L’histoire de Marguerite & Cie commence par une révolte. Celle de Gaële Le Noan, ancienne orthophoniste, à la lecture d’une étude portant sur la composition des tampons et serviettes hygiéniques parue en 2017. Produits chimiques aux effets cancérogènes, perturbateurs endocriniens, plastiques… « Je me suis sentie trahie, et j’ai immédiatement commencé à chercher une solution qui respecte à la fois le corps des femmes et la planète », se souvient celle qui, dès 2012, avait déjà en tête un concept de livraison de box par abonnement. « S’il y a bien une chose dont la majorité des femmes ont besoin chaque mois, c’est bien des protections hygiéniques », résume-t-elle.
Bio, en box et solidaire
Après quatre mois de recherche, elle trouve enfin un fournisseur : le britannique Natracare, première marque au monde à avoir proposé une alternative biologique aux produits classiques. De quoi poser les bases de son entreprise, qu’elle crée en février 2018 après avoir obtenu un prêt bancaire de 47 000 €. « À l’époque, je recevais les produits en vrac et je les conditionnais en box selon les besoins des clientes », se rappelle celle qui confie désormais cette tâche aux travailleurs de l’Esat de l’Odet. En parallèle, la militante au sourire communicatif se rapproche de l’ADSF - Agir pour la santé des femmes - une association qui lutte contre la précarité menstruelle des femmes SDF et dont elle couvre les besoins en tampons et serviettes.
Un million d’utilisatrices d’ici 2021
Deux ans plus tard, Gaële Le Noane a largement prouvé la valeur de son concept. De 90 K€ de CA fin 2019, celle qui emploie désormais 5 salariés vise les 500 K€ d’ici la fin de l’année. « Nous touchons à l’heure actuelle plus de 350 000 utilisatrices, et espérons en toucher un million d’ici 2021 », détaille-t-elle. Une belle performance réalisée jusqu’à présent « sans aucune prospection », confie celle qui vient tout juste d’investir 25 000 € dans un nouveau site internet et va devoir déménager pour répondre à l’explosion de la demande.
Des distributeurs de protections gratuites
Car au-delà des box, Gaële Le Noane a récemment développé et breveté un concept de distributeurs low-tech de protections hygiéniques gratuites. Une petite révolution dans le secteur qui, moyennant une location de 120 € à l’année et 122 € par recharge de 300 produits, a d’ores et déjà séduit une dizaine de grands comptes français parmi lesquels la SNCF, Afflelou, Libération ou encore Greenpeace. « Ça rentre dans leur budget RSE et ne leur coûte en moyenne que moins de 2 € par collaboratrice et par mois », souligne l’entrepreneuse. Elle vient par ailleurs de décrocher un autre contrat de taille dans le cadre d’une expérimentation : l’installation de ses distributeurs dans une centaine de collèges et lycées de Bretagne et en Île-de-France, 16 universités et bientôt, peut-être, dans les prisons pour femmes. « Notre modèle est duplicable à l’infini et dans tous les pays du monde », estime celle qui vient justement d’être approchée par le gouvernement suisse et planche en parallèle sur la mise à disposition de kits de protection hygiéniques dans les chambres d’hôtel.