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L’essor de l’emploi et de l’industrie à peine contrarié par la guerre en Ukraine
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L’essor de l’emploi et de l’industrie à peine contrarié par la guerre en Ukraine

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Comme si de rien n’était. L’économie française semble avoir encaissé le choc de la guerre en Ukraine sans broncher, au premier semestre 2022, selon les données Trendeo. Mais si l’emploi reste très bien orienté et l’industrie continue de briller, de premières fêlures commencent à poindre depuis le printemps.

Pas moins de 90 usines ont ouvert, en France, entre janvier et juin, selon les calculs du cabinet Trendeo. Parmi ces nouveaux sites, celui de Lacroix Electronics à Beaupréau-en-Mauges (Maine-et-Loire) — Photo : Lacroix Electronics

Jusqu’ici tout va bien pour l’économie française. Mais jusqu’à quand tiendra-t-elle face au choc de la guerre en Ukraine et de ses conséquences énergétiques ? C’est bien là toute la question, posée en filigrane par le cabinet Trendeo, dans la dernière édition de son observatoire de l’emploi et de l’investissement. Cette compilation de données et d’informations d’entreprises, repérées dans les médias, dresse un panorama pour le moins contrasté, si ce n’est contradictoire, de la situation, à l’issue d’un premier semestre marqué par la poussée inexorable de l’inflation et la menace grandissante d’une récession.

L’emploi commence à s’essouffler

Et pourtant, dans ce contexte d’incertitudes exacerbées, les bonnes nouvelles ne manquent pas. D’abord du côté de l’emploi. Portée par des recrutements en plein boom, la France affiche ainsi un solde largement positif, avec plus de 85 500 créations nettes sur six mois. C’est quasiment 25 000 de plus qu’il y a un an - et du jamais vu depuis le début des relevés de Trendeo, en 2009 !

Mais ce score tonitruant cache aussi de premiers signes d’essoufflement. Après un premier trimestre exceptionnel (le meilleur en douze ans), les créations brutes d’emploi sont ainsi redescendues d’un cran au printemps : elles sont passées de quasiment 57 500 à moins de 39 000, soit -32,2 % en trois mois. Dans le même temps, les suppressions de postes (6 017 recensées) ont, elles, montré des velléités de reprise (+23,5 %), sans toutefois revenir à leur niveau de 2020, ni même des années pré-Covid.

En première ligne de ce possible renversement de tendance : les micro-entreprises et PME. Elles ont nettement réduit la voilure au deuxième trimestre, avec moins de 10 000 postes nets créés, au plus bas depuis fin 2020. Idem dans les ETI.

Des créations solides dans le tertiaire et l’industrie

Certains secteurs font toutefois (bien) mieux que résister. À l’image du conseil et des services spécialisés (15 000 créations nettes), des activités financières et d’assurance (+8 500) ou de la logistique et des transports (+8 000) : l’emploi ne s’y est jamais aussi bien porté en dix ans.

L’industrie n’est pas en reste non plus : à +19 420, la production manufacturière fait presque aussi bien qu’en fin d’année dernière (+20 920). Mieux, elle s’impose, pour le troisième semestre consécutif, comme le domaine d’activité le plus dynamique de toute l’économie française !

Les usines continuent à ouvrir

C’est que le secteur secondaire ne connaît pas (encore ?) la crise. Il suit même une évolution paradoxalement inverse à celle décrite sur l’emploi. À savoir que les ouvertures d’usines se sont plutôt renforcées au fil de l’année.

Trendeo en a dénombré 90 en six mois. Un chiffre moindre que le record d’il y a un an (108), mais encore supérieur au dernier semestre de 2021 (69). Ajouté à une relative stabilité des fermetures (35 dénombrées entre janvier et juin, soit autant que sur les trois trimestres précédents), l’industrie confirme son retour en force, avec encore 55 créations nettes de sites industriels entre janvier et juin… dont plus de la moitié au printemps, en dépit de la guerre en Ukraine et de ses répercussions.

Les relocalisations en perte de vitesse

Dynamique similaire du côté des relocalisations, avec toutefois moins d’entrain. Après un millésime 2021 historique, l’étude n’a identifié que 28 projets de rapatriement de production en 2022. C’est quasiment 40 % de moins en six mois… mais toujours plus qu’avant la crise sanitaire (4 fois plus qu’à la même période de 2019, par exemple). Un ralentissement attribué à l’expiration du plan de relance, et la réduction concomitante du soutien de l’État, plus qu’aux tensions conjoncturelles dans l’industrie. D’ailleurs, les délocalisations, elles, se maintiennent à un niveau extrêmement faible (4 identifiées cette année, autant que dans la seconde moitié de 2021).

Reste à savoir si la solidité affichée jusqu’ici par l’économie en général, et l’industrie en particulier, pourra résister au prochain grand défi qui l’attend cet hiver : la crise des prix et de l’approvisionnement en énergie. Une situation qui, avant même l’arrivée de l’automne, a déjà mis à l’épreuve plusieurs entreprises du pays, contraintes de tourner au ralenti.

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