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Tissages de Charlieu : Eric Boël va investir plusieurs millions dans son usine du futur
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Tissages de Charlieu : Eric Boël va investir plusieurs millions dans son usine du futur

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Les Tissages de Charlieu vont investir, en 2018, dans une extension de 1 800 m². Ce nouveau bâtiment, "l'usine du futur" d'Eric Boël son dirigeant, sera à l'image de sa philosophie générale du management.

— Photo : Le Journal des Entreprises

L'information est encore confidentielle. Le charismatique dirigeant des Tissages de Charlieu (tissage jacquard et uni pour l'habillement et l'ameublement principalement), Éric Boël, nous glisse le prévisionnel sous les yeux. Un document reprenant les grandes lignes du projet et le détail des chiffres. Avant de se raviser quelques minutes plus tard et de récupérer son dossier. « Je crois qu'il est trop tôt en réalité. Il s'agit d'un dossier important et tous les financements ne sont pas bouclés. Nous en reparlerons dans six mois ». Éric Boël, par ailleurs président d'Unitex (association régionale fédérant les industriels du textile), accepte néanmoins de nous en livrer quelques bribes, juste de quoi nous mettre l'eau à la bouche en attendant la levée du sceau du secret. Le grand projet, dont le dirigeant des Tissages de Charlieu garde jalousement le secret, concerne un investissement de « plusieurs millions d'euros » dans "son" usine du futur. Une extension de 1 800 m² du site actuel, prévue pour 2018. « Ce nouvel espace cassera les cloisons physiques et psychologiques existant entre les différentes intelligences de l'entreprise. Entre les intelligences de la création et celles de la fabrication par exemple ». Cette posture n'est pas nouvelle. Éric Boël ne l'a pas découverte en surfant sur la mode très en vogue de l'industrie du futur. Le grand témoin des assises régionales des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens, qui se sont tenues à Lyon le 1er avril dernier, applique cette méthode depuis des années.

« Système hiérarchique plat »

« L'année dernière, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 11,5 millions d'euros, avec un résultat net d'un million d'euros. Oui, c'est excellent pour notre activité. Et vous savez quelle est ma recette miracle ? Mes salariés s'épanouissent dans leur travail. Ils sont attachés à leur entreprise. Ils sont donc très productifs. Je crois que c'est ma plus grande fierté ! ». Les ingrédients de cette recette miracle : une hiérarchie quasi inexistante et un encouragement permanent aux initiatives personnelles. « L'année dernière, nous avons rédigé tous ensemble notre vision de l'entreprise. Nous avons défini nos valeurs communes ("esprit d'entreprise dans la bienveillance ", "excellence métiers ", "honnêteté dans la bonne humeur ") et notre devise ("Tissons ensemble de jolis liens "). Il était important de donner du sens ». Chez Éric Boël, il n'y a donc pas de management intermédiaire, les encadrants se positionnant plutôt comme des animateurs. « Je ne veux pas d'une entreprise basée sur le contrôle et la hiérarchie. Il faut ouvrir les potentiels, ne pas placer l'énergie des salariés sous cloche ».

Intraentreprises

Au sein des Tissages de Charlieu, le dirigeant encourage ainsi ses salariés à devenir des intra-entrepreneurs, à sortir de leur cloche de salarié en quelque sorte. La première à avoir ouvert le bal, il y a quatre ans, est Sophie Badot, technicienne d'armurage. Son étole est aujourd'hui présente dans 450 boutiques à travers le monde et génère déjà 750 000 euros de chiffre d'affaires avec une équipe de sept personnes. « Elle est venue me voir un jour en me disant qu'elle avait une idée. La base de l'entreprise étant la confiance, je lui ai donné mon feu vert. Elle a géré son projet seule, sans que j'intervienne ». Bis repetita il y a 1,5 an avec le projet d'une commerciale et d'un styliste pour les ceintures Tonnerre de Belt, actuellement en phase de lancement. Troisième projet, celui d'Indispensac, des sacs tissés à Charlieu pour remplacer les sacs plastiques désormais interdits. L'idée est née elle aussi dans le cerveau d'un salarié. Enfin, dernière trouvaille en date des salariés dde la PME, celle encore assez confidentielle d'un produit basé sur « l'économie circulaire » et repéré le mois dernier par le R3ILab, réseau national destiné à soutenir l'innovation dans l'industrie textile. « Il a été totalement inventé et porté par quatre salariés », indique le dirigeant. Parmi eux, Claire Bonnardot, 26 ans, créatrice et croiseuse de fils. « Je pensais à ce projet de réutilisation des chutes de coupes depuis longtemps. J'ai intégré l'entreprise il y a 1,5 an. J'ai senti qu'ici, il était possible d'avancer sans barrière. Nous avons présenté notre dossier très simplement ». La jeune femme, enthousiaste, ne s'est pas arrêtée là. Elle a présenté dans les semaines qui ont suivi, un projet de jardin ouvrier sur les terrains de l'usine. Idée validée immédiatement et produisant déjà ses premiers fruits. Chacun de ces projets est géré comme une intra entreprise, avec son propre compte d'exploitation. « Il est indispensable que le porteur de projet dispose de toutes les informations et puisse activer tous les leviers pour développer son activité », insiste Éric Boël. Les produits propres, tous des intraentreprises développées par des salariés, pèsent déjà 10 % du chiffre d'affaires des Tissages de Charlieu. La dynamique de création étant désormais bien installée dans l'entreprise, il est fort probable que d'autres innovations émergent dans les prochains mois, probablement démultipliées par " l'usine du futur " qui devrait sortir de terre l'année prochaine.

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