Depuis le mois d’août 2018, le département de l’Ain aura échappé aux restrictions d’eau durant quatre mois seulement. Preuve, s’il en fallait, que les industriels du territoire ne peuvent faire l’impasse sur les efforts de sobriété hydrique. À Balan, dans le sud du département, le chimiste Kem One (1,50 M€ de CA en 2022, 1 500 salariés, dont 250 sur le site aindinois) l’a bien compris. Lui qui fait partie des 50 sites les plus consommateurs d’eau en France et capte jusqu’à trois millions de m3 d’eau par an dans la nappe souterraine située sous l’usine, a déjà réduit de 30 % sa consommation d’eau depuis 2006. Fin 2023, le producteur de PVC aura diminué ses prélèvements de 20 % (par rapport à 2019, à production constante), à Balan. Et les efforts devraient se poursuivre.
Trois ministres en visite chez Kem One
Des efforts qui ont valu à Kem One la visite de trois ministres, lundi 21 août: Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Roland Lescure, en charge de l’Industrie et Sarah El Haïry, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité. Efforts qui lui ont également permis de faire partie des douze premiers industriels à bénéficier d’un accompagnement spécifique de la Dreets (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités), de la Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) et de l’Agence de l’eau pour la réalisation de leur plan de sobriété hydrique, dans le cadre du plan eau, qui prévoit de diminuer de 10 % l’ensemble des prélèvements d’ici 2030. Au total, cinquante entreprises devraient être ainsi accompagnées.
Pour réaliser des économies en eau, les équipes de Kem One ont "travaillé en mode projet", détaille Romain Petroff, le directeur du site aindinois. Recherche et réparation de fuites (3,3 % d’économies réalisées), optimisation organisationnelle (6,2 % d’économies pour un investissement de 35 000 euros), réutilisation des eaux ayant servi à la fabrication du PVC pour le stripping (extraction du sel) et le rinçage des pompes (480 000 euros d’investissement d’ici le mois de novembre) auront permis, d’ici la fin de l’année, des réductions substantielles, "pour un investissement moindre".
20 % d’économie en plus d’ici 2026
À moyen terme, le chimiste prévoit également de recycler en boucle fermée les eaux-mères utilisées comme solvant. Un procédé qui serait "une innovation technologique mondiale", souligne le directeur du site. Des tests "très prometteurs" sont en cours pour ce projet à 10 millions d’euros, qui devrait permettre à Kem One de réaliser 20 % d’économie en eau supplémentaire à l’horizon 2026.
Des études sont également en cours sur la valorisation des eaux usées pour l’irrigation agricole ou encore la réalisation de prélèvements dans le Rhône plutôt que dans la nappe phréatique. "La difficulté importante que nous rencontrons, note Romain Petroff, est que si nous réduisons notre consommation en eau, celle-ci est alors plus concentrée en polluants, et nécessite davantage de traitements." Une problématique qui va demander des "investissements importants" dans les années à venir.
