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Soprema fait des eaux grises son nouvel eldorado
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Soprema fait des eaux grises son nouvel eldorado

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En France, 150 litres d’eaux grises sont générés chaque jour par habitant. Habituellement évacuées dans les égouts, elles peuvent connaître une seconde vie au sein des bâtiments. Ce que propose Soprema avec son innovation "Skywater Clear".

Le toit du restaurant du "Grand Charles", du nom du siège de Soprema à Strasbourg, présente un dispositif de phyto-toiture — Photo : DR

À chaque fois lavage de mains, de douche ou de lancement de machine à laver, on utilise de l’eau potable. Indispensable ? Oui. Écologique ? Non. Une fois utilisée, cette eau devient grise, c’est-à-dire impropre à une réutilisation. Pour éviter ce gaspillage vers les égouts, les équipes de Sopranature, entité du groupe Soprema (4,8 milliards d’euros de CA 2022), ont développé la solution "Skywater Clear", qui permet de réutiliser les eaux grises des bâtiments. Son objectif ? Lancer une gestion résiliente et concertée de l’eau afin de réduire de 10 % son prélèvement d’ici 2030.

Or bleu

Les équipes de Sopranature ont constaté que l’eau pluviale déversée sur les toits n’était pas suffisante. "Nous constatons une grande disparité. Entre la Bretagne et la Corse, nous allons certes récupérer le même volume d’eau, mais ce ne sera pas de la même manière, ni avec la même intensité, ni au même moment", explique Lionel Sindt, responsable technique de Sopranature. Conscient de l’importance de sauvegarder cet or bleu, le leader des produits d’étanchéité et d’isolation thermique des bâtiments développe depuis plus de 10 ans des outils pour collecter et réutiliser les eaux pluviales. Sa dernière innovation "Skywater Clear" en est une extension.

Un cycle vertueux

Les eaux grises proviennent des lavabos, douches et machines à laver. Sont exclues celles issues des toilettes et de la cuisine. "Toutes les entreprises avec de l’activité humaine produisent des eaux grises", précise Lionel Lindt. L’innovation de Soprema détourne ces eaux grises du réseau afin de les stocker dans un local technique. Un système de préfiltration va permettre de dissocier les éléments solides des éléments liquides. Ceux-ci vont ensuite être remontés en toiture grâce à une pompe afin d’être épandus sur un bassin doté de plantes. "Ces eaux vont traverser un substrat dans lequel des bactéries naturellement présentes vont décomposer certains polluants organiques", explique Lionel Sindt. Ce qu’on appelle dans le milieu un "traitement sur filtre planté" à l’image du dispositif qui orne la toiture du restaurant du "Grand Charles", le siège de Soprema à Strasbourg.

Mais le traitement des eaux grises ne s’arrête pas là. Une fois traitées par ces plantes hélophytes semi-aquatiques, elles vont être récupérées et clarifiées avec de l’eau oxygénée. Puis, nettoyées, les eaux grises pourront ensuite être réutilisées par les machines à laver, la chasse d’eau des toilettes mais aussi pour laver les équipements, les voitures et les sols extérieurs.

Seul démonstrateur français

Lancée commercialement fin 2023, l’innovation "Skywater Clear" peut être installée dans tous types de bâtiments abritant de l’activité humaine, allant de la maison individuelle au grand site industriel. Seul impératif technique : que le toit soit adapté au système, ce qui suppose une certaine charge. De plus, la réglementation concernant l’usage domestique des eaux impropres à la consommation humaine est en pleine évolution afin de donner un cadre favorable à ce type d’installation. En attendant, Soprema présente surtout cette solution aux collectivités, architectes et bureaux d’études. "Nous sommes le seul démonstrateur de phyto-toiture en France. Il faut du temps pour que cette solution innovante se transforme en réflexe", conclut Lionel Sindt.

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