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Blue Fins, un hydrofoil pour réduire la consommation des navires
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Blue Fins, un hydrofoil pour réduire la consommation des navires

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En partenariat avec l’Ifremer, la start-up Blue Fins, créée en décembre 2020 par Olivier Giusti à Plouzané, développe un hydrofoil inspiré des nageoires de baleine pour réduire aux alentours de 20 % la consommation de carburant des navires, en participant à leur propulsion et en produisant de l’électricité verte.

Ingénieur de formation, Olivier Giusti a créé Blue Fins après avoir travaillé pendant quinze ans dans l’industrie off-shore — Photo : Jean-Marc Le Droff

Ingénieur diplômé de l’Ensta Bretagne et spécialisé en hydrodynamique, Olivier Giusti a passé les quinze premières années de sa carrière à travailler pour de grands groupes de l’industrie l’off-shore, et notamment sur les projets d’hydroliennes de Naval Group et Total Énergies. Très sensible à l’écologie, il décide ensuite de développer sa propre technologie dans les EMR, qui utiliserait l’énergie des vagues. En 2017, après plusieurs mois de recherches, il couche sur le papier les grandes lignes de Blue Fins, son système innovant inspiré des nageoires de baleines : un hydrofoil articulé qui utilise l’énergie des vagues à la fois pour produire de l’électricité, mais aussi économiser du carburant en aidant à la propulsion des navires. Il propose alors son projet à l’Ifremer, institut qu’il avait déjà croisé par le passé dans son parcours professionnel. Banco. À la façon d’un super incubateur, Ifremer lui propose un CDD de 18 mois afin de développer son idée avec l’aide de chercheurs.

Propulsion auxiliaire et production d’électricité verte

"Au départ, j’imaginais que mon procédé pourrait avant tout servir à alimenter en électricité verte les plateformes pétrolières ou les bouées océaniques. Mais je me suis rapidement rendu compte qu’il s’agissait d’un marché de niche déjà capté par d’autres technologies plus matures comme le solaire ou l’éolien", se souvient Olivier Giusti, qui se tourne alors vers une autre application de son hydrofoil : la propulsion auxiliaire de navires. "C’est un système en partie passif : on utilise le tangage du bateau qui fait osciller l’hydrofoil, un peu comme des palmes. Plus on freine le mouvement de l’hydrofoil, plus il produit de l’électricité, et plus on le laisse libre, plus il aide à la propulsion", résume l’ingénieur, qui a créé son entreprise à Plouzané en décembre 2020 avec Benoît Chenu, lui aussi ingénieur et associé minoritaire, et avec le soutien du Technopôle Brest-Iroise.

Aux alentours de 20 % d’économie de carburant

Et si son concept lui a également valu un accompagnement et un prêt d’honneur de 30 000 euros par le Réseau Entreprendre à travers le fonds d’amorçage régional PHAR, il intéresse aussi Total Énergies, qui finance actuellement les phases d’ingénierie et les tests en bassin en vue d’en équiper ses méthaniers, via le programme d’innovation Citeph. "Notre hydrofoil est adaptable sur tous les gros navires, pour peu qu’ils naviguent dans des zones où il y a de la houle. Il permet des économies d’énergie de l’ordre de 20 % sur toute la durée de vie du bateau", souligne Olivier Giusti, qui a déjà réuni plus de 650 000 € pour arriver à la phase d’essais en bassin. En début d’année prochaine, il organisera une première levée de fonds afin de construire un second prototype qui sera testé en bassin au second trimestre 2022, avant d’entamer une campagne d’essais en mer au début de l’hiver 2024. "Les technologies houlomotrices ne sont pas encore matures, il y a de la place pour innover !", conclut-il.

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