Meurthe-et-Moselle
"Nous allons centrer nos efforts sur le lustre et les affaires spéciales"
Interview Meurthe-et-Moselle # Industrie

Maggie Henriquez directrice générale et Eric Brient "Nous allons centrer nos efforts sur le lustre et les affaires spéciales"

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Arrivée en avril 2022 pour prendre la direction de Baccarat, Maggie Henriquez pilote un moment de forte croissance pour la maison -3e employeur de Meurthe-et-Moselle- qu'elle associe à un investissement important dans l'outil de production. Rencontre avec la dirigeante et son directeur des opérations, Eric Brient.

Maggie Henriquez, directrice générale, et Eric Brient, directeur des opérations de la Maison Baccarat — Photo : Jules Petras

Baccarat a engagé un plan d’investissement global de 80 millions d’euros dans son outil de production, où cet investissement en est-il ?

Eric Brient : L’investissement lancé à l’été 2021 est actuellement dans sa deuxième phase de travaux. Il s’agit du pic de la transformation industrielle. Les travaux dureront jusqu’au 1er janvier 2025. Le cœur de l’investissement se porte sur le four en cours de construction, le plus gros de l’histoire de Baccarat avec une capacité de 18 tonnes par jour, et capable d’intégrer la chrysalide vers un cristal sans plomb, à l’avenir. Les premières productions sur ce nouvel outil démarreront à partir du 30 octobre.

Sur ce nouvel outil, nous combinons l’énergie électrique, le gaz naturel et nous substituons une partie de l’air dans la combustion par de l’oxygène pour réduire notre empreinte carbone. Sur la manufacture du froid (le travail du cristal après la fabrication à chaud, NDLR), nous renouvelons une grande partie des équipements de taille ainsi que l’entièreté de nos outils de polissage acide (étape pour redonner la brillance au cristal après la taille). Nous avons également modifié la technologie de la centrale de traitement de nos eaux de taille, pour être à empreinte 0 sur nos rejets.

Où Baccarat en est-il sur la mise au point d’un cristal sans plomb dans la composition ?

Maggie Henriquez : Nous avions annoncé pouvoir passer en cristal sans plomb en 2024, nous avons commencé sur le chemin mais il reste du travail à faire.

Eric Brient : Il s’agira du plus parfait faux frère jumeau du cristal au plomb, une nouvelle référence du cristal. C’est un travail démarré en 1992, un travail de longue haleine pour que la mue se déroule de manière imperceptible pour nos clients. L’enjeu pour Baccarat n’est pas de produire ce nouveau matériau, mais de le faire en maintenant une qualité similaire.

Comment les effectifs de Baccarat évoluent-ils ?

E. B. : L’année 2022 a correspondu à 130 recrutements pour la manufacture, dont 87 créations nettes d’emplois. Cette année, nous prévoyons 30 recrutements nets. Nous sommes passés d’un collectif de 500 personnes au 1er janvier 2021, pour arriver à 700 salariés d’ici fin 2023. Nous sommes le 3e employeur du département. Au-delà des recrutements, nous avons un plan de gestion des carrières pour faire monter en compétences les gens que l’on intègre. Nous engageons 20 000 heures de formation par an, soit 12,5 équivalents temps pleins en formation continuellement. C’est nécessaire pour rendre robustes nos équipes.

M. H. : Il y a 118 métiers différents sur la manufacture et, pour certains, une seule personne qui détient le savoir-faire. Notre chance, c’est l’attractivité de la maison, qui nous permet d’attirer des salariés. Depuis deux ans, nous nous appuyons davantage sur les aptitudes des demandeurs d’emploi que sur les expériences ou la formation. Nous avons des exemples de personnes qui se sont révélées verriers ou verrières en franchissant les portes de la maison.

L'activité luminaire de Baccarat compte pour 18 % du chiffre d'affaires de la maison et est amenée à croitre — Photo : Baccarat

Comment les marchés pour la maison Baccarat vont-ils évoluer ? Quelles sont vos priorités ?

M. H. : Nous avons une croissance de 40 % depuis 2019 à 2023. Il y a de profonds changements de consommation qui profitent à Baccarat.

E. B. : Ce que nous pensions conjoncturel se révèle structurel en termes d’activité. Après un fort programme d’embauches et de formation du personnel, nous souhaitons désormais porter nos efforts sur le lustre personnalisé et les affaires spéciales. La demande est présente, nous nous préparons à répondre plus vite à nos clients.

M. H. : Je crois profondément à ce segment. Le luminaire, qui représente 18 % de notre volume d'activité, est amené à croître. Nous allons également continuer de développer certains marchés exports très porteurs, comme les États-Unis, le Moyen-Orient et l’Asie. Nous avons, par exemple, ouvert début 2023, 2 boutiques à Singapour et à Chengdu (Chine). Il n’y a pas d’autres ouvertures prévues mais des rénovations des magasins existants. Enfin, le territoire de la mixologie est un lieu d’expérimentation fort pour Baccarat. C’est l’occasion de répondre aux besoins expérientiels de nos sociétés et de connecter fortement Baccarat avec la jeunesse.

Comment la maison Baccarat envisage-t-elle sa relation avec la ville de Baccarat ?

M. H. : Le fait que l’entreprise porte le nom de sa ville confère à notre maison une responsabilité vis-à-vis de la commune. Quand j’arrive en train à Baccarat, j’arrive chez moi. C’est une connexion forte, qui a peut être été un peu moins travaillée ces derniers temps, mais à présent Baccarat doit se rendre utile à son territoire. Cette année, la manufacture a travaillé en partenariat avec la ville pour proposer une expérience immersive dans le but de palier à la demande de visites des ateliers. Il s’agit d’une exposition pilote qui fera ensuite le tour de monde, et qui est visible ici jusqu’en octobre 2023. Ensuite d’autres projets seront portés dans les prochains mois pour que la maison Baccarat soit au rendez-vous des visiteurs de la ville.

L'animation "Alchimie, l'expérience immersive", accessible gratuitement dans un bâtiment de la manufacture Baccarat jusqu'en octobre 2023 — Photo : Baccarat
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