Lhyfe et TSE vont créer un hub d’énergies vertes sur la friche industrielle des Fonderies du Poitou
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Lhyfe et TSE vont créer un hub d’énergies vertes sur la friche industrielle des Fonderies du Poitou

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Fumée blanche pour l’ancien site emblématique des Fonderies du Poitou à Ingrandes-sur-Vienne, près de Châtellerault (Vienne). À peine plus d’un an après la liquidation judiciaire de la Fonderie Alu, un consortium a été choisi pour y développer un nouveau parc industriel tourné vers les énergies vertes. Un projet chiffré à plusieurs centaines de millions d’euros.

Le projet de hub d’énergies vertes dévoilé par Lhyfe et TSE sur l’ancien site des Fonderies du Poitou à Ingrandes (Vienne) — Photo : Lhyfe

C’est une reconversion de taille pour l’historique site industriel des Fonderies du Poitou d’Ingrandes (Vienne), dont les deux usines mitoyennes ont fermé leurs portes après leur liquidation successive à l’été 2021 et 2022, licenciant près de 600 personnes. Le tribunal de commerce de Paris a annoncé ce mercredi avoir retenu un consortium d’énergéticiens pour y développer un "parc industriel tourné vers les énergies vertes et l’économie circulaire".

Le premier membre du duo est le producteur et fournisseur d’hydrogène vert nantais Lhyfe (150 salariés), qui avait opéré une augmentation de capital de 118 millions d’euros en mai 2022 lors de son entrée en Bourse sur Euronext. Le second est le producteur d’énergie solaire azuréen TSE, (254 salariés, 27 M€ de CA annuel). Fondé en 2012 et basé à Sophia Antipolis, il a levé 130 millions d’euros en avril 2023 avec pour ambition de développer 10 GW de projets solaires en France sur la prochaine décennie.

Hydrogène, photovoltaïque et carburants verts

Lhyfe et TSE reprennent en groupement solidaire le site de 43 hectares (40 000 m2 de bâti) de l’ancien fabricant de culasses fondé par Renault en 1978, seul donneur d’ordre, et séparé en deux entreprises distinctes à l’aube des années 2000. Le centre d’enfouissement technique attenant d’Oyré (35 hectares) est, lui, repris par TSE pour y produire 45 GWh d’énergie solaire. Les deux entreprises doivent démanteler les infrastructures existantes et dépolluer le site avant de le réindustrialiser.

Les Fonderies du Poitou avaient été créées par Renault en 1978 — Photo : Google street view

"La puissance photovoltaïque que TSE projette d’installer sur le site du centre d’enfouissement ainsi que sur le site des Fonderies d’Ingrandes pourrait alimenter en électricité le site des Fonderies d’Ingrandes, et permettre à Lhyfe de produire un hydrogène vert (via l’installation d’un électrolyseur). L’électricité produite représentera l’équivalent de la consommation de la ville de Poitiers", indique un communiqué conjoint. Il ajoute que plusieurs entreprises projetteraient de s’y implanter, dont une société de logistique industrielle qui souhaite y installer une plateforme logistique de 20 000 m2, et des entreprises productrices de carburants de synthèse e-méthanol et rDME (diméthyléther renouvelable, un gaz liquide faible en carbone).

Imaginé comme un "hub énergétique", il devrait réunir 250 à 300 emplois d’ici quatre à cinq ans pour un investissement total de "plusieurs centaines de millions d’euros". S’il est trop tôt pour connaître le montage financier précis, les différentes parties prenantes du projet évoquent le concours futur du Fonds vert (deux milliards d’euros), de France 2030 et du Conseil régional.

Avenir industriel

Plusieurs élus locaux se sont félicités de l’annonce, au premier rang desquels le président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset (PS) : "Ce projet s’inscrit pleinement dans la feuille de route "NeoTerra" et dans notre volonté de devenir la première région écoresponsable de France. C’est un second souffle pour le bassin d’emploi du Châtelleraudais, qui a été lourdement impacté par les crises successives ces dernières années", a-t-il affirmé.

Le site a en effet été marqué par une histoire industrielle mouvementée qui a vu se succéder plusieurs propriétaires : l’italien Teksid en 1998, le fonds d’investissement américain Questor en 2001, Saint-Jean Industries en 2012 pour Alu et 3A Industrie en 2014 pour Fonte. Enfin, le groupe Liberty (GFG Alliance), propriété du milliardaire indo-britannique Sanjeev Gupta, avait racheté les deux sites après leur placement en redressement judiciaire en 2019, avant l’arrêt de l’activité en 2021 et 2022. Ces deux liquidations successives avaient mis au chômage 279 salariés pour Alu et 290 pour Fonte.

Sans surprise, la nouvelle a été accueillie avec réserve par la CGT de l’ex Fonderie Alu, qui se demande si "les 300 emplois annoncés seront réservés aux anciens fondeurs" dans un communiqué diffusé ce jeudi. Dénonçant un "gâchis social", elle rappelle qu’à date du 30 mai 2023, "la cellule de reclassement annonçait que 29 % des anciens fondeurs de l’aluminium avaient retrouvé un emploi en CDI ou un CDD de plus de 6 mois. Ce qui veut dire qu’il reste encore plus de 70 % d’anciens salariés sans solution". Jean-Philippe Juin, délégué syndical CGT des Fonderies Alu, affirme qu’une réunion de suivi du PSE (plan de sauvegarde de l’emploi) est prévue le 15 septembre à Châtellerault. "Nous allons demander que les anciens salariés du site soient prioritaires sur les embauches, sans aucune certitude", termine-t-il.

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