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ValorYeu transforme les filets de pêche usagés en objets du quotidien
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ValorYeu transforme les filets de pêche usagés en objets du quotidien

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Pour lutter contre la pollution des océans, la société vendéenne ValorYeu, installée sur l’Île d’Yeu, récupère les filets de pêche usagés et les recycle en objets du quotidien ou en bobines de fil pour l’impression 3 D, dans une démarche d’économie circulaire low-tech.

Laure Jandet, fondatrice de ValorYeu, va fabriquer une pièce du purificateur d’eau Orisa en filets de pêche recyclés — Photo : ValorYeu

Les filets de pêche usagés représentent près de 10 % de la pollution plastique au fond des océans. Pour lutter contre ce fléau, Laure Jandet a fondé, en 2018, ValorYeu, dans le but de valoriser ces déchets en nouvelles ressources afin de produire des objets recyclés. Après avoir créé l’entreprise sur le continent, près de Nantes, la fondatrice qui a grandi à l’Île d’Yeu, décide d’y ancrer son entreprise pour créer des emplois localement. Les filets de pêche sont récupérés auprès des pêcheurs de l’Île d’Yeu, mais aussi de La Rochelle, Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Le Croisic, La Turballe et des îles de Houat et Hoëdic. Afin de limiter au maximum l’impact environnemental, ils sont collectés et transportés, une fois par an, par un bateau à voile de Noirmoutier. "Les filets sont nettoyés à la main pour séparer les matières (algues, morceaux de plastique…), rincés à l’eau de pluie et séchés par le vent. L’objectif est de consommer le moins d’énergie possible à chaque étape de la transformation", explique Laure Jandet.

Contrats avec Fonto de Vivo et Longchamp

Les filets de pêche sont ensuite broyés et transformés en granulés avant d’être injectés dans des moules. "Nous avons développé un broyeur sur mesure en collaboration avec l’école d’ingénieurs l’ICAM, à Nantes, et le fabricant de machines pour le traitement des déchets ECP, à Geneston (Loire-Atlantique). Nous arrivons également à produire des filaments 3D sur des bobines", relate Laure Jandet. Ces matières recyclées servent, non pas à fabriquer des filets de pêche neufs, ce qui aurait nécessité d’incorporer de nouveaux intrants et solvants, mais des objets du quotidien, comme des assiettes à huîtres, des boîtes à œufs, des mousquetons… Ces produits recyclés s’adressent essentiellement aux particuliers, tandis que les bobines de fil 3 D ciblent plutôt les professionnels. "Nous avons beaucoup de demandes de réparation émanant de particuliers et de pêcheurs pour remplacer des pièces du quotidien", témoigne la fondatrice. Celle-ci a également conclu des contrats avec des entreprises. Ainsi, la société nantaise Fonto de Vivo a intégré dans une version de son purificateur d’eau Orisa une molette en filets de pêche recyclés. Cette édition de 500 exemplaires est produite pour répondre aux besoins des insulaires pour qui la gestion de la ressource en eau est centrale. Le groupe Longchamp est également intéressé pour utiliser les matières recyclées de ValorYeu dans des pièces techniques destinées à simplifier le travail des maroquinières.

L’entreprise, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 22 000 euros en 2022, n’emploie pas encore de salariés. Elle travaille avec un réseau d’indépendants et accueille, via un partenariat avec le centre communal d’action sociale (CCAS) des personnes en immersion et réinsertion, dans une démarche inclusive. ValorYeu, qui cherche à recruter son premier salarié, a commencé à travailler sur le sourcing des bouchons en plastique qui seront broyés, via un vélobroyeur fonctionnant à l’énergie humaine. "D’ici la fin de l’année, je disposerai de quatre ou cinq machines (extrudeur, presse à injecter…), mais l’énergie humaine et la low tech restent mes priorités. De même, je veux dupliquer le projet ValorYeu sur d’autres territoires à forte saisonnalité, plutôt que de faire un gros ValorYeu sur l’île d’Yeu", conclut la dirigeante.

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