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Oxxius compte sur son robot maison pour profiter du rebond attendu de ses marchés
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Oxxius compte sur son robot maison pour profiter du rebond attendu de ses marchés

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Fabricant de lasers haut de gamme pour la recherche bio-médicale et l’analyse chimique, Oxxius a développé un robot de fabrication au prix d’un investissement de trois millions d’euros, qui va lui permettre de produire plus et avec une meilleure "reproductibilité". La PME se tient prête pour la reprise de ses marchés.

Thierry Georges devant le robot qui est le fruit d’un développement de l’entreprise depuis fin 2021 — Photo : Matthieu Leman

Le fabricant de lasers lannionnais Oxxius (65 salariés, 8 M€ de CA 2022) récolte les fruits de son projet Lacio, lancé fin 2021. "Nous avons développé un robot qui automatise la fabrication de certains de nos produits, se félicite Thierry Georges, l’un des fondateurs et le PDG de l’entreprise. Il permet de positionner les optiques à une précision meilleure que le micron." Ce nouvel équipement, sur lequel Oxxius a investi deux millions d’euros et reçu un million d’euros de subvention au titre de France 2030, va permettre de faire face aux fluctuations des demandes sur quelques produits. "On pourra multiplier par dix la production pendant quelques semaines", note le dirigeant. Le robot entraînera également une meilleure "reproductibilité" des tâches dans la fabrication.

Deux exemplaires

Son robot pourrait-il être une source de revenus supplémentaires pour la PME costarmoricaine ? "On ne le vendra pas, en tout cas pas à nos concurrents, nous n’avons pas envie qu’ils en profitent, sourit Thierry Georges. Mais un exemplaire pourrait se retrouver un jour chez Lumibird, par exemple." Une entreprise non concurrente et reconnue dans l'écosystème de la photonique. En attendant, tandis que le premier exemplaire du robot va encore demander six mois de mise au point, un deuxième, toujours destiné à Oxxius, se trouve en cours de fabrication chez le sous-traitant français qui l’a co-développé.

Les lasers d’Oxxius sont le fruit des dix premières années de vie de l’entreprise, qu’elle a consacrées à la R&D grâce au financement de plusieurs fonds d’investissement. Depuis la sortie des premiers modèles de lasers monolithiques et compactes, en 2012, Oxxius a continué à les faire évoluer, en consacrant chaque année entre 15 et 20 % de son chiffre d’affaires en R & D. "Nous fabriquons des lasers haut de gamme, pour la super résolution, qui révèlent des détails de quelques nanomètres", reprend le président. Ils équipent les appareils d’analyse, comme les microscopes.

Son marché a également évolué. Si celui de la recherche bio-médicale reste le premier marché de volume de la PME, représentant les deux tiers de son activité, Oxxius s’est développé dans le domaine de l’analyse chimique et de la spectroscopie raman (méthodes non destructives d’observation et de caractérisation de la composition moléculaire). Ses applications sont multiples : analyse des nano-plastiques dans l’eau de mer, assurance qualité dans la pharmaceutique, analyse des pigments dans les tableaux, analyse de surface pour les industriels de l’électronique et de l’optique…

Oxxius séduit de nouveaux clients

Malgré ce développement, l’activité d’Oxxius a souffert. D’abord de la pandémie, puis d’une mésaventure en 2023 qui a laissé un goût amer à Thierry Georges. "Un de nos actionnaires ne peut plus investir, j’ai passé beaucoup de temps pour en trouver un autre, de nationalité belge, mais Bercy a refusé du fait de sa nationalité (NDLR : pour des raisons de souveraineté technologique), regrette le Costarmoricain. Cela a freiné notre investissement et m’a épuisé."

Ce temps perdu, ainsi que les taux d’intérêt élevés, qui ont repoussé les renouvellements de matériel des clients, et des problèmes de variations de stocks sur le marché mondial des matières premières, ont entraîné une "mauvaise année 2023", qui devrait être sanctionnée par un chiffre d’affaires de 7 millions d’euros. "Mais nous continuons de gagner des clients, qui vont compenser cette phase un peu molle. Et les labos vont finir par devoir racheter du matériel", ajoute le dirigeant. Le rebond de l’activité a été anticipé par un agrandissement en cours de 150 m² des locaux de l’entreprise.

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