Sur le site de Speichim Processing (CA 2020 : 47 M€, 170 collaborateurs) à Saint-Vulbas, dans l'Ain, une nouvelle tour d'acier de plusieurs mètres de haut prend forme, jour après jour. Ce sera la quinzième colonne de distillation de l'industriel né en 1953, filiale de Séché Environnement depuis 2002. Il y recycle des solvants industriels usagés et y purifie des mélanges chimiques complexes, pour de grands groupes industriels de la pharmacie et de la chimie en particulier.
Nouvelle unité pilote
"Nous atteignons le maximum de nos capacités de production (63 500 tonnes par an sur les sites français, dont 20 000 tonnes à Saint-Vulbas, NDLR), explique Laurent Carmona, directeur des opérations industrielles de Speichim Processing. En 2021, nous allons enregistrer une hausse de 10 % de notre chiffre d'affaires environ et anticipons une croissance similaire pour les quatre à cinq ans à venir."
Pour absorber cette hausse d'activité, la PME a investi 6 millions d'euros sur le site de Saint-Vulbas en 2021. De quoi financer une nouvelle colonne à distiller donc, et accroître ainsi de 10 % les capacités de production du site. Mais aussi d'installer une nouvelle unité pilote pour tester un procédé innovant visant à rendre valorisable des déchets chimiques.
D'autres investissements "bien plus significatifs" interviendront dans les années à venir, annonce l'industriel. Car Speichim mise beaucoup sur l'innovation. Ces trois dernières années, un tiers des revenus du site a été généré par des innovations développées sur-mesure pour certains clients. En 2020, quinze nouveaux procédés ont été élaborés.
Recycler les solvants des industriels
Leader en France et l'un des principaux acteurs à l'international de cette activité de niche qu'est la distillation à façon, Speichim Processing bénéficie d'un contexte doublement favorable. Celui de la relocalisation industrielle d'abord. "Les industriels rencontrent de grosses tensions sur le marché des solvants. Faire appel à nous pour recycler ces intrants critiques leur permet de sécuriser leur approvisionnement", détaille Marc Peyrou, directeur commercial. C'est aussi un moyen d'introduire une boucle d'économie circulaire dans leurs circuits de production, dans un contexte où la relance industrielle se doit d'être verte. Surtout, l'intérêt de régénérer ces solvants est à la fois écologique et économique : recycler une tonne de solvant émet 80 % de CO2 en moins et coûte en moyenne 20 % de moins aux industriels que d'acheter une tonne de solvant vierge. Un avantage qui a ses limites puisque la courbe des prix des solvants suit celle des hydrocarbures.
Autre point de vigilance pour Speichim : garder une longueur d'avance sur le savoir-faire afin que les clients d'aujourd'hui ne deviennent pas les concurrents de demain. "Il arrive que les industriels se décident à investir eux-mêmes dans des colonnes à distiller plutôt que de faire appel à nous en prestation de service", concède Laurent Carmona.
