Coronavirus : la filière textile d’Auvergne Rhône-Alpes mobilisée pour « l’effort de guerre »
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Coronavirus : la filière textile d’Auvergne Rhône-Alpes mobilisée pour « l’effort de guerre »

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Face à la pénurie de masques de protection, les entreprises de la filière textile d'Auvergne Rhône-Alpes sont désormais sur le pied de guerre pour trouver des solutions d’urgence. Certaines, très réactives, à l’image de la PME ligérienne Les Tissages de Charlieu ou Boldoduc dans le Rhône devraient être en mesure de mettre leur solution sur le marché dans les prochains jours.

Le masque lavable développé par Les Tissages de Charlieu a été validé par la direction générale de l'armement. La production a été lancée mardi 16 mars dans l'après-midi — Photo : LTC

« Nous sommes en guerre ». Le président Emmanuel Macron n’a semble-t-il pas attendu son intervention télévisée du lundi 16 mars pour faire passer le message à la filière textile d’Auvergne Rhône-Alpes.

Boldoduc attend sa certification

« Nous avons été consultés, il y a deux semaines, pour savoir si nous étions en capacité de produire des masques de protection. Depuis, nous avons réussi à mettre au point un masque à triple couche textile, pour pallier le manque de masques FFP2 et FFP3. Ces masques sont destinés aux personnes qui travaillent dans les laboratoires, au sein de la police et de l’armée. Ils sont actuellement en phase de test auprès la Direction générale de l’armement (DGA). Nous n’attendons plus que la certification pour démarrer la production », lance Jean-Charles Potelle, PDG de Boldoduc (350 salariés ; 15 M€ de CA).

« Toutes les entreprises sous-traitantes et petites mains qui travaillent à domicile sont les bienvenues pour nous aider à produire des masques. »

Spécialiste des solutions de protection et emballage à base de textile technique, cette entreprise de Dardilly, près de Lyon, ambitionne de fabriquer 150 000 masques par semaine. « Pour l’instant, nous ne sommes en mesure d’en produire que 50 000. Nous manquons de capacités en confection. Toutes les entreprises sous-traitantes et petites mains qui travaillent à domicile sont les bienvenues pour nous aider à produire », précise Jean-Charles Potelle.

Unitex et toute la filière sollicités par l'Armée

Trouver des solutions pour produire plus de masques, c’est ce que tente actuellement de faire l’Union Interentreprises Textiles Auvergne Rhône-Alpes (Unitex). « Unitex, sur le plan régional, mais aussi l’Union des Industries Textiles et la Fédération nationale des fabricants de fournitures administratives civiles et militaires, sur le plan national, sont mobilisées depuis le début de la crise. Nous avons été sollicités par le ministère de la Santé, le ministère des Armées, la Région et les services décentralisés de l’État pour identifier et répertorier les entreprises susceptibles de participer à l’effort de guerre », assure le président d’Unitex, Olivier Balas.

Le 16 mars au soir, l’organisation professionnelle a d’ailleurs envoyé un message à l’ensemble de ses adhérents pour les inciter à se mobiliser en répondant à deux appels d’offres. « Le premier émane de la Direction générale de l’armement. Le cahier des charges transmis est très précis et vise à produire des masques avec des normes de protection élevées. Des masques dont la fabrication est en générale assurée par des entreprises comme Valmy, près de Roanne », explique Pierric Chalvin, délégué général d’Unitex.

Problème, depuis le 3 mars et la décision du président de la République de réquisitionner les masques de protection, les lignes de production de la PME de la Loire tournent déjà à plein régime, avec des effectifs qui sont passés de 17 à 55 salariés. Et les entreprises en capacité de produire des masques homologués similaires ne sont pas légion dans la région.

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Trouver des solutions d’urgence

« C’est pour cette raison que nous avons également transmis à nos adhérents un second appel, émanant du CHU de Grenoble, avec un cahier des charges moins strict et surtout très pragmatique, validé par des épidémiologistes. L’idée est de parer à l’urgence, en livrant des masques de protection qui constituent une première barrière contre le virus, notamment face au risque de postillons », détaille Pierric Chalvin.

Et de poursuivre : « Depuis ce matin, je n’arrête pas de recevoir des propositions d’entreprises. Certaines nous disent qu’elles ont le savoir-faire, les matières premières et les capacités de produire des masques. D’autres sont prêtes à fournir une partie (les élastiques, le fil, la confection) et à trouver des solutions avec d’autres confrères. Mon rôle est de centraliser toutes ces capacités et de les transmettre à la préfecture de Région. »

• L'exemple du masque lavable des Tissages de Charlieu

Parmi ces solutions alternatives d’urgence, l'une d'elles devrait rapidement être mise sur le marché. Il s’agit du masque en tissu lavable développé par Les Tissages de Charlieu. Testé et validé par la DGA, ce masque non homologué sera dédié au grand public, afin de répondre à l’urgence sanitaire et permettre ainsi que « les stocks de masques homologués profitent prioritairement à ceux qui en ont besoin, c’est-à-dire le personnel soignant », explique l’entreprise ligérienne sur son compte LinkedIn.

Contacté par téléphone et courriel, son dirigeant Eric Boël n’a pas eu le temps de nous répondre. Et pour cause, il vient de lancer la production de son masque lavable avec un objectif ambitieux de 100 000 unités par jour.

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