Témoins de l’essor des énergies renouvelables, les contrats d’achat direct d’électricité (PPA) se multiplient sur le marché français. À Montpellier, l’énergéticien Valeco (270 salariés, CA 2022 : 70 M€) et le Crédit Agricole du Languedoc (CAL, 2 700 salariés, 180 agences) franchissent une nouvelle étape dans leur collaboration en signant un accord de ce type. En 2016, la banque régionale avait investi dans le parc photovoltaïque (5 MW) développé par Valeco à Saint-Paul-lez-Durance (Bouches-du-Rhône). En 2021, les 2 partenaires ont co-financé l’extension (2,2 MW) de cette centrale : l’électricité produite sera vendue par Valeco à CAL, au titre du PPA signé en janvier 2024, au terme de 3 ans de discussion.
Un fort impact territorial
Dans le cadre de ce PPA, la vente de l’électricité produite sera réalisée à des conditions déterminées à l’avance pendant une période de 15 ans. "Le Crédit Agricole du Languedoc nous a financés et a aussi été co-actionnaire sur certains projets. Cela a du sens de signer aujourd’hui ce PPA pour converger davantage. Il permet à notre partenaire de décarboner sa consommation, tout en ayant une vision à 15 ans avec un prix de l’électron compétitif (tarifs non communiqués, NDLR)", résume François Daumard, président de Valeco.
De son côté, CAL pourra, à travers ce dispositif, couvrir 30 % des besoins énergétiques au sein de son organisation territoriale (180 agences, 3 centres administratifs). En 10 ans, la banque régionale a déjà réduit sa consommation de 19 à 11 GWh, mais veut encore progresser tout en privilégiant les énergies renouvelables. "En plus de rentrer au capital de ce projet, nous avons voulu en profiter pour notre propre consommation. Il n’y a pas toujours eu de cadre juridique pour ça, d’où l’intérêt de ce PPA. Il va servir de modèle à d’autres caisses régionales au sein du groupe Crédit Agricole. C’est aussi une démarche à fort impact territorial, qui contribue à la réindustrialisation locale", se félicite Christophe Pouzol, directeur de l’immobilier de CAL.
Un nouveau volet technologique
Il s’agit du 26e PPA signé par Valeco, soit une puissance globale de 1,5 TWh signée à ce jour. Le développeur montpelliérain en compte 4 ou 5 de plus en cours de développement d’ici la fin 2024. L’accord trouvé avec CAL illustre un facteur d’accélérateur clef pour ce type de contractualisation : une nouvelle maturité juridique. "En 4 ans, le marché bancaire du financement des PPA s’est ouvert. Cela a généré de nouveaux modèles juridiques. Les tensions sur le marché mondial de l’énergie ont aussi favorisé cette nouvelle souplesse", souligne Christel Dompietrini-Parisot, directrice financière de Valeco.
Enfin, le PPA conclu avec CAL présente aussi pour Valeco un avantage technologique, plus inattendu. La centrale solaire de Saint-Paul-lez-Durance est intégrée à Megasol, une plateforme de recherche et d’innovation appartenant au Centre de l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives (CEA) de Cadarache. À ce titre, elle permettait déjà de comparer les performances des panneaux photovoltaïques standards à celles de panneaux à concentration équipés de trackers. Sur l’extension du parc, Valeco pourra étudier les différences de performance entre des panneaux bifaciaux et monofaciaux. "Ce modèle de PPA va continuer à s’améliorer, en intégrant des nouvelles briques technologiques comme celles-ci. Cela contribuera aussi à assurer une meilleure continuité d’approvisionnement", conclut François Daumard.
