Ouvêo Bretagne (23 M€ de CA en 2022, 130 salariés) a de l'ambition. Le fabricant de fenêtres en bois, PVC et alu installé à Plélan-le-Petit va investir dans un nouveau bâtiment. Dans cette extension de 2 500 m², sera installé l’atelier de peinture, qui comportera d’abord deux robots puis quatre. Ces machines permettront notamment de limiter les ports de charge pour les cinq salariés du service. L’investissement se monte à 2 millions d’euros pour le bâtiment et à 1,5 million d’euros pour les robots. Le début de la construction aura lieu en mars 2023 pour commencer l'activité début 2024.
Ces premiers travaux ne sont que le point de départ d’une réorganisation d’ampleur de la production, comme l’explique Richard Meleuc, qui a pris en mai 2021 la direction de la filiale du groupe Estemi (100 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2022, 550 salariés). "Nous étudions un projet d’extension supplémentaire qui pourrait aller jusqu’à 10 000 m²", explique celui qui peut déjà compter sur deux bâtiments de 4 500 m² chacun. "Nous avons le foncier et plusieurs solutions."
Rationalisation de la production
L’idée est d’augmenter la production de fenêtres en bois, qui représente aujourd’hui 9 des 23 millions d’euros de l’activité de l’entreprise costarmoricaine. Augmenter la production mais aussi la productivité. Celle-ci est déjà passée de 30 menuiseries par jour à 50 menuiseries en un an, grâce à un travail de rationalisation de la production, de méthode et de polyvalence des équipes. Si le service compte déjà un centre d’usinage, le projet vise à atteindre les 200 menuiseries par jour en automatisant encore davantage le process avec des machines postées qui seront affectées chacune à une tâche unique, rendant inutiles le changement de fraises. L’objectif est de séquencer les phases de travail et de multiplier par cinq le ratio homme - pièces de bois. Pour cela, deux options : déménager les services expédition, et stockage dans un nouveau local de 4 000 m² et y mettre de la production à la place. Ou construire un nouveau bâtiment pour la fabrication. Une deuxième étape qui n’est pas encore chiffrée mais qui devrait faire passer le chiffre d’affaires de l’activité bois de l’entreprise de neuf millions d’euros de chiffre d’affaires à 40 millions d’euros.
La matière bois "a le vent en poupe", estime le dirigeant. Le matériau gagne du terrain au point que "nous avons dû refuser deux millions d’euros de chiffre d’affaires dans notre production bois depuis le début de l’année", assure le directeur du site, qui produit des fenêtres pour tout le groupe Estemi. "Il y a 15 - 20 ans, beaucoup d’acteurs ont migré vers la fabrication en PVC ou en alu, il y a donc moins de concurrence", explique Richard Meleuc. Mais aussi moins d’entreprises à racheter dans ce domaine. C’est pourquoi l’extension du site de Plélan-le-Petit s’est imposée.
Des bois exotiques moins chers
Le bois utilisé provient à 75 % d’Afrique. L’entreprise achète la grume et une première transformation (l’aboutage ou l’assemblage en lames) se fait par un spécialiste en France. "Les bois exotiques restent moins chers que les espèces européennes", assure le dirigeant : 1 400 euros le mètre cube contre 2 200 euros pour le chêne, par exemple, "qui souffre en plus de difficultés d’approvisionnement". Des réflexions sont d'ailleurs menées avec les fournisseurs et les écoles spécialisées afin d’étudier la possibilité d’élargir l’éventail des espèces présentes dans l’Hexagone.
Ouvêo Bretagne fabrique tous ses produits sur-mesure. Outre le bois, la PME utilise le PVC (qui génère 10 millions d’euros de chiffre d’affaires sur les 23 au total) et l’aluminium (4 millions d’euros de CA) pour la confection de ses fenêtres. Ses 400 clients sont uniquement des artisans. "Nous avons suffisamment de demandes pour ne pas aller voir du côté des pavillonneurs ou des appels d’offres", confie Richard Meleuc.
Cinq entreprises dans le groupe
Les équipes commerciales d’Ouvêo Bretagne, composées de dix collaborateurs dont le terrain de jeu s’étend au Grand Ouest, proposent également les volets roulants, les volets battants et les portes de garage produits par les autres entreprises du groupe Estemi. Créé formellement en décembre 2021, celui-ci regroupe Ouvêo Aquitaine (siège du groupe), Ouvêo Hauts-de-France (anciennement Menuiserie Seeuws, rachetée en 2019), Provelis (Saint-Etienne ; acquis en 2014) et Loubat dans le Lot-et-Garonne (acquis en 2021), les trois premiers étant consacrés aux fenêtres, les deux derniers aux volets. L’ensemble compte 4 200 clients. Ouvêo Bretagne (anciennement Menuiserie Guigneux à Plélan-le-Petit) en fait partie depuis 2006.
Difficultés de recrutement
Pour accompagner sa croissance, l’entreprise costarmoricaine cherche toujours des collaborateurs et surtout, "le mouton à cinq pattes", qu'est le menuisier, un métier où la main d'oeuvre se fait de plus en plus rare. "Nous n’avons aucun retour pour nos annonces d’emploi", déplore d'ailleurs le dirigeant. Mais les fonctions support sont également concernées : le poste de technicien de saisie est vacant depuis plus d’un an. Pour y remédier, la PME forme beaucoup, accueille des alternants et a mis en place la semaine de quatre jours depuis le mois d’avril 2022. Résultat : la productivité est en hausse de 15 %. Un accord de modulation permet de repasser temporairement aux cinq jours si la production le nécessite. Une prime de participation a également été versée aux salariés en 2022.
