Chez Cizeron, le bio n’est pas un effet de mode
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Chez Cizeron, le bio n’est pas un effet de mode

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Cette entreprise familiale basée à La Gimond dans la Loire est spécialisée dans l’alimentation biologique pour les animaux d’élevage depuis plus de 45 ans et connaît une belle croissance.

Jean-Charles Cizeron (au centre), en compagnie de Didier Guillaume, ministre de l'Agriculture (à droite), et une employée (à gauche) lors du dernier Sommet de l'Élevage à Clermont-Ferrand, où Cizeron Bio a reçu un Sommet d'Or — Photo : DR

Elle est une pionnière du bio. Depuis 1973, dans son moulin de La Gimond, la société Cizeron Bio produit des aliments biologiques destinés à la consommation des animaux : bovins, porcs, volailles, chevaux, etc. « Nous faisons du vegan pour les animaux », s’amuse Jean-Charles Cizeron, PDG. Cette minoterie fondée en 1763 a choisi de prendre le virage du bio il y a plus de 45 ans pour des raisons « éthiques et économiques », rappelle celui qui incarne aujourd’hui la 6e génération à la tête de Cizeron Bio.

« Mon père faisait lui-même les mélanges de graines qu’il allait vendre aux éleveurs des Monts du Lyonnais », se souvient Jean-Charles Cizeron. Un jour, l’un d’eux lui a demandé d’ajouter des protéines. Et c’est ainsi qu’est née la première formule alimentaire équilibrée mise au point par l’entreprise dont c’est devenu la spécialité. « Notre métier est de faire des assemblages. Nous mixons des matières premières (céréales, protéines végétales, fibres, etc.) et réalisons des recettes pour l’alimentation des animaux », vendues sous la forme de granulés.

À la fin des années 90, la société Cizeron Bio produisait déjà 60 tonnes d’aliments biologiques pour animaux par mois. En 2018, ce chiffre atteignait les 2 400 tonnes. Il devrait franchir la barre des 3 000 tonnes cette année. L’entreprise ligérienne qui affiche une croissance annuelle de 10 à 15 % a réalisé l’an dernier 21 M€ de CA et emploie aujourd’hui une trentaine de salariés. « Les tests consommateurs montrent que la viande nourrie avec de la protéine valorisée est de meilleure qualité. Nourrir les hommes, c’est une bonne solution d’avenir », affirme Jean-Charles Cizeron qui a reçu début octobre un Sommet d’Or au Sommet de l’Élevage de Clermont-Ferrand. « Ce prix vient récompenser notre engagement en faveur de l’innovation. » Le PDG de Cizeron Bio fait référence à l’investissement d’1,5 M€ réalisé il y a deux ans, qui lui a notamment permis de développer un noyau protéique que les éleveurs incorporent désormais dans les aliments biologiques de leurs élevages.

« La formulation des aliments à partir de graines cultivées à 86 % en France évite les régimes excédentaires en protéines et les importations massives de soja. » Cette innovation unique sur le marché, à fort potentiel, qui intéresse les éleveurs français mais aussi étrangers a déjà séduit plus de 1 200 professionnels de l’élevage depuis son lancement il y a dix-huit mois.

Cizeron Bio exploite 80 matières premières différentes qui lui sont fournies par des céréaliers bios, majoritairement français. « Nous avons développé un système de valorisation de protéines végétales : nous cassons la matière première en morceaux pour en extraire des fractions plus ou moins riches. Cette idée part du constat qu’en bio, il n’y a pas assez de matières premières disponibles en France. Soit nous allions les chercher très loin en faisant abstraction de l’empreinte carbone, soit nous utilisions les matières premières produites sur place mais en les valorisant ».

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