Laval
New Loop, l’entreprise mayennaise qui veut produire à partir des déchets plastiques
Laval # Gestion des déchets # Création d'entreprise

New Loop, l’entreprise mayennaise qui veut produire à partir des déchets plastiques

S'abonner

Le président d’Europlastiques, leader d’emballages alimentaires pour plats cuisinés, via sa holding, et un ingénieur se sont associés pour créer l’entreprise New Loop, à Laval. Celle-ci va démarrer dans quelques jours son activité qui consiste à produire des plaques de plastiques recyclées.

Benjamin Barberot, patron d’Europlastiques, et Arnaud Delobelle, associé et gérant de New Loop, veulent faire des déchets plastiques une matière première — Photo : Frédéric Gérard

New Loop. C’est le nom d’une nouvelle entreprise à Laval qui vise à recycler au maximum tous les déchets plastiques. "J’ai habité en Chine. L’idée m’est venue de là-bas. Les besoins en matériaux sont tellement importants que des personnes ramassent des bouteilles plastiques dans la rue pour qu’elles soient réutilisées", raconte Arnaud Delobelle, gérant et associé majoritaire à 60 % de New Loop. "En Europe, on a un temps d’avance, même s’il reste beaucoup à faire. À l’inverse, en Arizona (États-Unis), il n’y a qu’une seule poubelle, ils ne trient pas. C’est ce qui m’a incité à me lancer", complète Benjamin Barberot, président d’Europlastiques, associé au capital de la jeune entreprise. Leur objectif est de "limiter l’emploi des matières vierges, de limiter les déchets plastiques dans la nature, mais aussi de donner une valeur aux déchets".

Compenser l’empreinte carbone

Et l’idée remonte à cinq ans. Arnaud Delobelle veut revenir s’investir en Mayenne. Il se rapproche alors de son ami Benjamin Barberot, et lui souffle ses premières réflexions… Justement, le groupe de plasturgie est en réflexion sur les questions de la gestion de la fin de vie de ses emballages. "Dans l’alimentaire, la réglementation nous interdit de faire du recyclage, et pour ce qui est de réduire la part des hydrocarbures, nous avons peu de prise sur nos fournisseurs, qui sont de grands fabricants", explique le patron d’Europlastiques.

En 2020, l’entreprise mesure son empreinte carbone. "Et ce qui pèse le plus, ce sont les matières plastiques que l’on consomme. Ça, on ne peut pas y faire grand-chose. En revanche, on pouvait imaginer d’augmenter la proportion de notre impact tout de suite sur la fin de vie de nos produits".

Mars 2022, New Loop est créée. "Notre approche est locale, dans un rayon de 200 kilomètres, précise Arnaud Delobelle. Se donner des limites, c’est aussi ne pas perdre le sens de ce qu’on fait, réduire les déchets et les rejets." Idem pour la fabrication. "On parvient à produire des plaques de plastiques recyclés sans extrusion, ce qui réduit la dépense énergétique." Le process est basé sur la thermo-compression, moins énergivore. Un broyeur-déchiqueteur crée d’abord la "matière première", des copeaux de plastique, plus ou moins gros en fonction des besoins. La capacité de broyage est équivalente à 500 kg ou 1 tonne à l’heure, en fonction de la densité des objets introduits, soit potentiellement 40 tonnes par semaine.

Atteindre les 6 millions de chiffre d’affaires en cinq ans

Dans l’atelier de Décostyl, filiale historique d’Europlastiques spécialisée dans l’injection mais aussi la sérigraphie, les machines ont fini d’être installées. L’activité va réellement débuter la semaine prochaine, avec l‘arrivée des cinq premiers intérimaires. "Dès l’année prochaine, ils seront entre dix et quinze", annonce Arnaud Delobelle. Un million et demi d’euros ont été investis. "L’objectif à cinq ans est d’avoir un chiffre d’affaires de 6 à 7 millions d’euros et d’employer 25 personnes." Une deuxième ligne de thermo-compression pourra alors être envisagée.

New Loop veut proposer des plaques de plastiques recyclés à l’épaisseur et à la solidité différentes en fonction des utilités finales — Photo : Frédéric Gérard

Pour l’heure, la partie thermo-compression est sous-traitée. La machine, construite sur-mesure, devrait être livrée d’ici décembre 2024. Des plaques de 3 mètres sur 1,30 mètre et de 5 millimètres à 6 centimètres d’épaisseur sortiront du site lavallois. Les premières, produites chez un autre opérateur, "pourront servir à faire de l’agencement, des cloisons ou des plans de travail, des bureaux, etc. Elles pourront aussi être usinées pour fabriquer de petits objets, comme des cintres ou des chausse-pieds. Mais on veut le faire nous-mêmes, pour éviter que de nouveaux déchets plastiques se dispersent dans la nature avec les résidus de fabrication."

Seuls les PVC resteront, dans un premier temps, sous forme de copeaux pour être proposés à des industriels.

Collecte déléguée

La collecte des matières est en revanche déléguée. "Séché, Passenaud, Paprec… : des acteurs sont déjà là, on ne s’en occupera pas. Nous sommes plutôt là pour voir ce qu’on va faire avec la matière." Car du plastique, il y en a de différents composants, dont les plus complexes à recycler, ceux avec de multiples composants dont les ferreux. Polypropylène, polyéthylène, polystyrène… : le retrait (propriété physique de la matière à rétrécir en refroidissant) et la solidité peuvent varier. New Loop devra alors calibrer les mélanges de copeaux plastiques pour obtenir la densité attendue du produit fini. "En fonction du gisement qu’on aura, on sera sans arrêt dans l’élaboration de nouvelles recettes. Si un fournisseur nous apporte des déchets de manière linéaire et en volumes suffisants, on pourra alors envisager un type de production plus stable, et plus fiable, qu’on pourra essaimer", indiquent les deux associés.

La densité et la dimension des copeaux de plastiques broyés peuvent varier en fonction de la finalité de la plaque pour laquelle ils seront compressés — Photo : Frédéric Gérard

Déchets de plasturgie, emballages, récipients, objets divers du commerce, etc. "On sait que le gisement ne va pas manquer, avance Arnaud Delobelle. Après, c’est plus une question de temps pour que le marché se développe."

Laval # Gestion des déchets # Plasturgie # Création d'entreprise # Innovation # RSE