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Quantum Surgical : "Le cluster de robotique médicale est opérationnel à Montpellier"
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Bertin Nahum président et fondateur de Quantum Surgical "Le cluster de robotique médicale est opérationnel à Montpellier"

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Fabricant de robots pour le traitement mini-invasif du cancer du foie, Quantum Surgical va étendre son site industriel situé à Montpellier. Plus que jamais, son fondateur Bertin Nahum s’impose en force motrice du cluster local en robotique, aussi bien avec sa société qu’avec son futur campus dédié aux sciences de la vie, conçu avec deux associés dans le cadre du pôle MedVallée.

Bertin Nahum a fondé Quantum Surgical en 2017 à Montpellier — Photo : Sophie et Olivier Demols

Vous inaugurez une extension de votre site industriel le 3 octobre. Quel cap allez-vous passer en termes de production ?

Bertin Nahum : Mon aventure entrepreneuriale a commencé il y a plus de vingt ans, quand j’ai bâti ma première entreprise Medtech (également fabricant de robots médicaux, repris par l’américain Zimmer Biomet en 2016, NDLR) à proximité du BIC de Montpellier. Lorsque j’ai lancé Quantum Surgical, nous avons installé la société, en 2018, dans des locaux voisins de Medtech. Puisque cette dernière, devenue entre-temps Zimmer Biomet Robotics, a déménagé dans un nouveau parc d’activités, nous récupérons ce bâtiment pour créer un seul et même ensemble.

Après avoir investi 300 000 euros dans des travaux d’aménagement, nous disposons d’un site de 2 400 m2, équipé pour structurer une nouvelle production de robots médicaux à Montpellier. Zimmer l’a déjà fait, puisqu’elle produit aujourd’hui 400 robots par an. Nous nous mettons en position d’atteindre ce niveau d’ici sept à huit ans. Cela supposera notamment de répartir la production en différentes unités, tout en étant très rigoureux dans l’organisation, depuis le cycle de la R & D jusqu’à celui de la fabrication.

Vous avez obtenu un financement de 40 millions d’euros en 2021, pour vous renforcer aussi sur le plan interne. Trouvez-vous les talents requis dans le contexte de pénurie actuel ?

Nous avons une coloration très forte en matière de R & D. Nos besoins ne portent pas forcément sur des profils d’ingénieurs, car nous nous diversifions vers des fonctions réglementaires, commerciales, marketing, de production et de support technique. De plus, nous pouvons nous appuyer à Montpellier sur un véritable cluster de robotique médicale. Zimmer compte 230 salariés, nous venons de dépasser le seuil des 100 collaborateurs, tandis que des start-up comme AcuSurgical sont, elles aussi, en forte croissance. Le vivier de talents est donc constitué. Nous pouvons recruter des talents venus de Zimmer alors que, par le passé, nous devions les faire venir en Occitanie et les former. Le bassin d’emplois est en capacité d’attirer naturellement ces profils.

En 2021, Quantum Surgical a obtenu son marquage CE, suivi par l’homologation de votre robot par la FDA, l’agence du médicament américaine. Comment avancez-vous sur le front de la commercialisation ?

Ces certifications étaient un préalable au lancement commercial en janvier. Depuis, nous avons mis en place une équipe commerciale en Europe, et une véritable filiale composée de quatre personnes aux États-Unis. L’agrément de la FDA étant plus récent, nous avons réalisé nos premières ventes en Europe, notamment chez l’Institut Gustave-Roussy, le plus grand centre européen de lutte anti-cancer, situé à Paris. À terme, nous réaliserons les deux tiers de notre activité aux États-Unis.

D’un côté, le marché européen n’est pas uniforme, et de l’Allemagne à l’Espagne, chaque cible présente des particularités qui peuvent être un frein. De l’autre côté, le marché nord-américain est plus vaste, et surtout très ouvert aux dispositifs médicaux, dont la robotique. Dans tous les grands hôpitaux et les centres de recherche, c’est devenu un équipement standard qui est visé en priorité. J’aurai l’occasion d’annoncer la signature de marchés très significatifs en fin d’année.

Vous signez un nouveau partenariat stratégique avec votre principal fournisseur, la société suisse Staübli Robotics. Dans quel but ?

J’ai déjà construit des robots de A à Z dans ma carrière, et j’ai compris au bout du compte que cela revenait un peu à réinventer l’eau tiède. Car l’innovation en robotique ne réside pas dans la capacité à fabriquer de nouveaux robots. Une fois que l’on a identifié les besoins médicaux émergents, le défi réside dans les problématiques applicatives et réglementaires qu’il faut régler. La coopération avec Staübli, que nous avons démarrée il y a plus de dix ans, se justifie ici : nous demandons à notre partenaire de développer de nouveaux robots correspondant à nos besoins, que nous modifions et améliorons dans un second temps.

Le partenariat que nous signons va nous permettre d’aller plus loin. Jusqu’ici, Staübli nous vendait des robots sur étagère ; désormais, ils vont créer une gamme de robots médicaux, répondant toujours à nos spécifications, qu’ils réserveront en exclusivité à Quantum Surgical. En retour, nous les aidons à se positionner comme fournisseur dans la robotique médicale, sur d’autres produits.

Dans le cadre de MedVallée, le futur pôle d’excellence en santé globale porté par la Métropole de Montpellier, vous avez dévoilé cet été un projet de campus où vous investissez 60 millions d’euros aux côtés du promoteur immobilier Thierry Aznar et de l’architecte François Fontès. Pourquoi vous impliquez-vous dans cette démarche de filière ?

Parce que je soutiens fortement, avec mes associés, la vision de Michaël Delafosse (maire-président de Montpellier Méditerranée Métropole, NDLR) autour de la santé globale. Nous devons axer le développement économique métropolitain sur des forces déjà identifiées sur ce sujet dans le territoire. Ce campus dédié aux sciences de la vie accompagnera cette ambition. Si nous parvenons à créer un nœud d’entrepreneuriat sur ce site, c’est toute une activité dédiée à la santé globale qui se développera autour. Nous venons de signer un compromis avec la SERM (société d’aménagement de la Métropole, NDLR), qui nous vend le foncier pour développer ce projet significatif de 19 000 m2 de surface de plancher. Le campus inclura un incubateur et un accélérateur de start-up, un institut de formation, mais aussi une offre de logement pour jeunes actifs et une aire de restauration. Car derrière les entreprises, nous voulons réunir l’offre pour faire naître un véritable lieu de vie. C’est une condition nécessaire pour convaincre les jeunes générations.

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