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Sept ans après son indépendance, le fabricant de thé Scop-Ti approche du point d'équilibre
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Sept ans après son indépendance, le fabricant de thé Scop-Ti approche du point d'équilibre

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Malgré la crise sanitaire, le fabricant de thés et infusions Scop-Ti (ex-Fralib) a vu son chiffre d’affaires augmenter et a réduit sensiblement son déficit. L’entreprise basée à Gémenos renforce sa marque 1336 avec le lancement d'une gamme bio en grande distribution.

OIivier Leberquier dirige l'entreprise Scop-Ti,qui produit et commercialise la gamme de thés et d’infusions 1336 — Photo : Scop-Ti

Société coopérative et participative fondée en 2014 sur les cendres de l'usine Fralib, filiale du groupe Unilever qui fabriquait, depuis 1975, le "Thé de l'Éléphant" à Gémenos (Bouches-du-Rhône), le fabricant de thés et infusions Scop-Ti poursuit son développement. En 2020, malgré la crise sanitaire, l'entreprise a connu une croissance de 5,9 % et un chiffre d'affaires de 4,2 millions d'euros pour 39 salariés.

"Lors du premier confinement, les consommateurs ont beaucoup acheté de thés et d'infusion, qui faisaient partie des denrées de première nécessité. Nos commandes ont également été multipliées par quatre pour les marques de distributeur (MDD) que nous fabriquons pour Leclerc, Intermarché ou Carrefour", explique Olivier Leberquier, président du conseil d'administration de Scop-Ti. Des marques de distributeur qui représentent près de 55 % de l'activité de l'entreprise.

Circuits militants

Sur les 210 tonnes annuelles produites par Scop-Ti, 170 tonnes vont aux MDD et le reste pour sa propre marque baptisée 1336 (le nombre de jours d'occupation de l'usine durant le conflit qui a opposé les salariés de Fralib au groupe Unilever à partir du 28 septembre 2010, NDLR). "Notre marque est relativement jeune. On la retrouve dans la grande distribution mais nous nous développons aussi sur des circuits différents, plus militants, comme les épiceries solidaires, les comités d'entreprise, des associations… Le réseau militant représente aujourd'hui 40 % des débouchés de notre marque", précise Olivier Leberquier.

En 2021, Scop-Ti a décroché de nouveaux marchés en MDD, notamment ceux de Grand Frais, de Bioline (à La Réunion et aux Antilles) et de la Maison Beljanski, qui commercialise la gamme Onko Tea avec laquelle la PME a développé un thé spécifique.

En phase de rationalisation

"Quand nous avons repris l'entreprise, Unilever n'a pas voulu nous céder la marque "Thé de l'Éléphant", pourtant née à Marseille et uniquement distribuée en France, qui est aujourd'hui fabriquée en Pologne. Une aberration en termes de bilan carbone", regrette Olivier Leberquier. Scop-Ti s'est alors tourné vers la grande distribution et les MDD afin de disposer de volumes importants et faire tourner son outil industriel. "Nous avons ensuite lancé notre marque 1336. Aujourd'hui, nous sommes en phase de rationalisation et de stabilisation de nos productions à façon et nos marges s'améliorent. Nous approchons du point d'équilibre", détaille avec enthousiasme le dirigeant.

Pour la marque 1336, Scop-Ti vient de décrocher deux nouveaux contrats, avec Auchan et Franprix. "Nous sommes aujourd'hui référencés principalement dans la grande distribution dans le Sud-Est de la France, mais l'idée est d'aller petit à petit vers une présence nationale. Quand nous entrons dans un magasin, nous n'en sortons pas, c'est très positif. Nos produits sont sans arômes artificiels, conçus en circuit court et ils plaisent", commente Olivier Leberquier.

Pour suivre les tendances du marché, Scop-Ti a récemment accentué ses efforts dans le bio. "Nous disposions déjà d’une gamme bio, baptisée Scop-Ti bio, mais elle était réservée exclusivement au réseau des magasins Biocoop", rappelle le dirigeant. Les autres gammes de l’entreprise étant commercialisées sous le nom de "1336", les consommateurs avaient du mal à faire le lien entre les deux marques. "Depuis le début de l’année, nous avons donc une gamme cohérente bio, baptisée 1336 bio, qui est présente dans la grande distribution."

Un conflit social qui continue d'inspirer

"Les consommateurs n’achètent pas simplement du thé mais toute une histoire, celle de notre lutte contre Unilever. Même si les années passent, cet enthousiasme ne s’étiole pas. Régulièrement, notre combat est remis dans la lumière", souligne Olivier Leberquier, qui était délégué syndical CGT à l'époque de Fralib.

"Quand Unilever nous a finalement cédé les machines et a financé la création de notre Scop, personne ne pensait que nous y arriverions. Nous avions les compétences techniques, mais aucun des salariés restants n’était compétent en termes marketing ou commercial. Nous nous sommes formés, nous nous sommes entourés des bonnes personnes et cela fait maintenant sept ans et nous sommes là à faire tourner notre Scop. Tout l’argent reste dans l’entreprise, est réinvesti. Nous ne dépendons pas d’actionnaires. Notre conflit a clairement posé le problème de la répartition de la richesse", ajoute-t-il. Scop-Ti vient de recruter son tout premier salarié non issu du conflit. Une embauche chargée de symbole.

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