Une nouvelle page de l’histoire de la Brasserie du Mont Blanc (60 salariés ; 30 M€ de CA en 2022) s’est ouverte : l’entreprise savoyarde, dont la création à Sallanches, remonte au début du XIXe siècle, vient d’être reprise par le groupe familial belge Duvel Moortgat (500 M€ de CA en 2022), lui-même acteur incontournable du monde de la bière de spécialité depuis 4 générations. Si le montant de l’opération n’a pas été communiqué, le groupe belge devient l’actionnaire majoritaire tandis que Sylvain Chiron, PDG de La Brasserie du Mont Blanc depuis 1999 et la société Dolin, autre distillerie savoyarde, "conservent une participation importante de l’entreprise", selon les termes de son PDG. "Nous voulions continuer à contribuer à l’aventure. Pour ma part, je devrais rester engagé jusqu’à mes 60 ans ; cette opération s’inscrit dans la continuité", avance Sylvain Chiron, aujourd’hui âgé de 53 ans.
Une nouvelle étape de développement pour la brasserie savoyarde
Cette acquisition intervient alors que la Brasserie du Mont Blanc connaît un léger ralentissement de son activité, après avoir affiché en 2022 une croissance de 30 % et un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros. "En 2023, nous devrions connaître pour la première fois depuis dix ans une croissance à un chiffre ; c’était le bon moment pour nous de nous adosser à un partenaire de plus grosse taille pour continuer à développer notre activité", poursuit Sylvain Chiron.
Le groupe Duvel Moortgat représente ainsi 20 fois la taille en volume de la Brasserie du Mont Blanc, mais reste 100 fois plus petit qu’un brasseur industriel, type Affligem. "Duvel Moortgat est une entreprise à taille humaine, qui parle le même langage que nous, et dont la priorité reste de produire des bières de qualité", poursuit le PDG. Autre argument qui a fait pencher la balance en faveur de l’acquéreur : c’est l’oncle de Michel Moortgat qui a aidé Sylvain Chiron à démarrer il y a plus de vingt ans. "L’oncle de Michel Moortgat a fait partie des actionnaires historiques de La Brasserie du Mont Blanc, avant de sortir il y a une dizaine d’années", explique encore le PDG de la brasserie savoyarde.
Accroître la distribution en bars et supermarchés dans tout l’Hexagone
Le rachat ne devrait entraîner aucun changement de direction ni d’organisation sur le site de La Motte-Servolex, près de Chambéry, où la bière continuera d’être produite. Mais il devrait permettre au brasseur savoyard de bénéficier du savoir-faire commercial industriel du groupe belge et ainsi d’accroître sa présence et son offre sur le marché français, grâce à la filiale de distribution de Moortgat qui compte déjà 80 collaborateurs. "Nous sommes arrivés au bout de ce que nous pouvions faire tout seuls. Ainsi, notre activité de bière en fûts qui représente 40 % de notre chiffre d'affaires se limite aux bars restaurants de la région AURA, faute de réseau de distribution suffisant. Avec Moortgat, nous allons pouvoir élargir nos ventes en fûts", explique encore Sylvain Chiron.
Le nouvel actionnaire belge va également aider La Brasserie du Mont Blanc à optimiser ses processus de production. "Nous savons faire de la bonne bière mais nous ne sommes pas encore capables d’en produire beaucoup pour répondre à une forte croissance", poursuit le PDG. Sylvain Chiron estime ainsi que sa brasserie devrait monter en puissance dans les prochaines années, grâce à ce nouveau soutien industriel. "Nous sommes 60 salariés mais prévoyons d’accélérer le recrutement pour produire plus", ajoute le PDG. Et s’il souhaite d’abord consolider la présence de la Brasserie du Mont Blanc sur le marché français, il espère pouvoir s’exporter à l’international, "dès que nous serons suffisamment forts en France".
