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Venant de lever 5 millions d’euros, MagREEsource va créer une usine pour recycler les aimants
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Venant de lever 5 millions d’euros, MagREEsource va créer une usine pour recycler les aimants

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La deeptech grenobloise MagREEsource ambitionne de réindustrialiser une filière souveraine des aimants à base de terre rare, actuellement produits à 95 % par la Chine, grâce à son process de recyclage à l’hydrogène d’aimants en fin de vie. La pépite vient de boucler 5 millions d’euros de financement.

L’équipe de MagREEsource à Grenoble — Photo : MagREEsource

Seuls 1 % des aimants permanents, composants essentiels pour les voitures électriques, les éoliennes ou l’électronique, sont aujourd’hui recyclés dans le monde. Et 95 % de leur production est assurée par la Chine. Réutiliser ces précieuses pièces métalliques et les fabriquer de nouveau dans une usine au cœur des Alpes françaises, voilà l’ambition d’Erick Petit et Sophie Rivoirard, les fondateurs de la jeune pousse grenobloise MagREEsource, qui espèrent ainsi garantir l’autonomie stratégique des industriels européens. Tout en réduisant drastiquement l’impact carbone de la production des aimants.

Issue de 25 ans de projets de recherche du CNRS/Institut Néel à Grenoble, cette pépite, créée en 2020 et déjà lauréate d’un Plan France Relance auprès de Bpifrance, vient d’annoncer une première levée de fonds de 5 millions d’euros. Elle a été réalisée auprès des sociétés de capital-investissement polonaises Tangent Line et Ceich Ventures, du fonds Finindus (Arcelor et Région Flamande), des deux réseaux de business angels Business Angels des Grandes Écoles et Grenoble Angels, de la Société d’accélération du transfert de technologies grenobloise Linksium et de l’EIT Raw Material. Cette dernière "est une agence issue de la communauté européenne ; c’est un gros soutien de la compter parmi nos investisseurs", explique Erick Petit, qui reste, avec Sophie Rivoirard, actionnaires majoritaires de l’entreprise.

Une première usine de recyclage pour 2023

Dans ce contexte de déploiement soutenu des énergies renouvelables, la technologie développée par MagREEsource arrive à point nommé. Non seulement parce que les aimants joueront un rôle crucial dans l’électrification de la société, nécessaire pour atteindre la neutralité carbone. Mais également parce que le mode de fabrication même de ces aimants recyclés sera plus économe en énergie que le système actuel de production chinois. Selon les calculs de la jeune pousse, le processus de fabrication devrait ainsi permettre de diminuer les émissions de CO2 de 91 %, à produit équivalent. "Nous sommes vraiment sur un business model d’économie circulaire : la matière première est du déchet, et en théorie, les métaux sont recyclables à l’infini", explique encore Erick Petit. L’entreprise s’est également engagée à penser son usine de façon à ce qu’elle soit la moins énergivore possible. Son unité de recyclage de 50 tonnes par an devrait être opérationnelle dès le deuxième trimestre 2023, avec l’ambition d’ouvrir une MagFactory d’une capacité de 500 tonnes, à horizon 2027.

Se faire connaître auprès de la filière

Reste à faire connaître l’usine et le procédé de récupération des aimants développé par MagREEsource auprès de la filière des recycleurs, pour que ces derniers apportent les précieux métaux. "Jusqu’à présent, les aimants étaient assimilés à de la ferraille et partaient en fonderie, aucun tri n’était fait entre l’acier standard et les aimants", explique encore Erick Petit. Grâce à un travail de fond avec l’Ademe (l’agence de la transition écologique), les éco-organismes et le CSF (comité stratégique de filière) transformation et valorisation des déchets, MagREEsource espère rapidement travailler avec les recycleurs locaux. Ainsi qu’avec les pays transfrontaliers, dont l’Allemagne, premier consommateur européen d’aimants.

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