C’est un plan qui se déroule sans accroc. Tiamat, basée à Amiens dans la Somme, poursuit son développement, conformément aux objectifs annoncés lors de sa précédente levée de fonds, de cinq millions d’euros, en 2021. L’entreprise de 20 salariés se lance donc dans une phase cruciale, la création de sa propre usine pour ses batteries au sodium, qui lui permettra de s'affranchir de la sous-traitance asiatique. Un investissement ambitieux : pour y parvenir, Tiamat est en passe de lever 100 millions d’euros, pour moitié en equity, et pour moitié en dette.
"Depuis notre dernière levée de fonds, nous avons renforcé nos équipes, et réussi notre entrée sur le marché : nous sommes en train de livrer notre premier client, un grand spécialiste de l’outillage électro-portatif. Les produits seront en magasin fin 2023. C’est une vraie victoire pour nous, qui vient valider tout le travail accompli. En parallèle, nous continuons à développer et livrer des POC (preuve de concept, NDLR) à d’autres prospects, dans différents secteurs. Avec la conviction que l’adhésion des têtes de pont nous ouvrira nos marchés, une filière après l’autre," expose Hervé Beuffe, le président de Tiamat. L’entreprise est notamment partenaire de Plastic Omnium (8 Md€ de CA 2021, 30 000 salariés) sur ses développements liés à l’hydrogène.
Vers le milliard en 2030
Reconnaissant un "calendrier ambitieux", le dirigeant compte avoir bouclé sa levée pour le mois de juin. L’usine serait pour sa part opérationnelle, pour sa première partie en tout cas, en 2025. "C’est un projet en tranches, qui va monter en puissance progressivement pour atteindre, à terme, une capacité de 5 Gw/h, soit une production de 500 000 à 700 000 cellules de batteries par jour. A l’horizon 2030, l’usine emploiera plusieurs milliers de salariés, et Tiamat devrait réaliser un milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel", se projette Hervé Beuffe, qui ne souhaite pas communiquer sur ses chiffres actuels - l’entreprise a déclaré 49 000 euros de chiffre d’affaires en 2021.
C’est que le marché, en pleine ébullition, est particulièrement porteur. Grâce à son innovation sodium-ion, dans laquelle le sodium se substitue au lithium, Tiamat produit des batteries dites "de puissance", particulièrement adaptées à l’hybridation de tous types de motorisations, pour les véhicules routiers, les trains ou les avions. Elles se prêtent également parfaitement aux installations stationnaires. Enfin, ces batteries, qui se rechargent en moins de 10 minutes, sont idéales pour les outils électroportatifs mais aussi, pour servir de batterie de secours pour un véhicule électrique.
Un écosystème favorable
Pour l’implantation de ce futur site industriel, peu de suspense. Tiamat a de très fortes chances de rester dans les Hauts-de-France, pour s’inscrire dans la dynamique régionale autour des batteries. "Même si notre technologie est différente de celle mise en œuvre au sein des grands projets qui ont été annoncés, la Vallée de la Batterie reste une très bonne nouvelle pour nous. C’est tout un écosystème qui se met en place, depuis la formation à ces nouveaux métiers jusqu’à la revalorisation des cellules, et nous comptons bien pouvoir en bénéficier", résume Hervé Beuffe.
En attendant, Tiamat va continuer à faire grossir ses équipes, qui devraient tripler d’ici 2025 pour atteindre 60 à 70 personnes, notamment en R & D, dans les fonctions commerciales et en pré-industrialisation.
