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Laboratoire Claripharm à la pointe sur l’étude des menstruations dans l’Espace
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Laboratoire Claripharm à la pointe sur l’étude des menstruations dans l’Espace

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Laboratoire Claripharm, qui fabrique des produits de santé intime pour les femmes, a noué un partenariat avec le Cnes pour étudier la réaction des règles dans l’Espace. L’entreprise à mission mène plusieurs combats contre les conséquences de la précarité et de la précocité menstruelles. Sa dirigeante, Clarisse Le Court, aimerait que la Bretagne devienne un pôle important de la medtech.

Clarisse Le Court a créé Laboratoire Claripharm en 2013 — Photo : Matthieu Leman

Laboratoire Claripharm (CA non communiqué, 15 salariés), qui conçoit et fabrique des dispositifs médicaux, compléments alimentaires et produits cosmétiques en santé intime de la femme, a noué en 2023 un partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes) pour résoudre la question des menstruations dans l’espace. Si les femmes astronautes prennent des hormones pour ne pas avoir leurs règles pendant les missions, cette solution ne pourra être appliquée sur la longueur de voyages vers la Lune ou Mars. En avril, un vol parabolique va analyser le comportement du sang dans une coupe menstruelle du laboratoire costarmoricain. "Nous pensons que c’est le bon produit", analyse Clarisse Le Court, la présidente et fondatrice de l’entreprise basée à Saint-Alban. Les études vont porter également sur l’utilisation du sang récupéré. "On pourrait en extraire des cellules souches pour des reconstitutions osseuses, on pourrait l’utiliser comme engrais ou comme un indicateur de la santé de la personne, se félicite la Costarmoricaine. Le sang des règles deviendrait un co-produit valorisable."

La R & D représente 35 % du chiffre d’affaires

Changer le regard sur les menstruations est l’un des objectifs de la cheffe d’entreprise, qui mène bien d’autres combats. Celui contre les règles douloureuses ou abondantes a trouvé une réponse avec le lancement en 2021 puis 2022 de deux compléments alimentaires à base de plantes à l’efficacité revendiquée. "Les douleurs sont diminuées de 40 %, c’est énorme ! Et la longueur est réduite de 7 à 4 jours et le volume divisé par deux", affirme la dirigeante, dont l’entreprise consacre 35 % de son chiffre d’affaires en R & D. Claricare, sa coque de protection en silicone pour les parties intimes, utilisée notamment après une épisiotomie, a demandé par exemple un budget de recherche d’1,5 million d’euros. Elle bénéficie d’un brevet international.

Clarisse Le Court aimerait plus largement que la Bretagne devienne un acteur incontournable de la medtech. "Nous avons de jolies boutiques comme Biosency à Rennes, NG Biotech (Ille-et-Vilaine) ou Cristalens à Lannion. Nous pourrions ouvrir nos portes pour accompagner de nouveaux entrepreneurs", appelle de ses vœux celle dont la société est adhérente à Produit en Bretagne, et qui envisage un partenariat avec un "acteur fort du territoire" pour produire ses compléments alimentaires dont le brevet est en cours.

Sécurité des produits

Autre combat, celui de la classification par l’Union européenne des produits de santé intime des femmes dans la catégorie des dispositifs médicaux. "C’est le cas en dehors de l’Europe, ce qui entraîne des dépenses de certification pour les mises sur le marché. Cela pose un problème de concurrence car les acteurs étrangers peuvent lancer leurs produits en Europe sans certification. Mais c’est surtout un sujet de sécurité pour les femmes." L’international, qui représentait avant Covid 80 % des ventes de la société, est devenu minoritaire avec le recentrage opéré depuis sur la France.

Dans l’Hexagone notamment, Clarisse Le Court mène deux autres batailles. Celle contre les conséquences de la précocité menstruelle, un phénomène dû aux perturbateurs endocriniens. Un partenariat vient d’être noué avec la mairie de Gouesnou (Finistère) afin de placer un distributeur de protections intimes à l’école pour les premières règles des élèves. De tels distributeurs de protections, réalisés par des partenaires uniquement bretons, se retrouvent dans plus de 500 entreprises (Marie Morin, Crêperie Jarnoux, MBA Mutuelle, Lactalis, Crédit Agricole des Côtes-d’Armor…) et nombre de collectivités (préfecture des Côtes-d’Armor…). "Avoir des solutions à côté de soi est une charge mentale en moins pour les salariées, se félicite la cheffe d’entreprise. Nous accompagnons ces entreprises en offrant parallèlement des coupons de réduction pour les salariés, hommes et femmes, pour nos produits réutilisables."

"Mercenaire et missionnaire"

Pour contrer la précarité menstruelle, Laboratoire Claripharm, devenue entreprise à mission en 2022, a développé cette gamme réutilisable de serviettes et de culottes et propose des "kits de dignité" avec l’ONU pour les femmes en situation de guerre et les réfugiées. "En France, avec la baisse du pouvoir d’achat, il y a maintenant quatre millions de femmes en situation de précarité menstruelle contre deux millions avant la crise sanitaire", s’alarme Clarisse Le Court, pour qui l’annonce du gouvernement du remboursement des protections réutilisables pour les femmes de moins de 25 ans, à partir de 2024, est une très bonne mesure.

"Je me suis toujours sentie à la fois mercenaire et missionnaire. Mais avec le temps, je deviens de plus en plus missionnaire, confie la dirigeante. Notre raison d’être est de bâtir un pôle de confiance en santé de la femme, dans les domaines de l’éthique, de l’éco-responsabilité et de la sensibilisation réglementaire."

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