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Sermeta veut se développer en Chine
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Sermeta veut se développer en Chine

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L’usine Sermeta de Morlaix va s’agrandir en 2020 avec une extension de 11 000 m² destinée à accueillir deux nouvelles lignes de production d’échangeurs thermiques pour chaudières. Pour se développer, l’entreprise vise la Chine, mais travaille surtout sur une nouvelle génération d’échangeurs utilisant l’hydrogène.

Jo Le Mer, président de Sermeta, investit 10 millions d'euros pour agrandir l'usine de Morlaix. — Photo : © Isabelle Jaffré

« Avec le recul, je sais maintenant que c’était la bonne décision », sourit Jo Le Mer. En 2014, l’industriel morlaisien a repris le contrôle de Sermeta (740 salariés, 200 M€ de CA), bureau d’études et fabricant d’échangeurs thermiques pour chaudières, qu’il avait lui-même créés en 1993. Après une association avec l’italien Giannoni, l’entreprise avait été rachetée (à 65 %) par le fond américain Carlyle en 2010. Quatre ans plus tard, le capital redevenait ainsi familial, grâce à l’appui du Crédit Mutuel Arkéa, dd’Unexo (filiale du Crédit Agricole) et de Bpifrance. Un ancrage local, avec une usine de 700 personnes à Morlaix et une autre de 40 salariés à Lannion (fabrication de tubes), qui tient à cœur à Jo Le Mer. « On est en Bretagne et on fait tout pour y rester ! »

10 M€ d’investissement

Pour preuve, ce nouvel investissement de 10 millions d’euros pour agrandir l’usine de Morlaix. « Nous disposons de 58 000 m² et nous allons construire une extension de 11 000 m² », détaille le patron. Objectif : installer des nouvelles lignes de production pour deux nouvelles générations d’échangeurs. « Nous avons déjà commencé à les fabriquer, en réarrangeant les lignes existantes, mais nous sommes à l’étroit ! » Les travaux démarreront début 2020 pour un bâtiment qui sera opérationnel au second semestre pour produire 2 millions d’échangeurs.

La première ligne produira des échangeurs de forte puissance jusqu’à 2000 KW destinés notamment au grand export. Ils correspondent en particulier aux besoins des industries agroalimentaires ou de grands bâtiments publics comme les hôpitaux.

Sermeta fabrique des échangeurs thermiques pour chaudières industriels et domestiques. — Photo : © Isabelle Jaffré

L’industriel a également lancé une autre gamme : des échangeurs nouvelle génération pour les chaudières domestiques, là aussi pour le marché mondial. « Nous avons réussi à automatiser et robotiser la fabrication de façon à pouvoir faire de la production de masse et ainsi être très compétitif », souligne Jo Le Mer. La nouvelle ligne de fabrication, de 130 m de long, va nécessiter la création de dizaines de postes : du technicien à l’ingénieur en passant par le conducteur de ligne.

Grâce à ces nouvelles gammes, Jo Le Mer vise trois millions d’échangeurs produits par an d’ici deux à trois ans. « Nous étions à 1,4 million en 2014. À moyen terme, l’objectif est même d’atteindre 4 millions, sur un marché mondial de 18 à 20 millions d’appareils », estime le président de Sermeta.

Présent sur les 5 continents

L’entreprise réalise en effet 98 % de son activité à l’export. « Nous exportons sur les cinq continents », indique Jo Le Mer. En Europe et aux États-Unis, la société morlaisienne affiche même 35 % de parts de marché. Elle a obtenu une accréditation russe en 2010. Aujourd’hui, les marchés porteurs sont en Turquie, mais aussi en Chine, où Sermeta dispose d’un bureau commercial et d’un dépôt à Canton. Un marché au potentiel énorme avec une classe moyenne qui monte et du chauffage domestique qui se modernise. « On sait que c’est un parc de 4 à 5 millions d’installations à créer ou renouveler. Ce qu’on ne maîtrise pas, c’est le calendrier ! »

Préparer l’avenir avec l’hydrogène

Sermeta fabrique deux tiers de ses échangeurs thermiques pour des chaudières domestiques, un tiers pour les industriels. « Mais cela peut amener à évoluer, notamment avec la diversification des modes de chauffage », avance Jo Le Mer. Née en tant que bureau d’études, l’entreprise possède un fort ADN d’innovation. 60 personnes travaillent dans le service R & D, soit près de 10 % de l’effectif. Leurs travaux actuels portent beaucoup sur l’utilisation de l’hydrogène pour remplacer les énergies fossiles comme le gaz naturel. « Le génie thermique est un vaste sujet sur lequel on se penche beaucoup. Nous collaborons avec un laboratoire de Toulouse spécialiste de l’hydrogène. Déjà, nos appareils fonctionnent avec du gaz naturel mais aussi avec des gaz issus de la méthanisation. La nouvelle génération vise à intégrer différents types de gaz pour atteindre les objectifs de décarbonisation souhaitable ainsi que l’utilisation de méthane et des biogaz. » L’enjeu pour Sermeta est de garantir la même puissance calorifique de la chaudière quel(s) que soient les gaz utilisés. Cela augmentera la part d’hydrogène dans le réseau de gaz pour le chauffage par exemple de 5 à 10 pour cent voire à 20 pour cent !

« C’est un débouché qui peut être très important pour l’énergie renouvelable, explique Jo Le Mer. Ce qui réduit d’autant le gros problème de stockage résultant de la production par intermittence des énergies renouvelables tels que le solaire et l’éolien, etc. Il y a des recherches sur les batteries, mais aussi sur l’électrolyse de l’eau pour produire de l’hydrogène, plus facile et moins coûteux à stocker que de l’électricité. On pourra l’utiliser comme carburants pour le transport, mais pas seulement. Notre manière de contribuer, c’est de chercher une solution pour l’utiliser comme moyen de chauffage. Notre futur est là. »

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