Soixante-dix ans ! C’est ce bel anniversaire qu’a fêté en décembre le groupe Louis Vallon, dont l’histoire récente est jalonnée d’une série de mariages. Celui des caves de Génissac avec l’Union des producteurs de Saint-Pey-de-Castets, d’abord, à la fin de décennie 2000. Puis, en 2018, c’est la cave de Saint-Christophe de Double qui s’est ralliée à cette bannière, dont le nom est celui de sa gamme la plus connue. La commercialisation passe par Union de Guyenne (UG), structure qui regroupe aussi la cave Sauveterre-Blasimon-Espiet. À 70 ans, donc, la cave Louis Vallon est plus vaillante que jamais et doit principalement sa belle santé à une drôle d’idée, née en 1995 dans l’esprit de ses dirigeants : « à cette époque, ils se sont lancés dans le crémant », relate Philippe Cazaux, le directeur général d’UG.
Cousin du champagne
Le crémant, souvent vu comme une alternative au champagne, en est un assez proche cousin : comme lui, sa robe scintille et les bulles sont fines. Mais les élevages et les cépages diffèrent : on ne trouve des champagnes qu’en… Champagne, et des crémants en Alsace, dans le Jura, en Languedoc-Roussillon, Loire, Savoie, et donc à Bordeaux. Tous sont unis par un cahier des charges : lieux où les raisins sont cultivés, règles de taille et de palissage, densité de plantation font par exemple l’objet de réglementations très précises.
Si elle a longtemps subi la réputation d’être en quelque sorte un champagne au rabais, l’appellation a, au fil des années, su regagner des lettres de noblesse ; y compris à Bordeaux, où les consommateurs et surtout le milieu viticole sont considérés comme plutôt rétifs à l’innovation. « Pour le dire autrement, on pouvait alors imaginer que ce n’était pas gagné, tant l’association entre Bordeaux et crémant ne coulait pas de source », sourit Philippe Cazaux. « Pourtant, dès le départ, le marché s’est montré réceptif : le crémant a une identité, un savoir-faire partagé, qui sont des arguments forts. Et nous avons su investir, développer des outils qui nous ont permis, il y a 10 ans, de dépasser le cap des 25 000 bouteilles vendues annuellement, puis d’aller lentement vers le million que nous connaissons aujourd’hui. »
L’export dans le viseur
Pour le directeur général d’UG, Louis Vallon a su, aussi, « sentir » l’air du temps et aller vers les nouveaux modes de consommation. « On amène une note festive, cette légèreté que les gens apprécient de trouver par exemple à l’apéro, entre amis. » C’est cette particularité que Louis Vallon entend cultiver pour atteindre les 2 millions de bouteilles d’ici 5 ans, en misant en particulier sur l’export, qui représente aujourd’hui 40 % du chiffre d’affaires de l’entreprise : Russie, Chine, Japon ou Brésil font partie des marchés les plus porteurs pour un alcool qui bénéficie largement, notamment à l’étranger, de son appartenance géographique à Bordeaux.