prioritaires dans la tête des chefs de rayon », déplore Jérémy Strohner qui redoute une relégation de ses produits et une érosion des ventes. « La reprise va être très chargée », prévoit-il, pour son équipe composée de cinq commerciaux, qui sont actuellement en chômage partiel, ne travaillant qu’un jour par semaine.

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