À Troyes, Michelin poursuit sa réorientation vers le haut de gamme. Spécialisé dans la fabrication de pneus agricoles, le site de l’Aube (760 salariés) concentre 40 % de la capacité de production mondiale de pneus agricoles du groupe de Clermont-Ferrand (132 200 salariés ; 28,59 Md€ de CA en 2022). Implantée sur un terrain de 34 hectares à la Chapelle-Saint-Luc (Aube), l’usine exporte 85 % de sa production (66 % en Europe et 29 % en Amérique du Nord) et compte parmi ses clients des constructeurs comme les groupes CNH (Case, Steyr, New Holland) et AGCO (Fendt, Challenger, Massey Ferguson, Valtra) ou encore John Deere et CLAAS.
En dépit du ralentissement de l’activité, la feuille de route 2021-2026 du site, à l’origine une ancienne usine Kleber rachetée en 1981, reste orientée autour de deux priorités principales : fabriquer les gammes de pneus de demain à des coûts compétitifs en s’orientant vers des marchés plus rémunérateurs, notamment vers le marché des tracteurs à forte puissance, et développer l’attractivité du site en améliorant la qualité de vie au travail.
Conditions de travail améliorées
Pour supprimer des tâches pénibles et à faible valeur ajoutée au sein des ateliers, le site a inauguré ses premiers robots l’année dernière, en attendant l’introduction de chariots automatisés en 2024. Ses bureaux d’études planchent sur un projet de machine d’assemblage des pneus agricoles plus performante et plus ergonomique, dont le premier prototype devrait être achevé en décembre 2023.
Parallèlement, le site s’efforce de prévenir les difficultés de recrutement dans le bassin de Troyes. Il a notamment lancé en 2021 le programme îlot Avenir. Ce dispositif prévoit la création d’un îlot de production spécifique pour assurer un suivi personnalisé de personnes nouvellement recrutées. Depuis 2021, 30 opérateurs ont été recrutés en CDI dans ce cadre, et 90 % d’entre eux sont encore en poste aujourd’hui.
Au même moment, les ressources humaines doivent gérer une réduction des effectifs, avec le transfert de l’atelier mélangeage de Troyes vers l’usine de Montceau-les-Mines qui va s’opérer progressivement d’ici fin 2025. Les 114 salariés concernés bénéficient de l’accord national ADAPT 2021-2023 de Michelin, qui vient d’être prolongé pour le site de Troyes : retraite anticipée, mobilité au sein du site de Troyes, mobilité vers l’atelier mélangeage - des composants du pneu - de Montceau-les-Mines ou vers un autre site Michelin en France, ou encore mobilité externe volontaire pour les salariés qui préféreraient quitter le groupe.
Émissions CO2 divisées par deux en 2030
En 2020, le site de Troyes a défini sa feuille de route zéro CO2 pour répondre aux objectifs du groupe Michelin : réduction par deux de ses émissions en 2030 et atteinte de la neutralité carbone en 2050. L’objectif est d’améliorer son efficacité énergétique de 2 % par an grâce à une sensibilisation des salariés de l’usine, l’isolation des machines et des bâtiments, la maintenance, etc. Autant de leviers dont l’efficacité est renforcée et mesurée par la digitalisation.
Pour atteindre les objectifs de décarbonation définis par le groupe pour 2030, deux leviers techniques complémentaires sont à l’étude : la refonte du système de chauffage et l’électrification pour certains procédés industriels. L’unité de valorisation énergétique, exploitée par l’entreprise Valaubia depuis 2021, assure déjà 50 % des besoins estivaux du site en vapeur décarbonée. Différents projets de modernisation devraient également permettre de "diminuer significativement la consommation d’eau du site d’ici fin 2024".
