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Travelfactory : "Nous ne sommes pas encore dans un schéma de catastrophe industrielle"
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Guillaume de Marcillac directeur général du groupe Travelfactory "Nous ne sommes pas encore dans un schéma de catastrophe industrielle"

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Tour-opérateur filiale à 100 % de Compagnie des Alpes, Travelski est à quai. Sa ligne reliant Londres et douze stations alpines du groupe Compagnie des Alpes subit de plein fouet la nouvelle interdiction gouvernementale d’accueillir des citoyens britanniques en France sans motif impérieux.

Les Arcs, en Savoie, font partie des douze domaines skiables propriété du groupe la Compagnie des Alpes — Photo : CC0

Travelski (140 salariés à Chambéry et Paris), qui avait accueilli 130 000 passagers en 2018-2019, a privatisé pour cette saison de ski 2021-2022 la ligne ferroviaire d’Eurostar reliant chaque week-end Londres avec Moûtiers ou Bourg-Saint-Maurice (Savoie), des navettes reliant ensuite les douze stations de montagne détenues par le groupe Compagnie des Alpes (Les Arcs, Tignes, Méribel, Serre Chevalier…). Comment vos clients ont-ils réagi à l’annonce du gouvernement français, interdisant aux Britanniques de venir en France, sauf motif impérieux ?

Guillaume de Marcillac : Vendredi (17 décembre, NDLR), en une seule journée, ce sont plusieurs centaines de voyages et plusieurs milliers de journées skieur qui ont été annulées (les chiffres sont confidentiels, NDLR). Plus aucun train Travelski ne quittera Londres avant le 8 janvier.

Quelles conséquences pour vos clients ?

G. de M. : Notre démarche est orientée expérience client. Nous faisons tout ce qui est possible pour satisfaire nos clients anglais, d’autant qu’ils avaient déjà accepté et maintenu leurs réservations malgré de lourdes contraintes de tests Covid pour effectuer ce séjour dans les Alpes françaises. Ils peuvent donc soit déplacer leurs réservations plus tard, soit être remboursés en 24 heures. Pour la Compagnie des Alpes, le marché anglais est très stratégique. Cette clientèle pèse, selon le président des Domaines skiables de France Alexandre Maulin, entre 1 % et 40 % de la clientèle de montagne en hiver. Dans les Alpes, toutes stations confondues, la question ce matin est de savoir si cette interdiction pour les Anglais est conjoncturelle ou si elle peut se prolonger toute la saison. Dans ce cas, les conséquences seraient dramatiques car les Anglais constituent la deuxième nationalité de skieurs après les Français.

Que se passe-t-il concrètement chez Travelski ce 20 décembre ?

G. de M. : Les trains sont à quais jusqu’au 8 janvier. On attend des réponses pour la suite et que le gouvernement se positionne quant à la durée de cette interdiction. Nous gardons espoir que les Anglais pourront revenir sur la deuxième moitié de saison. Aujourd’hui, des hébergeurs se retrouvent avec des chambres disponibles à la vente ou location, c’est une opportunité pour les vacanciers français, notamment pour la semaine du jour de l’An où il restait très peu de places disponibles.

L’entreprise Travelski est-elle couverte par des assurances sur ce nouveau risque Covid ?

G. de M. : Non, car il s’agit d’un cas de force majeure et d’une décision administrative qui n’est pas assurée aujourd’hui. Mais nous avons négocié des clauses avec des assurances pour que nos clients individuels soient protégés.

Les aides aux entreprises arrivent à échéance fin décembre. Réclamez-vous un prolongement ou des aides exceptionnelles ?

G. de M. : Le groupe Compagnie des Alpes travaille avec les organisations représentatives de l’industrie du ski. Mais l’annonce est récente, nous sommes encore sous le choc et attendons de voir la suite des décisions. Nous ne sommes pas encore dans un schéma de catastrophe industrielle. Tout va dépendre de la suite de cette interdiction.

Travelski déploie une activité événementielle en montagne pour des entreprises qui font appel à vous pour organiser des séminaires, des congrès. Comment se portent les affaires dans ce contexte un peu lourd ?

G. de M. : Depuis un mois, les entreprises annulent leurs événements de fin d’année pour suivre les directives nationales et d’autres dossiers sont en suspens pour le reste de l’hiver, nous n’avons presque pas de réservation avant mars ou avril. Nous n’avons, par exemple, pas signé un seul dossier depuis un mois avec la croissance du variant Delta qui croise avec l’identification du nouveau variant Omicron, et nous enregistrons trois annulations sur dix. Je crains que ce mouvement ne s’accroisse encore dans les jours qui viennent.

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