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Comment Europlastiques s’invente un avenir avec moins de plastique
Mayenne # Plasturgie # International

Comment Europlastiques s’invente un avenir avec moins de plastique

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Groupe familial créé à Laval en 1959, Europlastiques est devenu leader de la production d'emballages alimentaires pour le marché des plats cuisinés. Dans un secteur en pleine évolution, l'entreprise mène une transition vers la circularité. Elle se positionne sur le recyclage ou le réemploi de ses produits comme sur la création de nouveaux matériaux non dérivés du pétrole.

Europlastiques emploie 75 personnes à Changé, près de Laval. L'usine produit 300 millions emballages alimentaires par an — Photo : Europlastiques

Créé en 1959 à Laval par Henri Barberot, Europlastiques produit des emballages alimentaires en plastique, par injection. Aujourd'hui présidé par Benjamin Barberot, petit-fils du fondateur, le groupe a dégagé un chiffre d'affaires consolidé de 31 millions d'euros en 2021. Le centre de production principal d'Europlastiques se trouve désormais sur les hauteurs de Changé (Mayenne), dans un bâtiment de 15 000 m2 construit en 2013. Dirigé depuis février 2022 par Stéphane Thomas, il réalise 22 millions d'euros de chiffre d'affaires, dont 10 % à l'export, avec 75 salariés. Quelque 300 millions d'emballages alimentaires pour le marché des plats cuisinés y sont produits chaque année, pour le compte de 200 clients dont Fleury Michon, Savencia (fromages Saint-Morêt), Agrial (Créaline) ou, localement, les Rillettes gorronnaises.

Le groupe s'est étoffé en 1982 avec l'intégration de Decostyl à Laval, spécialisé dans le parachèvement de pièces, par sérigraphie notamment (1 M€ de chiffre d'affaires avec une dizaine de salariés). En 2017, Europlastiques s'est implanté outre-Atlantique en rachetant IML Plastix, devenu Elips, au Québec. L'activité est similaire, développée pour des clients au Canada à 95 %. Depuis la reprise par Europlastiques, le chiffre d'affaires canadien a plus que doublé, passant de 4 millions à 9 millions de dollars canadiens (environ 7 millions d'euros) en 2021.

Benjamin Barberot, PDG d'Europlastiques, est le petit-fils du fondateur de l'entreprise. Il gère le groupe depuis le Québec, où il a emménagé après l'acquisition de la filiale Elips — Photo : Europlastiques

Le président du groupe Benjamin Barberot, qui a piloté ce déploiement nord-américain, a passé le 1er septembre la main à la direction générale d'Elips au mayennais Guy Michel, jusqu'alors à la tête du service commercial du groupe à Laval.

Nautilium, un plastique biodégradable issu de bactéries

Au Canada comme sur ses autres marchés, Europlastiques œuvre pour être proactif dans les évolutions majeures du secteur de la plasturgie, répondant aux attentes sociétales ou réglementaires (loi Anti Gaspillage pour une Économie Circulaire notamment), et donc dessinant l'avenir de ses activités.

"Nous restons convaincus que le plastique est utile pour préserver et transporter des aliments", défend Benjamin Barberot, qui consent tout de même que ce matériau "présente un inconvénient dans la gestion de sa fin de vie". Prendre cette question à bras-le-corps implique une réflexion globale et une action à plusieurs niveaux, en amont comme en aval de la production, avec la circularité comme objectif.

Nautilium est un matériau produit par fermentation de bactéries. Il pourra à terme remplacer le plastique — Photo : Europlastiques

La création de nouveaux matériaux non issus de la pétrochimie représente une voie d'avenir prometteuse. En février 2022, un pas important a été franchi : le consortium d'entreprises de l'Ouest constitué par Europlastiques, Elixance (Morbihan), Polymaris Biotechnology (Brest), Séché Environnement (Mayenne) et Triballat Noyal (Rennes) a annoncé le développement de Nautilium, un matériau biodégradable issu des fonds marins bretons dont les molécules sont produites par la fermentation de bactéries.

Ce projet, débuté il y a une quinzaine d'années, a représenté un investissement de 2 à 3 millions d'euros pour le consortium. L'ambition est de mettre en place un pilote industriel pour une première production de Nautilium à partir de 2025, sur un site installé "dans le Grand Ouest". Ensuite, la montée en puissance devrait aboutir à une production à terme de plusieurs centaines de tonnes par an. Outre l'essence naturelle et durable de Nautilium, cet "élevage de bactéries" fournira un matériau produit localement, tandis qu'aujourd'hui, Europlastiques s'approvisionne en Espagne, en Italie ou en Belgique.

"Réduction, recyclage, réemploi"

Quels que soient ces nouveaux matériaux, "il y aura une période de transition. On ne peut pas attendre qu'ils soient disponibles immédiatement en quantités industrielles", analyse Benjamin Barberot. C'est pourquoi le premier axe de travail porte sur les fameux trois R : réduction, recyclage, réemploi.

Europlastiques intègre la préoccupation de l'économie d'énergie et de matière tant pour ses process que pour l'utilisation par ses clients — Photo : Europlastiques

La réduction de matière guide l'éco-conception des produits. "Nous mettons chaque année 300 millions d'emballages sur le marché, mais en consommant moins de plastique pour cela. On maximise également la quantité d'emballages par mètre cube pour le transport, tout comme la quantité de produits processables par le client", appuie le dirigeant. Europlastiques ne travaille qu'avec des matériaux recyclables, et en mono-matière, ce qui ne perturbe pas le tri lorsque le produit devient déchet. L'industriel a également été l'un des premiers, en 2008, à proposer des emballages compostables.

L'intégration de plastique recyclé dans la fabrication est récente et cela ne représente qu'une infime partie des 5 000 tonnes de plastique annuelles utilisée par l'entreprise. Au-delà du surcoût que certains clients ne sont pas encore prêts à assumer, la raison est surtout que l'approvisionnement est contingenté par les fournisseurs. Cette filière étant émergente, il y a encore peu de matière sur le marché. La fabrication de ce plastique recyclé à usage alimentaire est soumise à un process d'hygiène rigoureux et plus complexe. Europlastiques et ses fournisseurs sont certifiés par un organisme externe, afin de garantir la traçabilité.

Bientôt une usine de meubles en plastique recyclé

"Nous agissons sur l'amont mais nous souhaitons aussi le faire sur l'aval", insiste Benjamin Barberot. Europlastiques a pris une participation dans une future entreprise dont l'activité sera de fabriquer des meubles ou objets (table basse, tabouret, plans de travail, etc.) constitués de planches issues de chutes plastiques, entre autres de thermoformage. "Nous voulons maîtriser la qualité du plastique que nous allons récupérer, et revaloriser le déchet à 100 % en recyclant les copeaux de cette nouvelle usine", décrit le dirigeant. Cette activité créera des emplois, dont "des métiers traditionnels puisque les plaques se travaillent de la même manière que le bois". L'usine se situera à Laval. Pour l'heure, les deux associés ne communiquent pas plus avant sur le dossier.

Enfin, le réemploi monte en puissance. Si la plupart des industries agroalimentaires fournissent au consommateur des emballages en mono-utilisation, "demain les acteurs auront le choix de mettre en place une boucle avec un emballage réutilisable", décrit Benjamin Barberot. Europlastiques est, par exemple, partenaire de Bolhero, l'expérimentation de consigne dans les commerces de bouches menée par MB Pack. Pour les particuliers, "nous avons créé une boîte de repas facilement lavable et transportable".

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