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Zimmer Biomet Robotics : "Nous créons des robots utiles à l'humain"
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Carole Blazik nouvelle directrice générale de Zimmer Biomet Robotics "Nous créons des robots utiles à l'humain"

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Fabricant de robots chirurgicaux basé près de Montpellier, Zimmer Biomet Robotics officialise l’arrivée de sa nouvelle directrice générale, Carole Blazik. Celle-ci entend conforter la place de l’entreprise au sein d’un cluster local en forte émergence.

Carole Blazik est passée par des groupes comme Thales ou Safran avant de rejoindre Zimmer Robotics — Photo : Zimmer Biomet

Depuis le rachat en 2016 de la start-up Medtech par l’équipementier médical américain Zimmer Biomet, l’entreprise devenue Zimmer Biomet Robotics ne cesse de croître dans le segment de la robotique médicale. Elle s’est dotée en 2021 de locaux de grande ampleur à Mauguio, près de Montpellier, et approche du seuil des 200 salariés. Succédant à Marie-Anne Péchinot, la nouvelle directrice générale Carole Blazik dévoile sa feuille de route.

Quel a été votre parcours avant de rejoindre Zimmer Robotics ?

Après un diplôme d’ingénieure en matériaux obtenu à Toulon, j’ai accumulé 22 ans d’expérience dans l’aéronautique, au sein de groupes français tels que Thales et Safran, ou d’équipementiers américains comme Astronics. Ce parcours, très orienté vers l’industrie, m’a donné une bonne vision des métiers de l’entreprise. Mais en venant ici, j’ai fait un virage à 180 degrés car je souhaitais donner encore plus de sens à mon activité. Zimmer Robotics, en tant que partenaire du secteur santé, est une entreprise utile à l’humain.

Vous avez fait construire des locaux de 5 000 m2 à Mauguio, près de Montpellier, que vous occupez depuis quelques mois. Comment le site va-t-il évoluer dans les années à venir ?

Ma volonté est de poursuivre et d’accélérer l’industrialisation de l’entreprise. Cela se traduira par une montée en compétences de nos équipes, et par l’écriture d’une feuille de route toujours plus ambitieuse en termes de produits. Il nous reste encore divers process à installer pour absorber des volumes plus importants. Nous gérons l’ensemble de la chaîne, de la R & D à la livraison des robots, mais nous devons encore gagner en maturité industrielle dans la spécialisation de certaines fonctions en interne, ou bien vis-à-vis de nos fournisseurs.

ROSA, votre premier robot, a été conçu pour l’assistance au geste chirurgical dans les opérations du cerveau. Quelles autres pathologies votre gamme va-t-elle adresser ?

Elle a d’abord évolué vers les opérations mini-invasives du rachis (colonne vertébrale, NDLR). Plus récemment, nous avons lancé un modèle pour l’assistance à la pose de prothèse du genou. Nous avons en développement d’autres robots destinés aux opérations de la hanche ou de l’épaule. Le point commun de ces produits est de faciliter l’insertion d’implants, qui sont le cœur d’activité historique de Zimmer Biomet, notre groupe. Au-delà, nous travaillons aussi sur l’amélioration des produits existants, que nous voulons rendre plus compacts, plus légers, tout en disposant d’une plus grande connectivité. Ces solutions robotiques évoluent vers des systèmes de racks (blocs électroniques, NDLR) qu’on peut ajouter ou retirer facilement, ce qui est une approche moins coûteuse pour l’utilisateur.

Les services d’achat, au sein des hôpitaux, ont parfois été très prudents vis-à-vis des produits robotiques tels que les vôtres. Sont-ils plus réceptifs aujourd’hui ?

Oui, indéniablement. Ce n’est pas encore tout à fait acquis au sens où tous les hôpitaux n’en sont pas équipés, d’abord pour des questions budgétaires. Mais je rencontre beaucoup de jeunes chirurgiens, qui y voient un intérêt certain. C’est le gain de temps qui fait la différence, car certaines solutions sont capables de tourner 24 heures sur 24. L’avantage se mesure aussi en journées d’hospitalisation, parce que la chirurgie mini-invasive, moins lourde, permet de les réduire. Globalement, le marché évolue vers des plateformes qui communiquent, avec des applicatifs disponibles sur des appareils A, B, C etc. La notion de standardisation va se développer et c’est là encore un sujet qui intéresse les hôpitaux. Nous le regardons de près.

Qui sont vos plus gros clients ?

Les hôpitaux et les cliniques. Pour les robots dédiés à la chirurgie du cerveau, nous disposons du statut de "legal manufacturer" (fabricant légal, NDLR) qui nous permet de vendre en direct, comme nous l’avons fait au cours des derniers mois auprès des CHU de Montpellier, Amiens, Grenoble ou de la Salpêtrière à Paris. Mais le plus souvent nous passons par les entités du groupe Zimmer Biomet : il gère deux grands centres de distribution, aux États-Unis et aux Pays Bas, qui se chargent ensuite de vendre dans leurs zones géographiques respectives. Nos marchés les plus importants sont les États-Unis, avec 50 % des ventes, puis la zone Europe/Moyen-Orient, avec 40 %, et enfin la Chine, avec 10 %.

La pandémie a rendu stratégique, plus que jamais, la question de l’équipement en dispositifs médicaux des acteurs en santé. Le mesurez-vous dans vos chiffres de vente ?

Assez curieusement, la crise sanitaire de 2020 et 2021 nous a peu impactés. Toutefois, de nombreuses opérations jugées non prioritaires ont été décalées dans les hôpitaux, ce qui se traduit par un décalage de commandes que nous observons aujourd’hui. Heureusement, le rattrapage des ventes se fera vite, dès le deuxième ou troisième trimestre 2022. Une industrie comme l’aéronautique a plus de difficulté : l’inertie au sein de la filière ne permet pas d’envisager un retour au niveau d’activité de 2018 avant 2025. Dans le secteur santé, la reprise est plus nette car les reprogrammations d’interventions sont plus rapides.

Marie-Anne Péchinot, l’ex-directrice générale de Zimmer Robotics, et Bertin Nahum, PDG de Quantum Surgical, ont pris la parole en 2020 pour hâter la structuration d’une filière de robotique médicale à Montpellier. Poursuivrez-vous cette action ?

J’ai déjà eu des réunions de travail avec la Métropole de Montpellier à ce sujet, et je vais continuer à m’y atteler. Je suis en parfait accord avec Bertin Nahum sur le constat : nous disposons d’un vrai potentiel, mais il faut lancer de nouvelles actions pour faire briller ce pôle de compétences en région et au-delà. Nous sommes encore dans une phase où les jeunes ingénieurs en robotique ne pensent pas spontanément à Montpellier, et se tournent vers Toulouse, Bordeaux, voire Grenoble. Or, la capacité à attirer de nouveaux talents est un défi majeur. Cela peut passer par des partenariats ou même du co-développement au sein de l’écosystème montpelliérain. Je pense aussi à la formation. Les cursus ont beaucoup évolué, et comptent désormais de vraies filières en robotique. Mais il nous faut encore améliorer la correspondance entre l’offre de formation et le besoin de main-d’œuvre. Cela passera sans doute par plus de coopération, plus d’échanges entre les écoles, souvent issues de la culture universitaire, et nos entreprises, qui sont plus pragmatiques.

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