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Emploi, relocalisations… : l’industrie a retrouvé des couleurs en 2021, mais le plus dur reste à venir
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Emploi, relocalisations… : l’industrie a retrouvé des couleurs en 2021, mais le plus dur reste à venir

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Et si la crise du coronavirus avait été un mal pour un bien pour l’industrie française ? Le secteur a en tout cas retrouvé de son lustre en 2021, à en croire Trendeo. Mieux, il signe une année record en termes d’emplois, d’implantations et de relocalisations. Mais gare au retour de bâton dès 2022, prévient le cabinet d’études.

L’industrie française a retrouvé des ailes en 2021, selon le cabinet Trendeo, et effacé les pertes d’emploi enregistrées l’année précédente, sous l’effet de la crise du Covid-19 — Photo : Pierre Lelièvre

La crise du coronavirus n’est plus qu’un mauvais souvenir pour l’économie française… et ferait presque figure de bonne nouvelle pour son industrie. Le secteur brille en effet par ses résultats, dans le dernier bilan annuel de Trendeo, dressé à partir de plus de 4 000 sources d’information de presse et d’entreprises.

L’emploi industriel repart de l’avant

En 2021, le cabinet a ainsi recensé, au total, 118 793 créations nettes d’emploi dans l’Hexagone, toutes activités confondues. Du jamais vu depuis le démarrage de ses analyses en 2009. De quoi largement éponger la perte sèche de 4 283 postes subie au début de la pandémie.

Plus qu’un redressement, l’étude voit dans ces chiffres un "renforcement de l’économie" nationale. D’autant plus que "la fragilité de son industrie a été un peu corrigée". Et pour cause : au palmarès des plus grands contributeurs à ce rebond, le secteur monte sur le podium.

Mieux, après avoir encaissé le choc le plus violent de 2020 (-15 944 emplois), il a totalement renversé la vapeur l’an dernier (+32 155). Un record en treize ans, qui le place au coude-à-coude avec le numérique (+33 535) et devant les services (+28 159). L’industrie retrouve ainsi la trajectoire positive qui était la sienne entre 2016 et 2019 (plus de 50 000 emplois gagnés sur ces quatre années).

• Le luxe brille, l’aéronautique peine

Toutes les branches ne sont toutefois pas logées à la même enseigne. D’un côté, il y a celles qui ont accéléré, après avoir déjà bien résisté pendant la crise sanitaire. À commencer par le luxe, représenté par les industries du cuir et de la chaussure (+5 513 postes, 7 fois plus en un an), mais aussi l’agroalimentaire (+5 169, solde multiplié par 2), le matériel informatique et électronique (+3 105, fois 2 également), ou les équipements électriques, quoique plus stables (+ 3 245).

De l’autre, il y a celles qui se remettent péniblement du Covid-19 : l’aéronautique (+363) reste ainsi ultra-déficitaire sur les deux années de la pandémie (-11 637), tout comme, dans une moindre mesure, l’automobile (plus de 2 300 emplois perdus sur la période, malgré un gain de 1 931 postes en 2021). Pis, la saignée s’est poursuivie dans la métallurgie (-371), la plasturgie (-251) et les boissons (-121).

Les créations d’usine et les relocalisations atteignent des sommets

Ce rebond global de l’emploi industriel s’accompagne d’un retour général des usines en France. Il s’en est ouvert 176 l’an dernier, pour 56 fermetures, soit un solde positif net de 120 créations de sites. Là encore, c’est un record dans les annales de Trendeo.

Cette dynamique est portée, entre autres, par des relocalisations en plein essor : le cabinet a finalement compté 87 de ces projets de rapatriement de productions, jusqu’ici effectuées ou sous-traitées à l’étranger. C’est plus que sur les cinq années précédentes réunies. Pour autant, ces réimplantations en France ne représentent que "4,5 % des créations d’emplois industriels en 2021, un niveau plus que symbolique", tempère l’étude.

Une renaissance de l’industrie de courte durée ?

Et ce n’est pas là le seul bémol que Trendeo met à cette embellie de l’industrie. Car cette parenthèse enchantée pourrait vite se refermer. Le plan de relance a financé au moins 15 % des créations d’usines recensées et même 50 % pour en faire revenir de l’étranger. Problème : ce soutien public prend fin en 2022. D’où la crainte d’un ralentissement que voient même déjà poindre les auteurs : au premier trimestre, les projets de relocalisation ont été divisés par deux, même s’ils restent, quand même, deux fois plus nombreux, en moyenne, que sur la décennie 2009-2019.

Ce n’est pas tout : 2022 s’annonce déjà comme celle d’un renouvellement de tous les dangers, entre les défis posés par l’après-coronavirus et par la guerre en Ukraine (montée de l’inflation, tensions d’approvisionnement, niveau record des dettes publiques…). Mais aussi ceux propres à une année électorale. Dans sa note hebdomadaire du 4 avril, Trendeo rappelait que lors des précédentes échéances présidentielles de 2007 et 2012, il avait constaté "un net report des décisions négatives" des entreprises après le scrutin. Le tout alors même que les usines n'ont jamais retrouvé leur niveau de production d'avant-Covid : en février, elle était encore inférieure d'environ 4,5 % par rapport au même mois de 2020, selon l'Insee.

• Les centres de R & D français en perte de vitesse

Enfin, à plus long terme, l’avenir de l’industrie se jouera aussi dans les centres de recherche et développement. Or, entre 2016 et 2021, il s’y est créé 30 % d’emplois en moins que pendant les cinq années précédentes. Avec même des suppressions nettes de postes en 2020 (-225), une première. Cette tendance au repli est la faute "probablement, à une réduction de la R & D des grands groupes, lesquels préfèrent racheter des start-up", avance Trendeo. Dans ces conditions, structurelles comme conjoncturelles, le pari de la réindustrialisation est donc encore loin d’être gagné.

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