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Time for the Planet, l'entreprise qui veut un milliard pour lutter contre le réchauffement climatique
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Time for the Planet, l'entreprise qui veut un milliard pour lutter contre le réchauffement climatique

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Lever un milliard d’euros pour créer 100 start-up dont la mission sera de lutter contre le réchauffement climatique, c’est le projet porté par Time for the Planet. Une initiative hors-norme qui a déjà séduit plus de 20 000 investisseurs, dont 2 000 entreprises. Les trois premières solutions financées par la société lyonnaise seront connues fin juin.

L’initiative Time for the Planet a été lancée en décembre 2019 par six entrepreneurs lyonnais — Photo : Time for the Planet

4,06 millions d’euros récoltés grâce à 22 000 investisseurs. Demain, ces chiffres auront déjà changé. Car chaque jour, Time for the Planet attire une centaine de nouveaux actionnaires et lève entre 10 000 et 20 000 euros de plus. À l’initiative de ce projet ambitieux lancé en décembre 2019, six entrepreneurs lyonnais : Mehdi Coly, Denis Galha Garcia, Nicolas Sabatier, Coline Debayle, Arthur Auboeuf et Laurent Morel. "Nous avons été réunis autour d’une idée commune, celle que l’entreprise est un outil incroyable pour lutter contre le dérèglement climatique car elle transforme nos modes de vie", explique Arthur Auboeuf, l’un des cofondateurs.

Rapprocher inventeurs et entrepreneurs

Leur objectif : sélectionner 100 innovations qui luttent contre les gaz à effet de serre pour les transformer en entreprises. "Nous mettons en lien des inventeurs et des entrepreneurs puis nous injectons de l’argent", décrit Arthur Auboeuf. Les solutions obtenues auront pour vocation à être dupliquées grâce à l’open source, pour obtenir 100 marchés avec un réel impact sur la planète. Pour y parvenir, Time for the Planet prévoit de lever un milliard d’euros en proposant aux citoyens et entreprises de devenir actionnaire à partir d’un euro. 2 000 entreprises de toutes tailles auraient ainsi investi.

Les PME investissent 10 000 euros en moyenne dans le projet

Parmi elles : le groupe Visiativ (1 000 salariés, CA : 190millions d’euros), le family office de Bruno Rousset Evolem (90 entreprises, 850 millions d’euros d’actifs), la start-up Inovaya (10 salariés) ou la société LDLC (1 000 salariés, CA : 724 millions d’euros), qui a injecté 200 000 euros. "Ce qui m’a convaincu c’est que le projet se trouve entre les mains d’entrepreneurs. Les politiques ou les grosses entreprises n’iront jamais assez vite. Les start-up, elles, ont l’agilité et la rapidité pour faire bouger les choses et aujourd’hui on a besoin d’aller vite", expliquait Laurent de La Clergerie, le dirigeant de LDLC, invité lors du dernier événement de Time for the Planet.

"Il nous semblait important de montrer l’exemple"

Chez Sogelink (200 collaborateurs, CA : 43 millions d’euros), le spécialiste lyonnais de logiciels pour le BTP, l’idée est d’abord venue des collaborateurs. La moitié a investi à titre personnel, encouragée par l’entreprise qui a ensuite abondé. Résultat : 20 000 euros réunis. "Nous évoluons dans des secteurs très émetteurs de CO², il nous semblait important de montrer l’exemple", consent Fatima Berral, la présidente de Sogelink. Le ticket moyen des PME serait de 10 000 euros, celui des grands groupes de 50 000. En échange, les actionnaires ne perçoivent pas de dividendes mais un nombre annuel de tonnes de CO² que leur investissement aura permis d’éviter. "Cela peut s’inscrire dans un bilan carbone", poursuit Fatima Berral.

Une SCA à but non lucratif

Légalement, Time for the Planet est une société en commandite par actions (SCA), "le meilleur statut pour pouvoir faire des augmentations de capital successives", explique l’un des cofondateurs. Ce type de société doit distribuer des dividendes ou émettre une condition au versement de ceux-ci. "Notre condition, c’est que la température de la planète redevienne égale à celle d’avant 1850. Pas gagné", sourit Arthur Auboeuf. L’entreprise ne rémunère ni ses actionnaires, ni ses dirigeants. Elle ne compte en fait qu’un seul salarié, vidéaste. Les six cofondateurs ont tous mis en veille leur activité pour se consacrer au projet, bénévolement et à plein temps (ou presque). Ils devraient proposer le vote de leur salaire (plafonné à quatre fois le Smic selon les statuts) dès les 10 millions d’euros de collecte atteints. Un cap qu’ils espèrent franchir d’ici fin 2021.

Ce fonctionnement peu ordinaire fait du bruit, grâce notamment à une communication sans détour et hyperactive sur les réseaux sociaux. "Pisser sous la douche ne suffira pas" : ce slogan provocateur a été affiché en janvier sur les abribus lyonnais. Une campagne de pub estimée à un million d’euros, offerte à Time for the Planet par JCDecaux, grâce à l’intervention d’un associé convaincu. Car, en plus de leur argent, certains investisseurs donnent aussi leur temps, leurs compétences, leur notoriété ou leur réseau.

Cinq innovations présélectionnées

Time for the Planet peut ainsi compter sur 3 500 d’entre eux, bénévoles actifs, pour photographier, traduire, corriger ou appeler les nouveaux membres pour leur souhaiter la bienvenue. La force du collectif, la société lyonnaise l’utilise aussi pour identifier les innovations dans lesquelles elle investira. 3 000 évaluateurs citoyens formés ont déjà sélectionné dix projets parmi les 400 reçus, selon six critères : impact, faisabilité technique, externalités, réplicabilité, potentiel marché et viabilité. En mars, ces solutions ont été étudiées par un comité de 14 experts, chercheurs (CEA, CNRS) ou entrepreneurs. Cinq d’entre elles ont été retenues : Leviathan Dynamics (système de réfrigération), Entent (valorisation de déchets thermiques), Rainbow Ecosystem (maisons passives), Aredox (stockage de l’énergie) et Project Vesta (solution de captation carbone). Actuellement en phase de "test marché", ces innovations ne seront plus que trois le 26 juin, après le vote des 22 000 actionnaires lors de l’assemblée générale. Ce seront les premières à obtenir le financement de Time for the Planet.

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