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TSE déploie ses panneaux photovoltaïques sur tous les fronts
Sophia Antipolis # Production et distribution d'énergie # Transition énergétique

TSE déploie ses panneaux photovoltaïques sur tous les fronts

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Producteur et développeur d’énergie solaire basé à Sophia Antipolis, TSE multiplie les innovations depuis sa création en 2012 en suivant toujours une même démarche : proposer le bon produit pour tout type de terrain, qu’il soit agricole, naturel ou industriel. Son parc en exploitation est composé à ce jour de 18 centrales d’une puissance totale de 210 MW. Elle vise les 5 GW d’ici 2025.

Pierre-Yves Lambert dirige TSE, aux côtés de Mathieu Debonnet — Photo : Olivia Oreggia

Brouchy, petit village de la Somme. 491 habitants recensés en 2020. Son église, sa mairie, son monument aux morts et, pas très loin, au milieu de nulle part ou presque, sa canopée agrivoltaïque qui vient d’être inaugurée (ironiquement un jour de pluie).

Vers l’agrotech et au-delà

La construction de cette dernière a été lancée en janvier dernier, avec, à la manœuvre, TSE. Créée en 2012, l’entreprise azuréenne basée à Sophia Antipolis est une productrice indépendante d’énergie solaire. À Brouchy donc, elle a posé sa spectaculaire installation photovoltaïque sur 3 hectares, à cinq mètres au-dessus des champs de l’exploitant agricole, Benoît Bougler. Pommes de terre, haricots, pois protéagineux ou maïs peuvent désormais pousser sous un soleil maîtrisé, grâce aux panneaux solaires rotatifs fixés sur des câbles. Selon les conditions météorologiques, l’agriculteur peut ainsi réduire le stress thermique sur ses cultures mais aussi le stress hydrique, bien utile dans un contexte de canicules et de sécheresse à répétition. Cette canopée est en effet équipée en plus d’un système d’irrigation innovant, pilotable à distance via smartphone, ordinateur ou tablette, qui contribuera à réduire la consommation d’eau de 30 %. Une première mondiale qui lui a valu un financement européen de 2,7 millions d’euros.

Les panneaux photovoltaïques des canopées de TSE sont installés 5 mètres au-dessus des cultures, permettant aux exploitants de travailler leur terre sans difficulté — Photo : Julien Bru Studio

"Nous étions déjà associés avec Benoît Bougler sur des toitures photovoltaïques de hangars agricoles, raconte Pierre-Yves Lambert, directeur général de TSE. C’est ainsi qu’est né ce projet pilote. Nous avons de vrais agriculteurs avec nous. Désormais, dans chacune de nos agences, nous avons aussi des référents agricoles qui ont de véritables formations en la matière." Car il ne s’agit pas pour TSE d’installer simplement ses panneaux photovoltaïques. Un programme de recherche en agronomie sera mené pendant neuf ans, avec l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et la Chambre d’agriculture de la Somme, pour démontrer toute l’efficacité du dispositif. Des études et des analyses seront réalisées entre les cultures situées sous la canopée et celles situées sur une parcelle témoin, au grand air.

Simulation de pousses de variétés

Le curseur du photovoltaïque est alors poussé vers l’agrotech, dont TSE est devenu un acteur très actif. Car avant Brouchy, en 2022, il y a eu Amance, en plein cœur de la Haute-Saône, non loin de Vesoul. Une première canopée, une innovation mondiale, étendue sur trois hectares là encore, sans système d’irrigation mais avec une foule de sondes et de capteurs solaires, mécaniques et météo permettant de décortiquer toutes les données.

"Avant de nous lancer, nous avions déjà simulé des pousses de variétés différentes sur informatique au sein de notre centre de R & D à Bourgoin-Jallieu. C’est un sujet incroyablement complexe. Ce n’est pas juste une question d’ombre ou de soleil. Le sol, la terre, la pluie ont un impact. On constate des différences selon les variétés de soja ou de blé. Nous avons déjà des retours, des relevés effectués par des tiers indépendants qui mesurent le rendement, mais aussi la teneur en protéines de la plante, sa qualité même, car c’est cela qui nourrit."

A Amance en Haute-Saône, TSE a été installée sa première ombrière agri-photvoltaïque sur trois hectares — Photo : TSE

Ancien site de l’Otan ou friche industrielle

Malgré toutes ces innovations et cette expertise, TSE ne se limite pas à l’agrotech. L’entreprise est aussi spécialiste des ombrières de culture ou d’élevage (moins hautes que les canopées et établies sur des terrains différents), et aussi bien sûr, plus "classiquement", des centrales photovoltaïques au sol. C’est d’ailleurs ce qui fait la singularité de sa démarche : identifier les espaces disponibles avant de proposer le produit solaire idoine. "La répartition de notre gamme n’est pas volontaire. Nous essayons de répondre aux typologies de terrains en mettant un produit en face. Nous avons par exemple lancé cette année, une centrale qui favorise le redéploiement de la biodiversité. La technologie est la même mais elle est adaptée à des terrains naturels. Nous ajoutons des mares, des zones pour les reptiles, des bandes pour faire pousser tels ou tels végétaux non invasifs, de la prairie… tout est étudié en amont par notre équipe biodiversité. Nous sortons alors de l’agricole pour aller vers le naturel."

TSE a lancé en 2023 « Biodivenergie », une centrale solaire dédiée au redéploiement de la biodiversité — Photo : TSE

Mais il ne s’agit évidemment pas de couvrir de panneaux les 27 millions d’hectares agricoles que compte la France. Alors comment identifier les terrains de jeu les plus pertinents ? C’est notamment la mission de la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) via ses appels d’offres (dont le dernier porte sur 2 GW, soit près de 2 000 hectares) concernant des sites éligibles. L’inventaire regroupe de nombreuses surfaces abandonnées : carrières, sites militaires pollués, délaissés infraferroviaires, infra-autoroutières ou infra-aéroportuaires, aérodrome, décharges, zone Seveso… En 2019, l’Ademe a estimé à 49 GWc le potentiel photovoltaïque mobilisable sur "ces zones délaissées artificialisées en Métropole" (hors parking et surface en eau).
À Marville, près de Verdun (Meuse), TSE a ainsi investi les 155 hectares d’une ancienne base militaire de l’OTAN qu’il a d’abord fallu purger et dépolluer de ses 16 000 objets métalliques, "dont des bombes de la Première Guerre". La centrale photovoltaïque inaugurée l’an dernier produit ainsi dans sa totalité 160 GWh par an soit l’équivalent de la consommation annuelle de 23 000 habitants.
Plus récemment, TSE a repris avec le producteur et fournisseur d’hydrogène vert nantais Lhyfe, le site industriel des Fonderies du Poitou d’Ingrandes (Vienne), dont les deux usines mitoyennes ont fermé leurs portes après leur liquidation successive à l’été 2021 et 2022.

Le projet de hub d'énergies vertes dévoilé par Lhyfe et TSE sur l'ancien site des Fonderies du Poitou à Ingrandes (Vienne) — Photo : Lhyfe

"Nous adressons un nouveau type de terrain : les zones industrielles en reconversion, reprend Pierre-Yves Lambert. Nous avons ainsi un département Convergence industrielle." Les projets ne manqueront pas. En septembre dernier, TSE a remporté 120 MW à construire auprès de la CRE.

De développeur à opérateur

Il ne semble donc pas y avoir un terrain qui devrait passer en dehors des radars de TSE et de ses projets solaires. Toutefois, précise le dirigeant, "la finalité n’est pas de poser des panneaux. Notre métier est de produire des électrons. Et il faut bien les vendre. Nous sommes tous, nos confrères du secteur compris, en train de nous interroger sur la suite, qui sur le stockage, qui sur l’hydrogène." L’entreprise azuréenne s’oriente peu à peu vers une fonction d’opérateur. Elle vient ainsi de signer avec Le Groupement Les Mousquetaires, le "deuxième plus important contrat de fourniture d’électricité solaire français", d’environ 95 MWc d’énergie solaire sur une durée de 15 ans. Cette électricité décarbonée sera produite sur deux sites de TSE, une centrale dans la Meuse, l’autre dans le Nord. L’énergie produite par la canopée de Brouchy sera quant à elle revendue à bioMérieux, acteur mondial du diagnostic in vitro basé dans le Rhône, dans le cadre d’un Corporate Power Purchase Agreement (CPPA). En octobre dernier, c’est avec Agrial, Coopérative agricole et agroalimentaire française, que TSE a signé un contrat d’approvisionnement d’électricité sur vingt ans pour 31 MWc d’énergie qui sera produite par deux centrales en Haute-Marne (mise en service prévue fin 2024) et dans la Manche (mise en service prévue en 2027).

Mais là encore, TSE veut aller plus loin. "Autrefois, l’énergie était maîtrisée in situ. Les moulins servaient à cela. Nous avons cette mémoire et la prétention de vouloir ramener l’énergie au cœur du territoire. Ce n’est pas une phrase politique. La magie du solaire est certes d’être réinjectée dans le réseau, mais la consommation sur place ou juste à côté, c’est encore mieux. Les électrons de la centrale de Marville serviront aux bâtiments agricoles à côté sud terrain." Pour tout cela, il faut que TSE puisse obtenir les permis nécessaires le plus rapidement possible. Au nom de l’environnement mais aussi de la souveraineté énergétique de la France qui s’est fixé l’objectif d’une puissance d’au moins 100 GW de photovoltaïque en 2050. Un objectif très ambitieux puisque l’Hexagone a tout juste dépassé les 17 GW cette année.

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