Habituellement, ce sont plutôt des pièces métalliques, des composants, voire des équipements, destinés à la mobilité, qui sortent des usines des industriels de la Vallée de l’Arve en Haute-Savoie. Plus rarement des produits finis, destinés à être vendus directement aux consommateurs. D’ici 2023, pourtant, des vélos et des voitures électriques devraient être fabriqués sur le site de production du consortium WeShift, installé à Thyez.
Ce consortium, composé du groupe Savoy, de Pracartis, M2O et Alpes Usinages est né à l’aune de la crise sanitaire. Alors que ses usines tournent au ralenti, le groupe Savoy (150 M€ de CA en 2021 ; 800 salariés), spécialiste de la mécatronique, l’injection plastique et l’ingénierie mécanique, décide de s’entourer d’entreprises voisines pour se lancer dans la production de masques. "La pandémie de Covid nous a permis de repenser notre manière de travailler ensemble et de passer d’une logique d’entreprise cloisonnée à celle d’entreprise étendue, explique Émile Allamand, CEO du groupe Savoy. Chaque entité continue ses activités, mais nous nous rassemblons sur un produit commun qui sort totalement de ce qu’on a l’habitude de produire et faire.”
Un vélo et une voiture électrique en pré-industrialisation
C’est ce modèle "d’entreprise étendue" qui a été pérennisé après la crise sanitaire pour donner naissance à WeShift, afin de transférer au monde de la mobilité douce l’expertise de ces acteurs dans l’automobile et l’aéronautique. De cette collaboration, est d’abord né un vélo électrique, appelé Cocotte. Ce vélo, pensé pour les zones périurbaines, est notamment équipé d’une boîte de vitesses automatique et d’un phare dont le spectre est six fois plus large que les standards du marché. Le consortium ambitionne d’ailleurs de commercialiser ces différents équipements innovants indépendamment du produit fini, auprès d’autres fabricants de vélos. "Il manque quelques maillons dans la supply chain du cycle en France aujourd’hui, détaille Arthur Allamand, directeur marketing au sein du groupe Savoy. Nous souhaitons apporter une solution à cette problématique, dans une optique de relocalisation."
Le second projet de WeShift, une voiture électrique nommée La Bagnole, est quant à lui né d’une rencontre avec le designer annécien Léo Choisel, spécialisé dans les véhicules électriques. "Il avait déjà conçu un modèle de voiture électrique sans permis épuré de tout gadget et ultralégère, indique Arthur Allamand. Ensemble, nous avons réfléchi à sa production industrielle."
Les deux produits, qui ont nécessité "plusieurs millions d’euros" d’investissement de la part du consortium, sont actuellement en phase de pré-industrialisation. Les premiers modèles devraient être livrés début 2023.